Sur la piste du Nid d’Aigle

Ce qui suit est un extrait du dernier chapitre d’Histoire de Dashiell Stiller.
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Non déguisée.

(…) La nuit est tombée et l’obscurité est presque totale. On distingue seulement la noire silhouette des plus hautes montagnes qui se détache sur un ciel presque aussi noir et parsemé d’étoiles.  La forêt a disparu. La piste vient de passer une crête et le vent s’est aussitôt levé. Le froid est intense. La Jeep aborde un premier virage en épingle à cheveux. Stiller a appris la carte par cœur. « On doit être au pied de la série de lacets. Au bout, on devrait tomber sur la plateforme. On sera à moins de cent cinquante mètres en dessous du Kehlstein. On n’aura pas de mal à trouver l’entrée du tunnel qui mène à l’ascenseur, mais pas question de le prendre ; il pourrait être piégé. Bon sang, j’espère que la piste est praticable jusqu’en haut… sinon, il faudra faire la fin à pied, dans la neige, et de nuit ! »

Au fur et à mesure de la montée, la pente devient de plus en plus forte et les virages de plus en plus serrés. Stiller pense que les chars pourront les négocier en jouant avec les freins de chenilles, mais il s’inquiète pour le GMC. Par radio, il lui ordonne au sergent qui est à bord du camion de s’arrêter entre le troisième et le quatrième virage : « Que les hommes montent à pied jusqu’à la plateforme.  On vous attendra 45 minutes. Après ça, on continuera sans vous. Et surtout, marchez dans les traces des chars. »

Il entend déjà les soldats râler, mais il préfère ça à risquer de perdre onze bonshommes dans le ravin. Tout en parlant dans le Talkie-Walkie, Stiller lève les yeux machinalement. Une lueur vient de balayer la nuit au-dessus de lui. « Des phares ! Il y a un engin qui vient de prendre une épingle au-dessus de nous ! » Il touche l’épaule de Coney et lui fait signe de couper tout, moteur et phares. Ils sont maintenant arrêtés à une cinquantaine de mètres sous le prochain virage…

« Ça bouge, dit-il à Yanichewski. Il y encore des SS là-haut qui veulent ficher le camp. »

Par radio, il ordonne aux chars de couper leur diesel et d’éteindre leurs lumières. Stiller écoute. Le bruit d’un moteur emballé enfle et diminue pour disparaitre et réapparaitre à nouveau. « C’est un véhicule léger, probablement un kübelwagen, un baquet… à peine plus gros qu’une Jeep. » La nuit est à nouveau balayée par un pinceau lumineux. « Le kübelwagen vient de prendre une nouvelle épingle. » Le flanc rocheux du virage qui est devant lui s’éclaire. Les Allemands sont là, dans la dernière ligne droite avant l’épingle où les attend le commando. Stiller a saisi le pistolet-mitrailleur qui est accroché au flanc de la Jeep et il a sauté sur la piste pour être plus libre de ses mouvements. Il entend Yanichewski qui arme la BMG.

« C’est moi qui donne l’ordre de tirer, Sergent ! lui dit-il d’une voix tendue, puis il saisit la radio et ordonne : Les chars, vous mettez pleins phares dès qu’ils débouchent du virage ! »
(…)

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