C’est l’été et vous allez partir pour quelque pays insalubre où, si vous êtes surs de trouver en abondance moustiques, frelons, et méduses, il est à peu près certain que vous ne trouverez pas une seule bonne librairie. C’est donc l’heure d’une petite piqure de rappel. Rassurez-vous, il ce n’est pas la peine de prendre rendez-vous, et ça ne fait pas mal : il suffit d’aller sur Amazon, de taper Philippe Coutheillas dans la case de recherche et d’acheter Blind dinner ou La Mitro, ou les deux. Vous pouvez aussi penser à vos amis et en prendre plusieurs exemplaires. En attendant voici un extrait de l’une de ces deux œuvres indispensables à un été en sécurité.
Andromaque de CyrénaÏque
(LA MITRO , extrait)
En vérité, rien ne serait arrivé si je n’avais pas changé de coiffeur. Mais pourtant, il fallait bien que j’en trouve un autre: le mien, le Gaulois que j’avais acheté l’année passée pour trente deniers sur le marché de la Prata Flaminia, avait attrapé le typhus. Il m’en fallait donc un autre de toute urgence. C’est pourquoi je m’étais rendu sur l’Aventin, chez Podalydès, le Grec affranchi, celui qui s’est spécialisé dans les esclaves pour soins du visage et du corps.
Je passai en revue sa marchandise et finit par tomber sur une petite nubile de Cyrénaïque qui, m’assura Podalydès, ferait très bien l’affaire. Elle savait couper les cheveux à ravir, friser, coiffer, raser la barbe, le torse et les jambes et faire des massages décontractants.
« Trente-cinq deniers, me dit-il. »
Je pris un air hautain et offusqué à la fois.
« Tu plaisantes sans doute, méchant Grec !
—Vous savez, noble Seigneur, aujourd’hui, c’est le prix, m’assura-t-il. Les pirates de Cilicie, nos principaux fournisseurs, sont de plus en plus exigeants. On ne trouve plus rien de correct à moins de trente deniers, et cette petite Disiset est exceptionnelle, vous verrez.
—Disiset, tu dis ? Qu’est-ce que c’est que ce nom ridicule?
—C’est celui d’une déesse égyptienne ou quelque chose comme ça, je ne suis pas sûr, mais ça peut se changer sans problème. »
Comme j’hésitais encore, il me fit une proposition qui me parût honnête :
« Bon, allez, je vous fais un cadeau : vous la prenez à trente-deux deniers, mais sans garantie. Par contre, je vous propose une assurance à six deniers : si elle meurt avant deux ans, je vous la remplace gratuitement. Ça vous la fait à trente-huit deniers, mais avec une sécurité totale pendant deux ans! Alors, noble Seigneur, qu’est-ce que vous en dites ? »
Nous finîmes par nous mettre d’accord sur trente-neuf deniers avec une garantie de quatre ans.
Je repartis de chez Podalydès suivi par mon achat. Tout en redescendant les pentes de l’Aventin, je réfléchissais. « Trente-neuf deniers, me disais-je, c’est quand même cher pour une toute petite coiffeuse de Cyrénaïque. Elle n’a surement pas d’expérience, et en plus elle s’appelle Disiset ! On n’a pas idée ! Je me suis encore fait avoir ! Ah, c’est bien vrai ce qu’on dit : Méfie-toi du Grec quand il te fait un cadeau! »
D’un autre côté, je me disais aussi qu’avoir le cheveu bien coupé, bien frisé et bien soigné était indispensable pour tenir le rang qui depuis peu était devenu le mien. « De plus, un bon massage des fessiers, dont Disiset était spécialiste, ne pourra me faire que du bien après ma chevauchée matinale, pensai-je en me rappelant que mon Gaulois massait comme un barbare. »(…)
Andromaque ! Ça, c’est un nom de coiffeuse !
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