Écrire : le pourquoi et le comment (3/3)

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L’arrondissement de la phrase n’est rien, mais…

 Je crois que l’arrondissement de la phrase n’est rien. Mais que bien écrire est tout, parce que “bien écrire, c’est à la fois bien sentir, bien penser et bien dire” (Buffon). […] Enfin, je crois la Forme et le Fond deux subtilités, deux entités qui n’existent jamais l’une sans l’autre.
 Ce souci de la Beauté extérieure que vous me reprochez est pour moi une méthode. Quand je découvre une mauvaise assonance ou une répétition dans une de mes phrases, je suis sûr que je patauge dans le Faux ; à force de chercher, je trouve l’expression juste qui était la seule, et qui est, en même temps, l’harmonieuse ; le mot ne manque jamais quand on possède l’idée.
Gustave Flaubert

On devrait écrire comme on respire. Un souffle harmonieux, avec ses lenteurs et ses rythmes précipités, toujours naturel, voilà le symbole du beau style.
On ne doit au lecteur que la clarté. Il faut qu’il accepte l’originalité, l’ironie, la violence, même si elles lui déplaisent. Il n’a pas le droit de les juger. On peut dire que cela ne le regarde pas.
Jules Renard 

Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style, comme la terre sans être soutenue se tient en l’air, un livre qui n’aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible, si cela se peut. Les œuvres les plus belles sont celles où il y a le moins de matière. […] C’est pour cela qu’il n’y a ni beaux ni vilains sujets et qu’on pourrait presque établir comme axiome, en se plaçant au point de vue de l’Art pur, qu’il n’y en a aucun, le style étant à lui seul une manière absolue de voir les choses.
Gustave Flaubert

Le style est à l’écriture ce que l’élégance est au costume : ça ne doit pas se remarquer. Mais rien n’empêche l’amateur d’en rechercher les traces :  choix des mots ou de la couleur des chaussettes, rythme des phrases ou longueur du pantalon, construction de l’histoire ou structure de la silhouette…
Pierre-André Mariotte

Une phrase est viable quand elle correspond à toutes les nécessités de la respiration. Je sais qu’elle est bonne lorsqu’elle peut être lue tout haut. Les phrases mal écrites ne résistent pas à cette épreuve ; elles oppressent la poitrine, gênent les battements du cœur et se trouvent ainsi en dehors des conditions de la vie.
Gustave Flaubert

Une bonne phrase de prose doit être comme un bon vers, inchangeable, aussi rythmée, aussi sonore.
Gustave Flaubert

 

3 réflexions sur « Écrire : le pourquoi et le comment (3/3) »

  1. Traduire? Rechercher plutôt. Celui qui écrit tout autant que le lecteur est contraint à la recherche parce qu’une mauvaise traduction est possible. Ici même par exemple il est possible de dire qu’on s’accroche dans les mots et que cela est du blabla, la limite est celle que l’on s’impose, pour voir l’au delà de nos capacité s’imposer.

    Raoul Duguay dans sa chanson « Le voyage » raconte les mésaventures de ces comparaisons disfonctionnelles que l’on s’impose et nous menant à côté de la découverte. Cependant ici je ne traduis pas mais, j’induit par une recherche introspective ce qui fait que l’entendement pourrait capter directement des mots utilisés, et visualiser les liens pour en comprendre le sens. On voyage ainsi entre la recherche et le repos, et c’est ainsi que le lecteur vas avec l’écrivain moudre le sens.

  2. Ah le gueuloir de Gustave… je te vois venir: si le maître de la prose lui même « parle » ses textes, revoilà Proust en écoute….
    Mais la différence majeure , c’est l’auteur lui même qui «  rode » sa phrase en la vocalisant : on l’a tous fait en répétant un discours…
    Sinon , tu nous donnes tous les jours, une leçon de style: léger, ou ironique, ou lyrique, ou classique: cela dépend de ton humeur…
    Certes en ce moment nous avons beaucoup de rediffusions… c’est l’ete….
    Mais la maîtrise est là et nous attendons la rentrée avec gourmandise….

  3. Rien à ajouter à ce que répète ici sobrement Gustave Flaubert, sans l’habituelle référence à son gueuloir.

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