De la couleur des chiens

Les chiens sont pour l’ordinaire de deux teintes opposées, l’une claire et l’autre rembrunie, afin que quelque part qu’ils soient dans la maison, ils puissent être aperçus sur les meubles avec la couleur desquels on les confondrait.

Bernardin de Saint-Pierre – Harmonies de la nature – 1814

8 réflexions sur « De la couleur des chiens »

  1. Après avoir lu le commentaire très documenté de René-Jean jusqu’à la dernière ligne, je suis comme The Blue Dog du peintre américain George Rodrigue qui a multiplié par centaines le portrait du Blue Dog, seul ou dans différents décors, toujours ahuri. Allez-voir The Blue Dog sur internet, c’est extra! Interviewé, Rodrigue avait dit « This perplexed dog is looking for answers! » Moi aussi!
    Et à propos de Paul Ricoeur souvent cité par René-Jean, on dit ici qu’il a beaucoup influencé son élève Emmanuel Macron. Idéologie et utopie?

  2. N’ayant rien à ajouter sur la couleur des chiens puisque l’on a récemment, sur ce blog, répondu à mes propos relativistes que ‘Blue Is Blue,’ j’aimerais mettre un grain de sel dans le débat ou les réflexions concernant la création de Dieu par l’Homme.

    Je viens de découvrir ou redécouvrir en lisant ‘Idéologie et utopie’ de Paul Ricœur (1988) que l’idée d’affirmer que ce n’est pas Dieu qui a créé l’homme a son image mais l’inverse n’est pas ‘mienne’ (je m’en doutais) mais est attribuable au philosophe allemand du début du XIXe., Feuerbach.

    J’ajoute quand même pour défendre un certain apport – que je n’ai pas encore vu ailleurs que sous ma plume – que l’homme a créé Dieu, non pas à son image, mais à l’inverse de son image!

    L’homme ne parvient pas à communiquer — Dieu est omniscient! L’homme naît et meurt — Dieu est Éternel. L’homme est situé dans le temps et l’espace (« location, location, » disent les agents immobiliers mobiles de la trempe de Trump) — Dieu est omniprésent! etc. etc.

    Mais, – idée que je partage avec Feuerbach et le jeune Marx (encore imberbe) celui qui couche avec la bonne de ses parents et écrit, à court d’encre, ‘les Manuscrits’ que l’on a retrouvé, incomplets, au début du XXe siècle -, mais, disais-je, nous soutenons tous les trois, Feuerbach, Marx et votre humble serviteur, qu’à partir du moment où l’homme s’est mis à croire en ses créations (Les Dieux monothéistes – à chacun le sien, nous démontre U. Becq – , les Arts, Le Droit, La Politique, l’Économie, etc.) il s’est aliéné ou, pour faire plaisir à Jim, il a perdu sa liberté créatrice, pour se soumettre au courroux de Dieu ou aux Forces du Marché guidées par le doigt de Dieu. (selon Adam… Smith)

    En inversant ses créations immanentes en pouvoirs transcendantaux, L’Homme s’est soumis; comme le fit O dans son ‘Histoire’ ou comme les sujets d’UN dans ‘De la servitude volontaire de La Boétie,’ (le pote à Montaigne), jalousé par Houellebecq, soumis comme Trump aux Saoudiens à qui les Qataris échappent sur les tapis volants ou ondes d’Al Jazeera!

    Les Grecs du temps de la Démocratie Athénienne guidée par les Sophistes (Protagoras et Gorias affirmaient: ‘que l’on parle de Dieu, de la Nature ou des Chiens; se sont toujours des hommes qui en parlent’) avaient déjà tout compris, sans Feuerbach!

    En tout cas, si les idéologies (les histoires que se racontent les hommes à propos de leurs histoires individuelles ou communes) ne correspondent pas au réel, il suffit de construire à nouveau un réel qui soit compréhensible puisqu’il est ‘réalisé’ par nous et ceux de notre génération et entourage! Le recyclage des chiens étant généralement plus rapide que celui des hommes, le même homme a des chances de voir ‘la réalisation’ des modifications génétiques qu’il apporte à ses animaux de compagnie: chiens, chats ou chevaux!

    Non seulement l’homme invente le monde en le reproduisant par ses paroles (qui ne sont que des conventions entre hommes ne garantissant point le lien avec le réel: ‘blue is blue’ pour les anglophones… mais pourquoi les anglophones accordent leur phrase possessive au propriétaire (‘Her Castle’ si c’est celui de la reine, ‘His Castle’ si c’est celui du roi. Buckingham sert aux 2) et les francophones au sexe de l’objet possédé qui n’en n’a pas (de sexe). La preuve, un vélo = une bicyclette et ce n’est pas une question de barre! Mais en plus d’inventer ce monde qui le précède, il en crée un autre, aussi fou que ses paroles ou idéologies ou utopies… l’utopie du chien bleu qui nous aimerait!

