Dernière heure : Ga Bu Zo Meu

Dernière heure : Ga Bu Zo Meu
Samedi 16 décembre

Une des caractéristiques principales du mouvement des Gilets Jaunes, c’est l’hétérogénéité.
Des RMIstes, bien sûr, des RSA, naturellement, des pauvres, malheureusement. Ceux-là ont des raisons de réclamer, même si le système de redistribution français est parmi les plus lourds et les plus généreux du monde. Ils veulent un peu plus d’argent. Logique.

Mais dans le mouvement, il y a aussi des commerçants, des artisans, des petits entrepreneurs dont on connait bien le vieux fond poujadiste, anti-impôts, anti-réglementation, antiparlementaire, anti-autorité. Ils veulent un peu moins de taxes. Pourquoi pas ?

Mais il y a également des extrêmes : des extrêmes de droite et des extrêmes de gauche. Ceux-là, quand ils ne font pas partie de l’un des deux sous-ensembles cités ci-dessus, ne réclament rien de spécial. Ils veulent juste le désordre pour récupérer le pouvoir.

La semaine, les G.J. de ces trois groupes bloquent les carrefours ; ils vous obligent à porter leur uniforme pour passer ; ils mettent le feu où ils veulent, peinturlurent là où ça leur chante ; ils répondent avec délectation aux interviews complaisantes de BFM : « Il n’a pas démissionné ! On ira jusqu’au bout ! »    « Jusqu’au bout de quoi ? »     « Jusqu’au bout… »

Et le samedi, ils manifestent, à Paris, Bordeaux, Toulouse…
Combien sont-ils ? Depuis un mois que ça dure, jamais plus de 10.000 à Paris.  Demandez donc à la CGT si, pour elle, 10.000 personnes, c’est une réussite ! Aujourd’hui à Paris, probablement moins de 3.000 personnes.

Mais leur petit nombre n’empêche pas ces G.J., de parler au nom du peuple, de dire « Les Français en ont assez, ils ne veulent plus de ce régime. Les Français veulent la démission de Macron, un référendum, la démocratie directe… » repris en cœur par les journalistes « Les Français ont perdu confiance, etc… » Mais de quels Français ces gens-là parlent-ils ?

Et puis, le samedi aussi, les quelques centaines de casseurs professionnels viennent s’infiltrer dans les quelques milliers de G.J. Équipés, entrainés, dirigés, mobiles, violents, ils cherchent la faute de l’adversaire, la bavure regrettable, sous l’œil complaisant des G.J. Ce qu’ils veulent : le désordre par la terreur, le désordre pour le désordre, probablement même pas pour un utopique grand soir, ou peut-être, mais alors mondial.

Et quand les G.J. commencent à rentrer à la maison, que les derniers d’entre eux et les casseurs continuent d’amuser la police, arrivent les pilleurs. Et ceux-là, que veulent-ils ? Rien, juste faire leurs courses.

Enfin, il y a ceux qui ne sont ni pauvres, ni commerçants, ni extrêmes, ni casseurs, ni pilleurs. Dès le départ, Macron ne leur était pas sympathique, pour des raisons différentes : « il est trop jeune, tout lui réussit, il parle bizarrement, il est intelligent, il a trahi Hollande, il est à droite, il doit gagner beaucoup d’argent, il est à gauche, il est centriste, il est quoi exactement ?, il est ci, il est ça, il n’est pas comme moi… » Impossible pour eux de s’assimiler à ce type venu d’une autre planète. Avec sa façon de parler, de répondre, de décider, de tenir, Macron a fait naitre chez ceux-là une sorte de haine, viscérale, inexplicable, irrationnelle. Quelle que soit l’objection que vous fassiez et quel que soit votre argument, celui des réformes qui sont devenues vitales, celui de l’image du pays à l’étranger qui s’améliore, celui de l’Europe dont il voudrait être le leader moral, la réponse est « Oui, peut-être bien, mais je l’aime pas ». Et ce « Oui, peut-être bien, mais je l’aime pas » s’est transformé en un soutien massif du mouvement des G.J.

75% des Français, pourtant parfaitement au courant des destructions de véhicules, de magasins et de monuments, de la perte économique engendrée, désormais irrattrapable, de la volonté délibérée de blesser du CRS, des revendications multi-directionnelles, irrationnelles et contradictoires, du désordre et même de l’incompatibilité qui règne parmi les G.J., 75 % des Français affirment soutenir le mouvement.

Sans eux, sans le soutien des 75%, jamais les G.J. n’auraient connu un tel succès ni n’auraient atteint un tel niveau d’audience pour ne pas dire d’écoute.

Quand nous aurons fini de réparer les dégâts, de soigner les blessés et de pleurer les morts, quand nous aurons mis trois ans à récupérer le niveau économique que nous avions atteint hier, quand l’Europe se sera désintégrée pour vingt ans sous les coups de ce nouveau populisme, quand nous serons bientôt amenés à choisir entre M.Le Pen et J.L. Mélenchon, quand l’un de ceux-là aura gagné (Mélenchon n’a aucune chance, mais il ne faut pas lui dire), quand le taux d’imposition de la France sera passé à 55%, ou la dette à 130% du PIB, quand le nombre de fonctionnaires augmentera de 5% par an, ou bien quand le gouvernement prendra ses instructions sur Facebook, quand le prix des péages, de l’essence et quand les salaires seront déterminés par referendum populaire, quand chaque rond-point sera un lieu de sondage, chaque péage un bureau de vote, quand, quand… alors nous aurons atteint le meilleur des mondes.

