Rendez-vous à cinq heures rue Durouchoux

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Rue Durouchoux

Durouchoux était le nom d’une rue où j’allais à l’école maternelle dans les douces années (pour les enfants) cinquante. Ce nom me faisait penser aux choux à la crème et je ne l’ai jamais oublié. En passant récemment dans ce quartier, je me suis aperçu que la rue Durouchoux, longeant à son grand tort la Mairie du XIV ème arrondissement, avait été
débaptisée au profit d’un élu socialiste récent, monsieur Castagnou. Intrigué, je suis allé me renseigner sur Internet.
Le lundi 22 mai 1871, à 7 heures du matin, une barricade s’élève au croisement entre la rue du Bac et la rue de Grenelle. A plus de 62 ans, défendant son commerce, Pierre Durouchoux s’élance avec

7 personnes réunies à la hâte et emporte la barricade, faisant un prisonnier. Le même jour, il est blessé en patrouillant rue de Saint-Simon. Le 3 juin, il reçoit en pleine connaissance les derniers sacrements et expire dans la soirée. Il est décoré de la légion d’honneur par décret du 25 mai 1871, sur proposition du ministère de la Guerre.
Pierre Marie Thomas Durouchoux, colonel de la Garde nationale, est tué lors de la défense de Paris en mai 1871, empêchant que son quartier ne soit brûlé par des révolutionnaires de la Commune.
En résumé et de façon didactique, Monsieur Durouchoux n’a fait que son devoir en défendant ses protégés parisiens contre la folie meurtrière des communards. C’est cette action qui a été jugée infamante par les élus socialistes cent cinquante ans plus tard. Il avait pourtant reçu la Légion d’Honneur avant d’être tué par les communards sur les barricades. On ne sait d’ailleurs pas très bien si cette décision condamne un comportement jugé répréhensible bien que fondé au vu de la Loi ou vénère la notoriété tardive et l’héroïsme révolutionnaire des communards. Toujours est-il que cette décision, à mon avis partisane et irrecevable, prise par la Mairie de Paris, devrait faire jurisprudence et s’appliquer à tous les lieux qui portent des noms d’hommes responsables d’actions criminelles réprouvées par la morale contemporaine et encore moins défendables que monsieur Durouchoux. Cela fait beaucoup de lieux à débaptiser …
D’abord et en premier, tous ceux qui se nomment Bonaparte ou Napoléon, ensuite les boulevards des Maréchaux, puis toutes les avenues et rues au nom de Généraux, dont Leclerc et Lyautey, d’horribles colonialistes, et toutes celles portant des noms de militaires. Des régions devraient changer de nom en raison de leur passé mortifère comme la Vendée parce que les guerres de Vendée, ce n’était pas joli joli, ou la Marne à cause de la triste bataille. En raison des exactions de leurs acteurs révolutionnaires, il faudrait aussi changer le nom de la Gironde et supprimer de notre vocabulaire la montagne. Nous débaptiserons aussi l’Alsace et la Lorraine récupérées au prix d’une hécatombe et la Normandie à cause du sort de gamins étrangers jetés sur ses plages pour s’y faire tuer.
Enfin, je me demande si les mêmes socialistes moralisateurs iront jusqu’à réhabiliter le Maréchal Pétain qui, en décidant l’armistice, a évité une hécatombe meurtrière dans l’armée française composée exclusivement de prolétaires.
Je m’étonne qu’il y ait deux poids deux mesures. Certains, comme Monsieur Mitterrand, ont été pardonnés d’avoir commis des erreurs de jeunesse alors que Monsieur Durouchoux, peut-être trop âgé au moment des faits qui lui sont reprochés, n’a pas bénéficié de la même clémence.

Juger a posteriori est une malhonnête intellectuelle et condamner a posteriori est un crime moral.

Le problème va se poser de trouver des noms de remplacement parce qu’il va en falloir beaucoup. Pour rester tout à fait impartial, je propose de donner simplement des numéros. Je me suis garé devant le 28 de la rue 592, ou bien, j’ai passé mes vacances dans la très belle région numéro 11 où la température inhabituelle cet été nous a permis de mettre les pieds dans l’eau (vous avez deviné que la région 11 est la Bretagne). Et puis, pour être tout à fait inattaquable, il faudra demander à tous les pays étrangers quels sont leurs souhaits concernant les personnages de l’Histoire de France dont ils ne sont pas satisfaits. Là encore, Napoléon risque de se retourner dans sa tombe. Laquelle tombe devrait d’ailleurs être restituée aux Corses même si ça ne sera pas commode d’obtenir leur accord ni de la transporter, vu son volume et son poids.

Lorenzo dell’Acqua

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