Itinéraire d’un enfant gâté

 

Itinéraire d’un enfant gâté
Claude Lelouch, 1988
par Lorenzo dell’Acqua

Itinéraire d’un enfant gâté est un film de Claude Lelouch qui va à l’encontre de mes théories sur la vanité des fictions. Celui-là en est une particulièrement invraisemblable. L’histoire ne tient pas debout. Et pourtant, ce film me tire des larmes chaque fois que je le revois. L’émotion naît chez moi non pas de l’horreur qui ne me fait pas pleurer mais changer de chaîne, elle naît au contraire de la noblesse d’âme et de sentiments. Et dans ce film, on est servis ! L’histoire n’est pas crédible mais les sentiments des personnages sont vrais et bouleversants. C’est de l’amour, non pas à la Lelouch, mais à la louche. Depuis la première vision,  je trouve que c’est une ode à la paternité dont je ne connais pas d’autre exemple dans le cinéma. C’est aussi un film rempli de bienveillance même s’il y a, comme dans la vraie vie, des méchants très méchants. La scène où Belmondo apprend à Anconina comment dire bonjour et surtout à ne jamais être étonné est extraordinaire ; non seulement elle est une leçon de vie, mais elle est aussi la transmission généreuse de l’expérience de toute une vie. Petit à petit, les choses vont s’inverser, et l’apprenti va bientôt étonner son mentor. Et c’est bien la vraie vie pour le coup, et non plus une fiction, car, comme nous l’avons tous vécu, il est un jour où les enfants deviennent les parents de leurs parents vieux et vulnérables. Et puis ce film déborde de tendresse sans laquelle une fiction n’est qu’un documentaire. On aimerait bien avoir connu une telle demande en mariage où pour une fois les rôles sont inversés : ici c’est la femme qui demande la main de son élu. Et puis, les retrouvailles de sa fille qui a reconnu son père sous les traits d’un vieil homme grimé sont bouleversantes encore : tout l’amour filial explose dans ces larmes qui contiennent à la fois des reproches (comme nous avons tous à en faire à nos parents) mais aussi le bonheur infini de ne pas avoir perdu ceux qui ont consacré leur vie à nous protéger. Là aussi, je ne connais d’autre exemple qui ait si bien réussi à illustrer cette relation qui n’existe nulle part ailleurs qu’entre parents aimants et enfants aimés.

Lorenzo

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