Le T.G.I. de Paris

Morceau choisi
Une luminosité aveuglante se réverbérait sur les parois du tribunal de grande instance. Il n’avait jamais trouvé aucun mérite esthétique particulier à cette juxtaposition déstructurée de gigantesques parallélépipèdes de verre et d’acier, qui dominait un paysage boueux et morne. De toute façon le but poursuivi par les concepteurs n’était pas la beauté, ni même vraiment l’agrément, mais plutôt l’étalage d’un certain savoir-faire technique – comme s’il s’agissait, avant tout, d’en mettre plein la vue à d’éventuels extraterrestres.

Anéantir – Michel Houellebecq

On peut aimer ou pas Michel Houellebecq. J’ai un peu de mal à comprendre comment on peut ne pas l’aimer, mais bon !
J’admets que le personnage n’est pas très sympathique, qu’il est plutôt dépressif, et pour tout dire qu’il a plutôt une sale gueule.  Mais il faut au moins lui reconnaître qu’il a un sacré sens de la formule.
Dans l’extrait qui précédait, il nous parlait de l’architecture du nouveau TGI de Paris dans les premières pages de son nouveau roman « anéantir ». Depuis que le temps que je m’esquinte à trouver des phrases assassines pour qualifier comme je le voudrais les massifs exploits dont Jean Nouvel, nouveau monstre sacré, parsème le monde, j’aurais bien voulu trouver cette formule  :« étalage d’un certain savoir-faire technique – comme s’il s’agissait, avant tout, d’en mettre plein la vue à d’éventuels extraterrestres. »
Oui, je sais, le nouveau TGI de Paris n’est pas de Jean Nouvel mais de Renzo Piano. Et alors ? Ça change quoi ? 

Bientôt publié

24 Fév, 07:47 AVENTURE EN AFRIQUE (11)
24 Fév, 16:47 Souvenir de cinéma (12)
25 Fév, 07:47 Esprit d’escalier n°32

4 réflexions sur « Le T.G.I. de Paris »

  1. Le TGI n’est pas l’Ecole des Beaux Arts.
    Il fallait une architecture dure, rationnelle, sans circonvolutions ni arrondis, avec
    une gueule qui impose le respect.
    C’est réussi à mon avis.

  2. Une réponse à la partie du commentaire de Lariegeoise qui concernait la crise ukrainienne a été postée à la suite de l’article « Dernière heure : Story tellings »

  3. Sur la remarque concernant l’allusion au physique de Houellebecq :
    Si je parle de son physique, toi qui me lis (parfois) régulièrement, tu aurais dû te souvenir que ma première critique (bien sûr enthousiaste) de Houellebecq parue en 2015 sur Soumission avait pour titre « T’as vu la gueule de Houellebecq ?»
    Je lui avais donné ce titre et j’en reprenais la substance dans le texte parce qu’à cette époque, quand on parlait de lui et surtout quand on en faisait l’éloge, on se prenait immanquablement une réflexion de ce genre : « T’as vu la gueule de Houellebecq ! », ce contre quoi je m’étais insurgé, à ma manière, bien entendu.
    Sept ans plus tard, les choses se sont un peu arrangées, on en parle moins, mais il demeure toujours quelqu’un pour dire quelque chose d’approchant. « Non, mais t’as vu comment il parle ? Il a plus de dents ! Moi, il me dégoute ; je ne peux pas lire un livre d’un type aussi abimé ». 
Voilà pourquoi j’ai parlé de son physique, pour me moquer justement de ce genre de position, car moi, je m’en fous, de son physique et j’aime ce qu’écrit ce grand écrivain.
    J’aurais dû préciser un peu plus le second degré. Présomptueux, je ne l’ai pas fait, croyant que ma critique de Soumission était encore dans toutes les mémoires.

  4. A propos d’hier: Poutine est le méchant qu’il est si agréable de dénigrer: autocrate, entouré d’oligarques… mais oublier d’où vient la Russie après 70 ans de communisme , est un aveuglement intellectuel : Poutine a redonné sa fierté à un grand peuple humilié;
    Au lieu de promettre à la Turquie une entrée dans l’Europe , c’est bien sûr la Russie qu’il fallait arrimer à l’Europe : l’hubris démesurée des américains en 1992 , et le concept insolent de fin de l’histoire est à cet égard révélateur…
    On paie toujours ses lâchetés : la Crimée a été avalée sans qu’Obama s’en offusque.. et en se pinçant le nez , nous avons bien été soulagés que Poutine fasse le sale boulot en Syrie.
    Poutine joueur d’echec : le jeu de GO est autrement plus complexe et le grand «  timonier » chinois attend en se frottant les mains que les filets se resserrent autour de l’occident : un gisement de lithium découvert au Tibet leur assure la haute main sur la fabrication des batteries pour les années à venir…
    So what ?
    Comme avec un enfant qui se roule de colère,
    ne pas négocier, ni menacer, agir avec fermeté: donc dire qu’on n’interviendra pas quoiqu’il arrive est une impasse, un aveu d’impuissance.
    A propos de ce matin : on aime ou pas Hoellebecqu( je suis du premier camp, sans restriction) il faut lui reconnaître un sens de la formule implacable ; pourquoi alors faire allusion à son physique?
    Un auteur tu prends ou tu prends pas…. tu lis, tu ne vois plus rien d’autre….
    Bon j’avoue 8 jours de campagne boueuse m’ont rendue un peu bougon!

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