  3. PS à ce que j’ai écrit hier soir. L’opposition farouche entre les Bernardiste (appelons les comme ça pour résumer) et les Darwiniste n’est pas morte. Elle dure toujours notamment aux Etats-Unis. Mike Pence par exemple, Vice -President, proche du Tea Party, ne croit pas dans la théorie de l’évolution mais dans la création du ciel et de la terre avec tout ce qui s’y trouve par Dieu. C’est lui qui le dit. OK, c’est pas grave, mais si Trump est renvoyé à ses affaires, il sera remplacé par Pence. Mince alors! La peste ou le choléra! Je révise donc mon slogan:
    Dump Trump!
    DIspense with Pence!

  4. J’ai une question: qui, de Dieu, de la Nature ou de l’Homme, a fait que le Yorkshire-terrier soit si parfaitement adapté aux bras de Jean-Paul Belmondo? J’imagine que Philippe, Bernardiste et Darwiniste, écartera probablement la main de Dieu et verra plutôt celle de la nature. Paddy, agronome et humaniste, verra celle de l’homme qui, pense-t-il probablement, a toujours égoïstement voulu dominer la nature pour la conformer à ses besoins. Mais, si l’Homme est lui-même pour d’aucuns une créature de Dieu, et pour d’autres une créature darwinienne de la nature, à partir d’un singe, il doit pouvoir être avancé que tout ce qu’il crée lui-même est donc une émanation de Dieu ou de la nature, les chiens par exemple. Voilà qui satisfera tout le monde selon ses convictions philosophiques. En tout cas, moi, Jim, je pense que Dieu créa la Femme, l’Homme n’en eut jamais été capable car c’eut été bien plus difficile que créer un chien de race conforme à ses désirs.

  5. De plus, les chiens sont génétiquement programmés pour perdre leurs poils clairs sur les sols ou canapés sombres, et inversement.

  6. C’est bien de l’esprit humaniste et optimiste de Paddy que d’attribuer à l’homme d’avoir, au cours des siècles, sélectionné ses chiens afin qu’ils ne se confondent avec les meubles, à l’inverse du caméléon qui a mis des millénaires à s’adapter aux couleurs du temps et de son environnement.
    Mais je crois qu’en attribuant à l’homme ce mérite en même temps que ce ridicule, Paddy se montre trop généreux avec cette créature chétive que nous sommes.
    En fait, je crois me souvenir que, dans l’esprit du saint Bernardin, le mérite de cet astucieux choix de couleurs pour le plus fidèle ami de l’homme appartenait sinon à Dieu, mais en tout cas à la Nature.
    Il pensait ainsi que tout dans la nature était fait pour le bien-être de l’homme, par exemple que si l’écorce du melon était striée par des sortes de méridiens, c’était pour qu’on puisse aisément le découper pour le manger en famille.
    Certains vont claironnant que Bernardin a également affirmé que si les éléphants sont gris, c’est pour éviter que l’homme les confonde avec les fraises des bois, mais, personnellement, j’en doute.

  7. Pour compléter les propos de Paddy, j’ajouterai que l’immense perspicacité de l’homme pour que le pelage de son chien ou la robe de sa vache ne soient pas confondus avec le décor de son salon, ou bien pour que son treillis de combat se confonde avec l’environnement dans le but de confondre l’ennemi d’en face, eh bien cette fantastique perspicacité de l’homme est tout simplement confondante.

  8. Bernardin de Saint-Pierre (belle statue de lui au Jardin des Plantes de Paris) pose là, très sérieusement, sans rigoler (c’était pas son genre, c’était un Ingénieur des Ponts et Chaussée), le problème du développement par l’homme de l’harmonie du chien avec son environnement entrepris depuis la plus haute antiquité et son ancêtre le loup (tiens! un zeugme). Et ça a marché en effet. D’ailleurs, l’homme, dans ses prouesses génétiques, ne s’est pas limité au chien. Il a fait de même avec la vache à partir de l’aurochs, car il ne vous aura pas échappé que la vache Francaise-frisonne-pis-noire, noire et blanche, comme le chien Dalmatien, tranche beaucoup mieux dans un salon par rapport aux meubles que sa consœur Limousine dont la robe est comparable à celle du chien Golden-retriever. Le seul problème que j’y vois aujourd’hui à ces développement génétiques c’est qu’ils prennent du temps. C’est pourquoi je préconise, si on est pressé, d’adapter plutôt son mobilier au chien de prédilection que l’on se procurera à la SPA. Un coup de pinceau, et voilà! Si on est allergique à la peinture ou trop fainéant, on peut aussi se procurer dans le commerce un survêtement pour chien (ou pour vache) adapté au mobilier, à l’instar de ce que font les chiens de guerre dans le choix de leurs treillis de campagne. Mais si vous souhaitez vous rendre à l’Opéra Garnier avec votre chien sachant que cet édifice magnifique est construit en pierre de taille dite de comblanchien, là, je n sais plus quoi vous dire. Ciao!

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