Moi, la psychanalyse, je n’y connais rien ! Mais alors, rien ! Ou si, peut-être quelques banalités, quelques idées toutes faites, quelques clichés, quelques âneries courantes piquées au cours de blind dinners ou dans Wikipedia. Voyons voir :

La psychanalyse a été fondée par Sigmund Freud…
Elle est basée sur l’analyse
L’analyse est une thérapie
C’est une investigation des processus mentaux inconscients
Elle aboutit à une élucidation des actes et des pensées
OK, d’accord.

L’analyse doit permettre à l’analysant de réaliser ses conflits intérieurs
et par conséquent de les résoudre
et par conséquent d’aller mieux
Ouais, bon, d’accord, d’accord !

L’analyse, ça marche, mais faut dix ans
L’analyse, pour que ça marche, faut payer
L’analyse, c’est du bidon !
Sans blague ? Du bidon ?

Freud est un faux scientifique
Lacan un escroc mondain
Oh my God !

Pour éclairer ma lanterne qui ne demandait rien, le Docteur Lorenzo dell’Acqua m’a fait parvenir le lien vers une interview filmée de trois psychanalystes et d’un philosophe. Cette interview, qui dure moins longtemps qu’une analyse mais quand même un heure et vingt minutes, est instructive et drôle à la fois, donc passionnante.

Les premiers mots de la réalisatrice pour présenter le sujet sont les suivants :

« La psychanalyse est-elle une thérapie de l’esprit ou bien une escroquerie ? »

Poser la question, ce n’est pas la résoudre, mais c’est déjà gonflé, non ? Elle continue sur le même ton :

« Je cite les propres mots prononcés par Jacques Lacan en 1977 : « Notre pratique est une escroquerie ; bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chiqué… »

Ça commence bien, vous ne trouvez pas ?  Bien sûr, on n’a pas le contexte, mais quand même, ça ressemble bien à un aveu, non ?

Avec un tel début, on sait où on se situe : au milieu de trois anciens psychanalystes ayant renié Freud et son train, Lacan et ses aphorismes, et d’un philosophe dans les même dispositions d’esprit. D’ailleurs, le titre de l’interview, c’est Les déconvertis de la psychanalyse. C’est tout dire…

 Après avoir tout écouté, mais pas forcément tout compris, j’ai été quasiment convaincu de la justesse du point de vue de ces quatre respectables personnes.
En particulier, j’ai retenu cette anecdote sur Jacques Lacan :

Un jour, Lacan donne une interview à l’ORTF. Au cours de cette interview, il prononce cette sentence :

« L’interprétation doit être preste pour satisfaire à l’entreprêt de ce qui perdure de perte pure à ce qui ne parie que du père au pire. »

(Pour les non initiés, il faut savoir qu’en matière d’analyse, il s’agit d’interpréter la parole de l’analysant. Selon Freud, on ne doit pas se presser d’interpréter (alors que dans sa phrase, Lacan dit que l’interprétation doit être preste). Il faut savoir aussi que le mot entreprêt n’existe pas.)

Devant ces paroles sibyllines, un groupe de l’Ecole Belge de Psychanalyse s’est interrogé pendant deux soirées pour tenter de comprendre la parole du maitre pour finir par s’y casser les dents. Quand l’un d’entre eux est allé voir Lacan pour lui demander ce qu’il avait voulu dire, il a répondu « J’ai dit ça pour les assonances ».

Moi, je vous conseille de bien vous installer, de cliquer sur le lien et de regarder cette interview. Comme je l’ai dit plus haut, c’est drôle et passionnant.

https://www.youtube.com/watch?v=WVtO3d-CqyE

Je ne regrette qu’une chose, c’est que l’interview ne donne pas le point de vue adverse, le point de vue Freudien et Lacanien.