Les vélos

par Lorenzo Dell’Acqua

LES VÉLOS

La prolifération des vélos dans Paris m’attriste. Bien sûr, elle m’inquiète  aussi quand je suis au volant de ma voiture, ce qui est de plus en plus rare, et quand je prends moi aussi le mien. Mais pourquoi ce vélo avec lequel, et grâce auquel, j’ai découvert Paris tous les dimanches matin me fait-il désormais si peur ? Ma chute provoquée par un autre cycliste avec le coma de plusieurs heures qui l’a suivie en est la cause indirecte. Aujourd’hui, en effet, le danger ne vient plus des voitures mais de l’incivisme de la majorité des cyclistes qui ne connaissent et ne respectent aucune règle ni le moindre code de la route. En plus de leur incorrection, ils affichent un profond mépris des piétons surtout  âgés.

       J’ai le sentiment que l’usage croissant du vélo reflète la dégradation des conditions de vie des Parisiens. Pourquoi sont-ils de plus en plus nombreux à l’utiliser ? Parce que les restrictions à la circulation automobile empêchent désormais les étudiants et les adultes en activité de se déplacer en voiture et en bus dans Paris. Le cas des retraités est dramatique : point de salut pour

eux en dehors du métro …

Le vélo n’est plus le loisir merveilleux de ma jeunesse : il est devenu un moyen de transport incontournable que les Parisiens utilisent parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Les raisons en sont multiples : la durée des trajets en voiture et en autobus ne cesse de s’allonger, les parkings sont devenus hors de prix et les obstacles temporaires ou définitifs à la circulation se multiplient. Les déplacements dans Paris sont de plus en plus compliqués et une des principales victimes me semble être la convivialité. D’abord, le cycliste est un individualiste qui ne supporte pas que les non cyclistes et les feux rouges le ralentissent. Ensuite, les difficultés de circulation nous empêchent désormais de dîner chez des amis, d’aller au théâtre, au concert ou au cinéma autrement qu’en taxi à condition d’en avoir les moyens. Les Parisiens sortent de moins en moins de chez eux le soir et ce repli sur soi est le prélude à l’indifférence. On se croirait en plein Houellebecq …

Nos élus n’ont pas retenu l’exemple des villes de Province qui ont vu mourir leurs centres-villes parce que les rues commerçantes avaient été transformées en rues piétonnes interdites aux automobiles. Les magasins d’alimentation disparurent les premiers parce qu’il est impossible, quel que soit votre âge, de transporter à pied, et même en vélo, les provisions de toute la semaine. Ensuite, ce sont les autres magasins qui avaient fermé à l’exception des boutiques d’habillement même si demain la majorité des gens porteront des tee-shirts et des jeans achetés sur Internet. Mais, le pire, c’est que ces décisions aux conséquences irréversibles ont été prises sans avoir mis en place d’autres alternatives que des supermarchés en périphérie …

A Paris, le vélo a aussi remplacé la voiture pour des raisons financières. Hier, tous les Parisiens possédaient une voiture. Ce n’était pas un signe de richesse mais le moyen de se déplacer en toute liberté. Aujourd’hui, ils sont peu nombreux à envisager de faire cette dépense puisqu’ils ne peuvent plus s’en servir ni la garer. Et, paradoxalement, ce symbole de liberté a été supprimé par une administration socialiste.

J’espère qu’un jour les responsables de cette politique seront poursuivis en cas d’accidents de la voie publique impliquant des vélos. Il est inquiétant de voir de plus en plus de pères et de mères de famille se déplacer ainsi avec à leur bord, devant, derrière ou au milieu, un voire deux enfants, parfois casqués mais pas toujours. Or c’est bien la Mairie de Paris qui les a contraints à les transporter sur ces engins dangereux et à les exposer à des accidents graves.

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