Roman Polanski et Woody Allen sont parmi les premiers artistes à avoir été interdits de facto en raison de leur vie personnelle chaotique. On sait que depuis, ils ont été rejoints par de nombreux autres, que ce soit sur de bonnes ou de mauvaises raisons, et par là j’entends des raisons établies ou des raisons supposées. 

À la fameuse question : « Peut-on juger l’œuvre d’un artiste indépendamment de sa vie personnelle ? » le JdC a toujours répondu « Oui »  sans hésiter, rejoignant en cela Marcel Proust contre Sainte-Beuve. C’est pourquoi, je considère que ne pas vouloir voir les films de Woody Allen ou de Roman Polanski sont des décisions personnelles qui ne devraient pas être imposées aux autres, du moins tant que leurs œuvres ne prônent pas ce qu’on reproche à leurs auteurs et qu’elles ne sont pas interdites par une censure légale et légitime. 

Il n’est pas dans mes intentions de commenter la vie privée de deux des plus grands réalisateurs des cinquante dernières années ni de m’instituer juge à la place des juges. Ma position n’est pas motivée par leur innocence éventuelle, ni même par le doute quant à leur culpabilité. Elle est la même par exemple que celle que je tiens vis à vis de Céline, dont l’anti-sémitisme et le collaborationniste sont abondamment prouvés, mais qui demeure un des plus grands auteurs français du 20ème siècle. Personne ne nous interdit les œuvres de Céline, j’aimerais qu’il en soit de même pour Allen et Polanski, qu’ils soient coupables ou non.

À ce propos, il ne me parait pas inutile de rappeler ceci :

Pour ce qui est de Roman Polanski, les faits remontent à 1977. Accusé d’avoir eu des relations sexuelles avec une mineure, R. P. a plaidé coupable, sa peine a été entérinée par le juge, il l’a accomplie et a été libéré. Sur la pression de l’opinion publique, le même juge a souhaité revenir sur la chose jugée et aggraver la peine. R.P. a fui les USA et il est recherché depuis par Interpol pour le compte du juge californien. 

Sans vouloir revenir sur les faits qui sont reprochés par l’opinion publique à Woody Allen, notons tout de même qu’il n’a jamais été condamné. À ce jour, c’est toujours sa parole et celle de l’un de ses fils contre la parole de Mia Farrow et celle d’un autre fils.

Alors, si elle le peut dans ce brouhaha, que la justice suive son cours et qu’on me laisse voir et revoir les films que j’aime.