Et la société, enfin parfaite, élèvera un monument à la gloire des 75% de sondés qui, en soutenant mordicus le mouvement des G.J., nous auront valu ce paradis. Alors, avant de retourner pomper le Cosmogol(1), tous ensemble, nous pourrons entonner l’hymne des Shadoks :  Ga Bu Zo Meu !

(1) Cosmogol : carburant détaxé de l’univers des Shadoks

 

ET DEMAIN, COUP DE BLUES A SAINT-GERMAIN DES PRÉS

4 réflexions sur « Dernière heure : Ga Bu Zo Meu »

  1. On peut comprendre l’angoisse de certaines gens en Province lorsque l’on ferme leur petite ligne de chemin de fer ou bien leur Bureau de Poste.
    Mais certains services de la Poste pourraient être déplacés au Bureau de Tabac (comme le téléphone jadis), ou bien on pourrait installer quelques « michelines » stylées 2018 (comme dans les pays andins), omnibus et confortables, plutôt que ces coûteux autorails, capables d’assurer un service fréquent « multi-arrêts, …etc. …etc. , les idées ne manquent pas mais il y a ces fichus « privilèges acquis », les »emplois à vie »…etc…etc.
    De plus, les G.J sont plus parmi ces « privilégiés », que parmi ces gens sans bagnole avec un G.J dans la boite à gants.

  2. Que dire, de plus et en peu de mots? Ce chao provoqué par ces foutus GJ me donne aussi à réfléchir sur le pourquoi? Existe-t-il un véritable problème dans la société française qui remonte à loin et qui explose comme on sait ces dernières semaines. Ma réponse est oui, je le pense. La preuve, je pense même que Macron lui même a fini par réaliser le problème. Je ne parle évidemment pas des enragés qui manifestent violemment. Comment résumer ma pensée en quelques mots? Voilà:
    . Déresponsabilisation des gens de la classe moyenne inférieure qui ne réfléchit plus depuis longtemps et qui n’a jamais cherché à comprendre les mécanismes de l’economie (micro et macro) et de la démocratie représentative.
    . Cette deresponsabilisation est grandement le résultat de l’état-providence qui depuis 1945 distribue sans compter, sans contrôler, sans discriminer, d’abord en dévaluant le franc puis en s’endettant, distribuant de façon catégorielle, etc.
    . Des conneries comme les 35 heures.
    . L’emploi qui nécessite souvent des déplacements coûteux en temps et en argent.
    . Mais aussi, en province, un réel sentiment d’abandon avec la désertification des territoires, moins de commerce local, moins de services (poste, écoles, etc), moins de médecins, etc.
    . Un malaise devant la mondialisation et les nouvelles technologies qui ne sont pas vécues comme un progrès pour eux.
    . Ces constats sont surtout ressentis par les retraités.
    Voilà, j’arrete là car ma batterie n’a plus que 2% de réserve.

  3. Bien j’té en effet.

    Pour complémenter dans un ordre plus général, parlons un peu Droits de l’Homme et Liberté. Si l’on veut écumer grossier, disons que ces deux-là sont quasi-synonymes ou en tous cas s’interpénètrent bien.
    La notion de Liberté a beaucoup évolué en un demi-siècle. Elle est devenue liberté du renard dans le poulailler libre.
    Me viendrait-il à l’idée d’empêcher le végan de bouffer de l’avoine…? Grands dieux non! Et de quel droit ? En revanche – car je suis revanchard – ce même végan en attaquant les boucheries, ce qui est un bon début, prend la liberté de m’interdire la liberté de tortorer ce qui me plaît.
    Me viendrait-il à l’idée d’empêcher le gilet de manifester son mécontentement…? Grands dieux non ! Et de quel droit ? En revanche – car je suis de plus en plus revanchard – ce même gilet prend la liberté de m’interdire la liberté d’aller où bon me semble.
    C’est un concept nouveau qui vient de sortir et va faire les beaux jours des philosophes, même les grecs n’y avaient pas pensé : la liberté d’interdire la liberté.
    Désireux de faire court, je pourrais multiplier les exemples mais baste.
    Par dessus le marché, une mignonnette d’origine africaine nous explique de toute sa morgue sur la lucarne magique qu’il faut y a qu’à, procéder pour résoudre ce merdier, à une relance économique en arrosant d’abondance le petit peuple en larmes et en investissant. Peu importe dans quoi, elle n’en a pas idée, pourvu que l’on persiste à dépenser.
    La pauvrette arrive avec quarante ans de retard : on a souventefois relancé par le passé sauf que ces relances successives ont surtout relancé le marché étranger puisque les entreprises étrangères sont plus compétitives que la plupart des nôtres.

    Alors de liberté fascistoïde en assertorique…comment disais-tu déjà… Ga Bu Zo Mique, on n’a pas le cul sorti des ronces, mais quelle belle jeunesse nous passons !

    Nous sommes en train de réinventer un Etat-Providence tyrannique et dépensier puissance n mais nous allons très tôt nous réveiller avec des douleurs intercostales car l’élastique est prêt à rompre.
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    PS qui n’a rien à voir : Et pendant ce temps, ailleurs et pour ne pas en parler, chaque mineur immigrant nous coûte 45.000 euros par an (hôtel, encadrement, soins, etc etc )et ils sont quoi…? 50, 60.000, supposés moins de 15 ans ? A vos calculettes, vous avez deux minutes ! Oui, mais on ne peut pas faire autrement ! Alors ne faisons pas autrement, mais préparons nos mouchoirs, car nos lendemains… on en reparlera très vite.

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