Journal de Campagne (43)

Journal de Campagne (43)
Lundi 27 avril 2020 – 16h47

Ça y est ! J’ai compris !

J’ai compris que si je me suis lancé dans l’écriture quotidienne de ce Journal de Campagne, ce n’est pas pour vous informer de ce qui se passe dans ce petit bout de l’Aisne, les travaux dans les champs, sur les toitures, la vie secrète des animaux, les heurs et malheurs de voisinage, les avions qui passent, l’herbe qui pousse…

C’est psychologiquement beaucoup plus subtil, assez malin, presque pernicieux. L’idée me vibrait aux oreilles depuis des semaines déjà, mais je la chassais comme un moustique importun. Je ne voulais pas la formuler clairement, je ne voulais rien savoir.

Et puis ce matin, dos à la cheminée, je me suis installé plein d’ardeur à mon clavier, bien décidé à poursuivre le récit de cette « Sacrée Soirée » (titre tout ce qu’il y a de provisoire) qui m’occupe depuis que j’ai choisi de la mener à bien avant de reprendre mon « Cujas » mentionné précédemment. Au bout d’une demi-heure, j’ai réalisé que je n’avais pas encore ouvert ma « Sacrée soirée » et que j’avais consacré toutes ces minutes à rectifier ce qui paraitra tout à l’heure dans le Journal de Campagne, à me demander ce que j’y écrirai demain et, finalement à l’ébaucher, et même à l’écrire.

Et c’est là que j’ai compris que l’écriture assez facile de chaque article du Journal de Campagne servait à me cacher mon impossibilité à reprendre l’écriture un peu plus difficile de cette Sacrée Soirée, qui elle-même n’était qu’un substitut de l’écriture beaucoup plus difficile de mon « Cujas ».

Et maintenant que j’ai compris ça, je vais pouvoir me remettre à mon « Cujas »…
Mais d’abord, il faudrait achever la Sacrée soirée. Ce serait dommage d’avoir écrit tout ça pour rien.

Mais j’y pense, je n’ai rien à publier pour cet après-midi. Il faut que je trouve quelque chose tout de suite. Je me mettrai à Sacrée soirée tout à l’heure. Mais pour le Journal de Campagne, il y a urgence. Allons-y ! Oui, mais où ? Ça y est, j’ai trouvé : « Ça y est ! J’ai compris !  J’ai compris que si je me suis lancé dans l’écriture quotidienne de ce Journal de Campagne, ce n’est pas… »

P.S. C’est sans doute ainsi que Jules Renard, dont le journal est célébré partout comme un modèle de culture et d’esprit tout en étant un reflet de son temps, n’a pas connu de véritable succès ni avec ses romans ni avec ses pièces.

Pauvre Jules. Puis-je vous rappeler ces deux citations. Ça lui fera plaisir qu’on pense à lui.

‘’Le métier des lettres est tout de même le seul où l’on puisse sans ridicule ne pas gagner d’argent’’.

‘’La modestie va bien aux grands hommes. C’est de n’être rien et d’être quand même modeste qui est difficile.’’

 

 

3 réflexions sur « Journal de Campagne (43) »

  1. Mon commentaire inestimable est parti par erreur à Versailles!( le joli texte de G)

    Le dictateur nord coréen a disparu , c est peut être un attentat , ça expliquerait les traces de kérosène…
    C est donc la panne ,d inspiration eT non de moteur,qui nous vaut ce plaisir quotidien : et bien , tu as la panne élégante et drôle, la prose déliée et l imagination encore intacte : réglée comme une horloge qui plus est;l art d écrire sur rien c est du grand art .
    Mon rien d aujourd d hui c est vraiment rien… des amies m appellent on a toutes raté notre,couleurs, Loreal on le vaut peut-être être bién , mais alors valeur très surfaite .
    Ah si j ai acheté deux masques en tissu ; sortis de derrière le comptoir de l officine du coin… pas de norme ni d origine , j ai du me faire avoir.
    Il y avait une petit queue pourtant pour acheter ces contrefaçons: j ai vu des humains c est déjà ça….

  2. Au dessus de notre campagne, depuis une semaine, il doit passer de un à trois avions par jour, alors qu’avant, c’était des dizaines. C’est pour ça que je le note et le raconte. Par contre, si les traces blanches que trainent les avions derrière eux sont des fumées de kérosène, je veux bien manger tout un plat de tapioca.

  3. « Les avions qui passent… ».
    Tu en vois beaucoup en ce moment ?
    Par contre, le ciel est plus bleu.
    Bah oui, plus de fumées de kérosène.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *