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Morceau choisi

Il est certains esprits, dont les sombres pensées
Sont d’un nuage épais toujours embarrassées. 
Le jour de la raison ne le saurait percer.
Avant donc que d’écrire apprenez à penser. 
Selon que notre idée est plus ou moins obscure, 
L’expression la suit, ou moins nette, ou plus sûre. 
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, 
Et les mots pour le dire arrivent aisément.

Surtout, qu’en vos écrits la langue révérée
Dans vos plus grands excès et vous soit toujours sacrée.
En vain, vous me frappez d’un son mélodieux,
Si le terme était impropre, ou le tour vicieux ;
Mon esprit n’admet point un pompeux barbarisme,
Ni d’un vers ampoulé l’orgueilleux solécisme.
Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin
Et toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain.

L’Art poétique – Boileau

 

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