¿ TAVUSSA ? (89) : Pauvres athlètes russes

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Ukraine : J 355  

Martin Fourcade, champion olympique, membre du CIO, président de la commission des athlètes de Paris 2024 s’est dit favorable au retour des athlètes russes et bélarusses (dans les compétitions internationales). Il a précisé que :
« un athlète ne devrait pas être banni ‘parce que son président se comporte comme un fou‘ ».

Dans la même ligne de pensée, beaucoup, anonymes ou pas, pensent tout bas ou déclarent tout haut qu’en cas d’interdiction, la déception de ces pauvres jeunes gens qui travaillent dur pendant des années pour concourir aux JO serait « trop injuste », comme on dit aujourd’hui dans nos écoles. Eh oui ! Ce serait trop injuste !

Pauvres athlètes russes ! Eux qui, pendant des générations ont subi à l’insu de leur plein gré tous les inconvénients du dopage institutionnel, eux qui sont à présent privés par sanction spéciale d’aller combattre en Ukraine les agresseurs nazis de la Sainte Russie pour la plus grand gloire de leur Tsar, faudrait-il les contrarier davantage en les privant de concourir aux Jeux Olympiques de Paris sous leur bannière nationale ?

La question est difficile. Mais pour une fois, la réponse est simple : oui !

Oui, il faut bannir les athlètes russes en tant que tels de toute participation aux J.O. et autres compétitions internationales tant que la paix n’aura pas été signée.

Pouvez-vous imaginer à quelles méthodes extrêmes et déjà éprouvées le Comité Olympique russe est prêt à se livrer pour assurer la victoire de ses athlètes dans chaque discipline ? Rappelez vous pourquoi la Fédération russe d’athlétisme russe a été suspendue après les JO de Sotchi en 2014, bon sang ! Mais ça, c’est un motif permanent, pas celui qui nous occupe cette année.

Pouvez-vous imaginer dans les conditions actuelles, un match de n’importe quoi, opposant une équipe russe à une équipe ukrainienne, ou polonaise, ou finlandaise, ou lituanienne, ou …

Pouvez-vous imaginer un seul instant, en cas de victoire russe dans n’importe quelle discipline, entendre l’hymne russe retentir dans le Stade de France, tandis que les officiels soviétiques et les journalistes russes exulteraient en glorifiant le système poutinien ?

La participation russe aux JO de Paris en tant que telle est inconcevable.  Et la déception de ces pauvres athlètes russes n’est pas une raison pour passer sur le scandale que serait leur participation officielle. Leur participation sous bannière olympique neutre est en préparation. Ce sera une couleuvre difficile à avaler pour beaucoup. Choquante dans son principe, elle sera un compromis ou une magouille auquel le CIO nous a habitué depuis longtemps.

Pourquoi la participation des athlètes russes sous bannière olympique est-elle choquante ? Vous voulez le savoir ? Eh bien, je vais vous le dire.

Il faut d’abord bien réaliser que les Jeux Olympiques, de Paris ou d’ailleurs (moi, j’aurais préféré ailleurs) sont d’abord une compétition entre nations. Il suffit pour s’en convaincre de voir la profusion de fanfares et d’emblèmes nationaux qui encombrent les stades et les écrans de télévision pendant les JO. Si on y ajoute le fait que parmi tous les tableaux de résultats dont on nous abreuve, celui qui est le plus commenté, le plus suivi, et par conséquent le plus important, c’est celui du nombre de médailles par pays, alors la cause est entendue : les JO sont une forme douce de guerre entre nations, et cela, depuis Olympia et les Grecs anciens. Les athlètes russes font comme les Français — souvent mieux — comme les Américains ou les Guatémaltèques : ils représentent leur pays, il se battent pour lui. C’est d’ailleurs ce qu’ils déclarent volontiers dès qu’on leur présente un micro.

Et maintenant l’estocade, et que Martin Fourcade ne vienne pas me dire que c’est un sophisme :

Le président Poutine n’est pas fou et sa politique impériale est assumée.
La population russe soutient la politique impériale de Poutine à 70 %.
Les athlètes russes sont russes.

Donc les athlètes russes soutiennent la politique impériale de Poutine à 70% (peut-être même davantage, car ils sont des favorisés du régime).

Exclure des Jeux Olympiques de Paris les athlètes russes sous bannière nationale est vraiment la moindre des choses. Les accepter sous drapeau olympique ? C’est une mesure de charité qui s’appliquerait à des individus, mais à des individus dont beaucoup soutiennent la guerre et dont certains reviendraient au pays, chargés de gloire et  de propagande.

Pour terminer, il faut aussi considérer la chose sous l’aspect suivant : la Russie a déjà été interdite de JO sous drapeau national, mais autorisée sour bannière olympique, pour dopage institutionnalisé. Dans ces conditions, serait-il décent ou même seulement logique d’appliquer la même sanction pour invasion d’un pays voisin, crimes de guerre sur les civils et les prisonniers, déportation de population, et tout ce que nous apprendrons plus tard sur ce conflit.

Alors, l’année prochaine, faudra-t-il vraiment accepter les Russes sous drapeau olympique ? Moi, si quelqu’un me demandais mon avis, je dirais non.

Une réflexion sur « ¿ TAVUSSA ? (89) : Pauvres athlètes russes »

  1. Il paraît que les russes réfléchissent à une possibilité: faire concourir leurs athlètes sous la bannière WAGNER gouvernée par Evgueni Prijoguine.

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