¿ TAVUSSA ? (53) : Les Gilets Jaunes ? Combien de divisions ? (2)

Depuis des mois (eh oui, des mois), à propos de la crise des Gilets Jaunes, on entend de la bouche des journalistes, chroniqueurs, commentateurs des expressions comme celles-ci :

Les gens ne veulent plus de …
Les français en ont assez de …
Le peuple ne fait plus confiance à …

Dans la bouche d’un parlementaire d’opposition, ce serait chose normale, attendue, acceptable même. La généralisation, l’extrapolation, l’exagération et l’amalgame sont les armes habituelles de la politique depuis que Le Monde est Monde. Mais, des journalistes, enfin ceux qui ne sont pas trop visiblement engagés ou qui ne devraient pas l’être, on pourrait attendre un peu plus de précaution dans le langage, de précision dans les mots qu’ils utilisent et les formules toutes faites qu’ils répètent. Les gens ne veulent plus …Tous les gens ? Les Français en ont assez …Combien de Français ? Le peuple ne fait plus confiance … Quel peuple ? Mais qui sont donc ces gens, où sont ces français, de quoi ce peuple est-il fait ?

Et d’abord combien sont -ils ?

A en juger par les chiffres communiqués chaque samedi soir (l’sam’di soir après l’turbin, comme disait la chanson de Maurice Chevalier), les manifestants étaient au nombre de quelques milliers à Paris et de quelques dizaines de milliers dans toute la France. De mémoire de spectateur atterré (1) de chaîne d’info continue, les GJ n’ont jamais réussi à réunir plus de 10.000 personnes à Paris et de 100.000 personnes en France. Rappelons quand même ici qu’à Paris, la moindre manifestation pour le climat, le salaire des infirmières ou l’égalité des hommes et des femmes rassemble facilement deux ou trois fois ce nombre. Quand la CGT organise une manifestation à Paris et que ses participants sont aussi peu nombreux, il y a des têtes de lampistes qui tombent Place du Colonel Fabien.

Donc au plus (j’avais d’abord écrit « au mieux », mais c’était choquant) , les GJ qui manifestent en France sont 100.000 (vous pouvez multiplier ce nombre par deux, ça ne change rien au raisonnement). Mettons maintenant que les GJ qui manifestent le jour du comptage représentent seulement un dixième de ceux qui auraient bien voulu manifester mais qui en ont été empêchés (par un rhume, la flemme, la communion de la petite, le beau temps, le mauvais temps, la peur des coups, …) Cette hypothèse monte le nombre des GJ en France à 1.000.000.

Maintenant, quelques chiffres :

Population française : 67.200.000
Pourcentage de GJ dans la population : 1,5 %
Nombre d’électeurs : 43.200.000
Pourcentage de GJ dans le corps électoral : 2,3%

Dans les commentaires de journalistes, dans les débats d’experts et même dans les déclarations des parlementaires de quelque bord qu’ils soient, avez-vous entendu mentionner ces proportions ridicules ? (A part  Claude Weill (2), qui au tout début a parlé de surmédiatisation mais qui a ensuite disparu des plateaux et, tout récemment, Denys Olivennes (3) qui met régulièrement les pieds dans le plat mais sans véritable conviction, moi je n’ai entendu personne rappeler ou même seulement évoquer ces proportions.

Quoi ? C’est ça, le peuple ? C’est ça, les gens ? 2% ? 4% ?

EN 1935, parlant du Pape, Staline avait ironisé : « Le Vatican ? Combien de divisions ? » montrant par là qu’il n’avait aucune raison de faire respecter les libertés religieuses.
Alors, les GJ ? Combien de divisions ? Combien d’électeurs ? 1.000.000 ? Combien de votants ? 500.000 ? 600.000 ?

Et pourtant, en moins de 3 semaines , le mouvement des GG a obtenu d’un gouvernement déboussolé le déblocage d’une bonne dizaine de milliards, creusant encore un peu plus un déficit qu’il faudra d’ailleurs bien combler par de nouveaux impôts. On notera que cette manne si facilement obtenue n’a en aucun manière calmé les vociférations des GJ, au contraire.

