Journal de Campagne (21)
Dimanche 5 avril 2020
Gelée blanche
Ce matin, un merle sautille sur la gelée blanche de la pelouse tondue d’hier. Vus de ma fenêtre, les rejets d’herbe coupée y forment des lignes régulières, celles d’une portée musicale sur papier vert pâle. En s’y promenant, l’oiseau noir, note pleine, compose son ode au matin.
Pas mal, non ?
J’ai écrit ça jeudi dernier, à l’aurore.
Et depuis, je travaille à le mettre en vers.
Ce sera encore plus mignon.
Oui, aujourd’hui , je sais c’est court.
C’est court, mais c’est beau.
Et puis, c’est dimanche, merde !
Sublimes les deux premiers vers … Tu le publieras aussi en feuilleton ce poème ?
» c est tout?…c est un peu court jeune homme! »
esperons qu une trop stricte observance du carême n est pas la cause de cette disette littéraire , eT que demain » des l aube , à l heure où blanchit la campagne » notre Maître à tous
entamera avec détermination cette quatrième semaine de confinement.
La semaine dernière j’aurais pu écrire chaque jour dans mon journal (si j’en tenais un) tel Louis XVI en Juillet 1789 « Rien ». Mais aujourd’hui, je pourrais écrire quatre évènements marquants: 1/ levé de soleil inhabituel, ciel rougeoyant, atmosphère électrique; 2/ mon ami le Rouge Gorge trouvé mort sur la terrasse, un assassinat du greffier voisin ou une baston pour le territoire? 3/ rasage de ma barbe pour faire autant de pistes d’atterrissage en moins pour les covid-19 qui patrouillent dans l’air; 4/ enterrement dans l’intimité du Rouge Gorge au fond du jardin.