Patchwork

Voici un poème en vers libres. (déjà publié le 18 octobre 2014)

Ils sont libres parce que je les ai libérés de la prison dans laquelle ils vieillissaient au plus profond de ma mémoire sans avoir vu le jour depuis mon baccalauréat.

Patchwork

Je suis venu calme orphelin
Vers les hommes des grandes villes
Rappelle-toi, Barbara,
Il pleuvait sans cesse sur Brest.
Un soir, t’en souvient-il ? Nous voguions en silence ;
Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l’incendie on voit fuir la fumée.
Du palais d’un jeune Lapin
Dame Belette un beau matin
S’empara ; c’est une rusée.
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie !
Avec le temps,
Avec le temps, va, tout s’en va
Poète prends ton luth:
Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure.
Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière.
Passe encore de bâtir, mais planter à cet âge !
Ça demande des mois d’turbin,
C’est une vie de galérien,
Jugeant la vie amère
Et voulant se donner quelque distraction,
Il servit à son père une décoction
Je me les sers moi-même, avec assez de verve
Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve.
Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres
Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux
Si tu reviens jamais danser chez Temporel
Un jour ou l’autre
Oui je viens dans son temple adorer l’Eternel
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Tout suffocant
Et blême quand
Sonne l’heure,
Je suis chevau-léger de la maison du Roi !
Plus vague et plus soluble dans l’air
Le temps ne fait rien à l’affaire,
Quand on est con, on est con.
Mais quand j’sors avec Hildegarde,
C’est toujours moi qu’on r’garde.
La fille de Minos et de Pasiphaé
Quand je pense à Fernande
La bêtise au front de taureau
C’est Vénus toute entière à sa proie attachée !
En chemise, madame Phèdre
Fait des mines de sapajou.
Comme je descendais des fleuves impassibles
C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit
J’étais seul l’autre soir au Théâtre Français
A voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux
Que des chiens dévorants se disputaient entre eux.
Ce sont les cadets de Gascogne
De Carbon de Castel-Jaloux ;
On dirait le Sud,
Le temps dure longtemps
Frères humains qui après nous vivez
Vivez si m’en croyez, n’attendez à demain.
Vivre entre ses parents le reste de son âge.
J’ai vingt-six ans, mon vieux Corneille,
Et je t’emmerde en attendant.
Bon appétit, messieurs !
Adieu, veau, vache, cochon, couvée !

 

2 réflexions sur « Patchwork »

  1. INDEX

    Je suis venu calme orphelin
    Riche de mes seuls yeux tranquilles
    Vers les hommes des grandes villes.                                 Verlaine
    Rappelle-toi, Barbara,
    Il pleuvait sans cesse sur Brest.                                        Prévert
    Un soir, t’en souvient-il ? Nous voguions en silence ;      Lamartine
    Les nuages couraient sur la lune enflammée
    Comme sur l’incendie on voit fuir la fumée.                    Vigny
    Du palais d’un jeune Lapin
    Dame Belette un beau matin
    S’empara ; c’est une rusée !                                              La Fontaine
    N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie !               Corneille
    Avec le temps,
    Avec le temps, va, tout s’en va.                                        Ferré
    Poète prends ton luth:                                                       Musset
    Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps.             Brassens
    Je me souviens
    Des jours anciens
    Et je pleure.                                                                       Verlaine
    Mes chers amis, quand je mourrai,
    Plantez un saule au cimetière.                                           Musset
    Passe encore de bâtir, mais planter à cet âge !                  La Fontaine
    Ça demande des mois d’turbin,
    C’est une vie de galérien.                                                 Vian
    Jugeant la vie amère
    Et voulant se donner quelque distraction,
    Il servit à son père une décoction.                                    Fourest
    Je me les sers moi-même, avec assez de verve
    Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve.             Rostand
    Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres
    Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux,         Hugo
    Si tu reviens jamais danser chez Temporel
    Un jour ou l’autre…                                                         Béart
    Oui je viens dans son temple adorer l’Eternel !                Racine
    Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté,                                                    Baudelaire
    Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague.             Brel
    Tout suffocant
    Et blême quand
    Sonne l’heure,                                                                   Verlaine
    Je suis chevau-léger de la maison du Roi,                        Rostand
    Plus vague et plus soluble dans l’air.                                 Verlaine
    Le temps ne fait rien à l’affaire,
    Quand on est con, on est con.                                          Brassens
    Mais quand j’sors avec Hildegarde,
    C’est toujours moi qu’on r’garde,                                     Vian
    La fille de Minos et de Pasiphaé.                                     Racine
    Quand je pense à Fernande,                                             Brassens
    C’est Vénus toute entière à sa proie attachée !                 Racine
    Dans un fauteuil en bois de cèdre
    (à moins qu’il ne soit d’acajou)
    En chemise, madame Phèdre
    Fait des mines de sapajou.                                                Fourest
    Comme je descendais des fleuves impassibles,                Rimbaud
    C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit ;               Racine
    J’étais seul l’autre soir au Théâtre Français                       Musset
    A voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse
    Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.         Vigny
    Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux
    Que des chiens dévorants se disputaient entre eux :        Racine
    Ce sont les cadets de Gascogne
    De Carbon de Castel-Jaloux ;                                           Rostand
    On dirait le Sud,
    Le temps dure longtemps.                                                Ferrer
    Frères humains qui après nous vivez,
    Vivez si m’en croyez, n’attendez à demain,                      Villon
    Vivre entre ses parents le reste de son âge.                      du Bellay
    J’ai vingt-six ans, mon vieux Corneille,
    Et je t’emmerde en attendant.                                           Renard
    Bon appétit, messieurs !                                                    Hugo

  2. Pour un oui, pour un non, se battre, – ou faire un vers!
    Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui là!

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