Maintenant, qui sont ces GJ ?

Il est bien sûr impossible de répondre à cette question de manière laconique : les GJ, c’est ci, ou c’est ça ?
Pour moi, le GJ est indéfinissable car c’est un animal hybride et complexe. Il faut quand même se souvenir que tout est parti du prix du carburant diesel, de la limitation de vitesse généralisée à 80 km/h et de l’idée géniale, il faut le reconnaître, de l’utilisation du gilet de sécurité en tant qu’uniforme et signe de ralliement. Le GJ est donc à la base un automobiliste, possesseur d’un véhicule fonctionnant au gas oil, et qui souhaite vivement continuer à rouler aux vitesses que lui, le spécialiste de la circulation routière, le pilote chevronné, le Sebastien Loeb des départementales juge raisonnable. Attention, je ne suis pas en train de classer en GJ d’origine tous les possesseurs de diesel, ni tous ceux que les limitations de vitesse contrarient. Je dis seulement que les GJ du début sont inclus dans cet ensemble. (C’est une notion mathématique simple, mais je ne sais pas si vous suivez). Il suffit pour s’en convaincre de revoir la première diatribe, vue des millions de fois, de Jacline Mouraud, l’une des initiatrices du mouvement, aujourd’hui en rupture complète avec la boite de Pandore dont elle a soulevé le couvercle.

Mais, réduire les GJ à une bande de petit bourgeois provinciaux râleurs et anti-impôts serait se tromper lourdement, comme se sont trompés ceux-là qui, et j’en fais partie, ont identifié le mouvement GJ au Poujadisme de ma belle jeunesse.

Non, beaucoup d’autres individus représentants de c.s.p. variées sont venus rejoindre le mouvement. Qu’ils n’y viennent pas eut été surprenant, les chaines d’info continue, BFM en tête, ayant offert aux tenants de quelques ronds-points où brulaient quatre pneus empilés une campagne promotionnelle « à tout casser », et c’est bien le mot.  Ceux-là avaient des objectifs, ou de vagues envies, ou des velléités bien différentes. Chasser (au mieux) le Président, virer les parlementaires, décider de tout par referendum, casser du flic par plaisir, bruler du luxe par idéologie ou par goût du spectacle, et même pour certains être calife à la place du calife. Les commentaires pétrifiés des commentateurs accrédités, leur incapacité ou leur peur d’exposer une analyse de simple bon sens, la complaisance de leurs questions aux représentants (?) des GJ, leur absence de contestation de leurs déclarations ont fait le reste.

Non pas que le mouvement ait grossi (voir les hypothèses ci-dessus), mais il a obtenu une cote d’amour incompréhensible, en tout cas inespérée, de l’ordre de 75% pendant des semaines.

Des gens plus compétents que moi (?) analyseront sans doute un jour les différents profils des GJ et de leurs sympathisants ainsi que les raisons de cette étrange alliance de la carpe brune, du lapin rouge et du gilet jaune. Je le ferai moi-même peut-être un peu plus tard, mais pas pour le moment, car j’ai en ce domaine un peu trop tendance à être catégorique et sommaire. Or, dans mes écrits, j’aime la nuance. Vous l’aviez remarqué je suppose, du moins je l’espère.

Un faible, très faible espoir est en train de naître : ces derniers jours quelques journalistes ont exposé plus ou moins clairement l’incongruité des prétentions des GJ à parler pour le peuple, l’incohérence de leurs réclamations, leur absence de toute notion républicaine, leur complicité au mieux passive envers les Blacks Blocks, les liens épistolaires de stratégie entre certains de leurs leaders (?) et ce mouvement anarchiste venu d’ailleurs.

C’est un espoir, mais il demeure très faible car il est dans la nature des choses de la communication que le démenti d’une fake news n’a pas le centième du poids de la fake news que l’on dément.

Note 1 : également Dérangé, Choqué, Offusqué, Scandalisé, Atterré, Écœuré, Affaissé, Révolté, Dépassé, Exaspéré, Enervé, Effiloché, Amusé, Ébranlé, Démoralisé, Époustouflé, Désespéré, Interloqué dans et par le désordre.

Note 2 : Journaliste plutôt à gauche

Note 3 : Homme d’affaires, essayiste de gauche également

Bientôt publié

  • 29 Mar,  ………..Conversation sur le sable – 2
  • 30 Mar, ………..Tableau 247
  • 31 Mar, ……….J’ai retrouvé mon Baleinié
  • 2 Avr, ………… Juliette et le Jardinier

11 réflexions sur « ¿ TAVUSSA ? (53) : Les Gilets Jaunes ? Combien de divisions ? (2) »

  1. T’as pas tort Guy, mais mourir dans son droit pour des nèfles c’est pas top. Si un fou me grille la priorité à 100 à l’heure, je laisse passer, malgré le principe.

    Paddy, ta citation, c’est exactement ce que j’appelle l’imposture, fille de la frustration. Bien joué.

  2. Concernant cette dame « d’un certain âge », elle avait le droit de manifester, 14, 24, 34 ou 74 ans,fragile ou pas, c’est pareil sur le principe.
    Ce qui est inadmissible, et tant pis pour elle, c’est qu’elle était hors du parcours approuvé.
    Cela aurait du être avancé par notre Président plutôt qu’une certaine fragilité.

  3. Puisqu’il était question de la Traversée de Paris dans la rubrique précédente, voilá une citation fort à propos pour celle-ci: « Comme tout le monde, il savait d’expérience que les hommes sont assez portés sur la vertu pour la transporter à l’intérieur même de leurs mauvaises actions et asseoir leurs turpitudes sur des bases honnêtes. »
    La traversée de Paris, 1947, Marcel Aymé.

  4. Dis plus simplement que precedemment: les Gilets Jaunes sur les ronds-points sont selon moi l’incarnation de l’esprit français, rien que français, et c’est pourquoi les autres (75%) declarent « on les comprend ». C’est pareil à cette autre invention bien française, la grève par procuration (CGT/SNCF) qui emmerde les usagers dans leur vie quotidienne mais qui déclarent quand même « on les comprend » quand ils sont interviewés sur les quais de gare bondés. Cette horrible violence, même désapprouvée par la majorité de cette majorité, est bien malheureusement aussi dans la tradition française.

  5. Ce qui m’a fait le plus marrer, c’est la vieille de 74 balais qui s’est faite balayer, non par des flics mais par la foule. J’ai le même âge qu’elle, et jadis j’ai couru le 100 mètres avec (ou contre) Bambuck, notre lointain ministre des sports (s’il se trouve encore quelqu’un pour se souvenir de lui).
    Tu me vois, à 74 balais à la tocante, dans une castagne avec des jeunes qui détalent dix fois plus vite que moi ..?
    Macron l’a dit avec des fleurs en appelant la vieillarde à une peu plus de sagesse. Moi je lui aurais dit : « Mais tu te croyais où, mémé, au bal des débutantes ? »
    J’en ris encore !

  6. Oui, Jean, je parlais des ronds-points.
    Dans la rue, la bête renaît chez certains, devant des vitrines, un bâtiment public ou des policiers qui font leur boulot.

  7. Guy, ce côté que tu évoques, réunion de copains autour d’un rond-point, de quelques bières et de quelques saucisses grillées, n’est pas à négliger. Il existe. Pas mal de gens qui s’ennuient ont retrouvé là une espèce de complicité rigolarde dans le dénigrement et la rébellion impuissante contre l’autorité quelle qu’elle soit, comme nous autrefois à l’école ou au service militaire.
    C’est pourquoi j’ai dit que le Gilet Jaune est un animal complexe qui ne peut être défini simplement. Il y a le GJ qui rigole entre copains sur le Rond-Point de Château Thierry pendant les jours de semaine et il y a le GJ qui fout le feu au Fouquet’s le samedi. Le problème, c’est que c’est parfois le même.

  8. Guy, je crois quand même qu’on a les « yellow blocks », quand on voit leur capacité de destruction.

  9. J’ajoute le côté simplement humain de ce genre de réunion, une manière sympa de vaincre la solitude devant un barbecue de rond-point, en essayant de joindre l’utile(leur point de vue) à l’agréable.
    Je ne parle pas des blacblocs, l’horreur.

  10. Moi-non plus je ne suis pas très compétent pour identifier l’espèce représentative des Gilets Jaunes mais j’ai ma petite idée en ce qui concerne leur puissance de nuisance. A propos de l’espèce elle-même, je peux dire que ce n’est pas une espèce invasive, dite aussi espèce envahissante, venue de l’extérieur de nos frontières, introduite par l’homme (ou la femme), ou par accident naturel ou induit, comme nous en connaissons beaucoup aujourd’hui, dans le règne animal ou végétal, et que tout le monde s’accorde à considérer comme nuisible car menaçante pour notre biodiversité. Les exemples sont multiples et variés, par exemple dans le règne animal l’écrevisse de Louisiane qui élimine les nôtres, plus petites, moins combatives, et détruit les berges de nos rus; la grenouille taureau, encore une invasion venue d’Amérique du nord (dans le paquetage des GIs ?); le moustique tigre; etc; dans le règne végétal, les exemples ne manquent pas non plus mais je ne citerai que celui de la caulerpe ((Caulerpa taxifolia), échappée d’un aquarium monégasque pour envahir nos belles côtes méditerranéennes. D’aucuns assimiles certains mouvements migratoires et les populations qui y sont associées à des espaces invasives. Je ne le ferai pas ici car il s’agit d’un autre débat. Encore que? L’espèce des GJ est bel et bien une espèce endogène à notre territoire hexagonal français. Il s’agit d’une espèce animale, qui a pris naissance sur notre territoire et qui s’y est adaptée d’une façon extraordinaire, qui s’est appropriée l’évolution de son milieu ambiant et toutes les variations du climat, politique, économique et social, comme aucun autre milieu étranger n’a pu le faire aussi efficacement. A titre d ‘exemple uniquement, je citerai le frelon français, que d’aucuns appellent maintenant le frelon européen mais c’est bien la même chose (Vespa Crabro), pas du tout originaire de la botte italienne comme pourrait le faire accroire son nom d’espèce, qui est de couleur jaune, et qu’il ne faut pas confondre avec le frelon asiatique, qui lui est noir et pas jaune, qui est une espèce invasive nuisible, terriblement nuisible, car elle s’attaque à nos petites abeilles industrieuses si utiles pour faire notre miel, ces ouvrières exemplaires qui ne réclament même pas le smig, tout comme s’y attaquent lâchement les pesticides néonicotinoïdes produits par de dangereux industriels.
    J’en reviens donc maintenant à l’espèce de nos GJ endogène, donc une espèce bien de chez nous, identifiable par ses accoutrements vestimentaires reconnaissables qui ont évolués eux-mêmes, depuis les hardes des jacques (encore appelés vilains), en passant par les bonnets phrygiens, les pantalons à rayures qui n’étaient pas des culottes (symbole de l’aristocratie), les bonnets rouges, et maintenant les gilets jaunes.
    Il est mathématiquement prouvé par les chiffres au-dessus que la représentativité des GJ est très faible, moins de 2% de la population, à peu près celle des gardes suisses au vatican. Mais qu’en est-il au niveau de la représentativité des idées véhiculées par le mouvement et leur réceptivité par les reste de la population endogène? Et c’est là le problème où je voulais en venir (laborieusement, j’en conviens, mais quand on vous tend un micro, faut le prendre). Cette espèce au départ a trouvé un terrain propice à ses revendications: les ronds-points dont la France détient la première place au monde pour ses nombres, sa dispersion, son questionnement souvent, et qui sont des points de passage obligés pour les automobilistes, en province et en banlieue notamment, une population qu’on appelle aussi la « France périphérique », c’est à dire située au-delà du boulevard périphérique de la capitale. Voilà déjà pour un français périphérique une expression, reprise en boucle par les médias, qui suscite déjà la colère car synonyme d’une gouvernance centralisée, étrangère à toute compréhension de ses problèmes quotidiens d’ automobilistes, à savoir le prix de l’essence, les distances pour se rendre et revenir du boulot, la vitesse limitée à 80kms/h, etc. L’automobiliste a compati avec la population des rond-points, car le français est toujours compatissant avec les exploités. Sa générosité, son altruisme, est proverbial. Sa capacité de compréhension est phénoménale. A travers les GJ, les français(75% dit-on) ont reconnu des portes-parole de leurs angoisses, de leurs récriminations, de leurs envies, de leurs jalousies, etc, et, avec compassion, générosité, altruisme, une grande majorité des français a déclaré dans les sacro-saints sondages dont les médias ne peuvent plus se passer, « on les comprend »! Comme d’habitude! Comme les grèves « par procuration »! Et voilà comment, le gouvernement, et toute la représentativité du peuple, s’est trouvée piégée, emberlificotée dans les analyses, les solutions introuvables en tout cas insatisfaisantes pour des revendications aussi disparates sans interlocuteurs valables. Les médias et leurs animateurs n’en demandait pas tant! Ils se gargarisaient à longueur de journée avec des mots, des images et surtout des sondages. Certains rêvaient au « grand soir », d’autres à une surprise inimaginable, peut-être à un nouveau messie, en un mot à la justification de leur métier dont ils ont une très haute opinion (enfin, d’eux-mêmes surtout et de leur pouvoir). Et les français, pas bêtes, ont été prompts à voir dans les GJ des revendications dont ils se disent qu’il y aura toujours quelque chose de bon à prendre, c’est-à-dire à recevoir, pour eux. On ne peut pas leur reprocher cet opportunisme bien de chez nous. Mais on aimerait bien quand même que la fin de la récréation soit sifflée.

  11. Tout est dit, dans l’ordre du bon sens.
    Cette affaire gilets jaunes est si extravagante qu’on ne résiste pas à ajouter du grotesque au grotesque :
    On devrait construire des ronds-points tous les 200 mètres afin de permettre à cette faune bouffonne de s’ébattre tous ensemble tous ensemble ouais, ouais dans des pique-nique saucissonneux. Les digues des frustrations sont emportées par une minorité de rastacouères inconscients, soutenus par 75% de français qui poussent derrière, bien conscients, eux ! Quelles frustrations ? Eh bien elles sont presque toutes écrites – pour les plus convenables – dans les cahiers de con-doléances. Il reste en suspens les non-dits – en gros : je suis jaloux de ce que peuvent avoir les autres et que je n’ai pas.
    Ces non-dits ne figureront jamais au catalogue, quoique… (J’aime bien quoiquer). Quoique ces non-dits de la frustration affleurent tellement que rien de bon ne peut y pousser, à part la chienlit.
    Entre deux et trois mille revendications nous dit-on. Je pense bien ! C’est trop pour être honnête. De quoi constituer entre deux et trois mille partis différents, en tous cas deux ou trois mille « sensibilités » différentes. Si l’on peut parler de « sensibilité » devant la casse aveugle. Mais justement, des vitrines sur Champs Elysées : vitrines de riches ! Ah ces riches si enviés, que l’on ne parvient pas à éradiquer. Je veux bien être pauvre, à condition que tout le monde le soit. Eh bien justement, c’est ce qui ne manquera pas d’arriver sous peu, à ce niveau-là de frustrations. Cette haine-là ne finit jamais et s’écoule comme lave en fusion à chaque tressaut de la croûte, je parle ici d’une croûte purulente.
    Mais en même temps, ces gilets qui se prennent pour des sans-culottes se donnent de l’héroïsme quand les poulets ne sont pas là, ou en sous-nombre. Mais dès que la police se tient prête à toute éventualité… Ah mais non Monsieur, moi j’étais là pour cueillir des pâquerettes. Les casseurs…? Mais c’est pas nous voyons ! Casseurs ? : bras armé des gilets jaunes, c’est toujours la même, Dieu – ou le diable – reconnaîtra les siens. En attendant, les indécis, les compréhensifs, les nuanceurs, cafouillent : c’est le terreau idéal.
    En attendant, aussi, ces frustrés revendiqués se vident le chargeur dans le pied : quand il faudra payer la note, elle se déduira forcément de leurs ressources… et des nôtres mais qu’importe : on a déjà réglé nos comptes avec la frustration.

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