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Life is a walking shadow

SEYTON

—The queen, my Lord, is dead,
—La reine est morte, mon Seigneur.

MACBETH

—She should have died hereafter;
There would have been a time for such a word.
To-morrow, and to-morrow, and to-morrow,
Creeps in this petty pace from day to day,
To the last syllable of recorded time;
And all our yesterdays have lighted fools
The way to dusty death. Out, out, brief candle!
Life’s but a walking shadow, a poor player,
That struts and frets his hour upon the stage,
And then is heard no more. It is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing.
—Elle aurait dû mourir plus tard :
il serait arrivé un moment auquel aurait convenu une semblable parole.
Demain, demain, demain,
se glisse ainsi à petits pas d’un jour à l’autre,
jusqu’à la dernière syllabe du temps inscrit ;
et tous nos hier n’ont travaillé, les imbéciles,
qu’à nous abréger le chemin de la mort poudreuse. Éteins-toi, éteins-toi, court flambeau :
la vie n’est qu’une ombre qui marche ; elle ressemble à un comédien
qui se pavane et s’agite sur le théâtre une heure ;
après quoi il n’en est plus question ; c’est un conte
raconté par un idiot plein de bruit et de fureur,
et qui ne signifie rien.

William Shakespeare – Macbeth – Acte V Scène V

ET DEMAIN, LA SORBONNE

Les nouvelles aventures de William Shakespeare (8)

La date exacte de la rencontre entre Walrus Carpenter et William Shakespeare reste imprécise. Selon le professeur Adderley Sleepsmouth, elle se situe à la fin de l’année 1599, probablement entre la Toussaint et la Saint-Damase. Ce dont ce bon vieil Adderley est certain, c’est que c’était un mercredi.

A cette époque, Shakespeare était en panne d’inspiration. Deux ans auparavant, il avait écrit dans la foulée Richard II et Richard III. L’histoire d’Angleterre ne lui fournissant plus de Richard, il décida d’entreprendre une nouvelle saga sur les Henri. En moins de soixante-douze semaines, il écrivit et produisit sur scène Henri IV, Henri V et Henri VI. Mais les Henri commençaient à lasser le public et l’audience de la série diminuait d’un épisode à l’autre. Et puis William lui-même en avait assez de ces héros récurrents : après Henri VI viendrait forcément Henri VII, puis Henri VIII et pourquoi pas Henri IX pendant qu’on y était ? Il se résolut donc à abandonner les Henri. Et c’est pour cette raison que, depuis au moins une semaine et demie, il n’avait rien écrit de valable, si ce n’est deux alexandrins —et en français s’il vous plait — dont on sait ce qu’il advint (voir les Nouvelles Aventures de W.S. n°4). Bref, William n’écrivait plus. Le Cygne de Stratford-Upon-Avon rongeait sa plume de désespoir et ne buvait pratiquement plus que du thé tiède à peine infusé. Il ne se nourrissait que de fameuses grouses aux petits pois et ce n’était que d’une main molle qu’il continuait à lutiner Emma (Emma Gussip – 1561-1643), la servante de l’auberge du Cygne et de la Cheminée (voir la note n°1 des N.A.W.S. n°2). Bref, il dépérissait.

Walrus Carpenter, lui, était en pleine forme. Tout lui réussissait. Sa jeune épouse Continuer la lecture de Les nouvelles aventures de William Shakespeare (8)

Les nouvelles aventures de William Shakespeare (5)

Le décor représente l’intérieur d’une librairie-charcuterie. Deux est habillé en evzone de première catégorie. Il est occupé à ramasser des avis d’imposition qui jonchent le sol. Un entre côté jardin. Il porte un sobre costume de hallebardier lithuanien, légèrement élimé.

 

Un     —Bonjour, Deux !

Deux     —Tiens, bonjour, Un !

Un     —Dites-moi, Deux, saviez-vous que William Shakespeare chaussait du 36 ?

Deux     — Seulement ?

Un     — Seulement

Deux     —C’est peu pour un grand écrivain

Un     —Ça suffit

Deux     —Vous croyez ?

Un     —Amplement

Deux     —Eh bien alors, bonsoir !

Un     —C’est cela, bonsoir !

Un sort coté jardin.

Deux    —Ce type !  Quel fat !

Rideau

… ET DEMAIN, « A FAIRE PLEURER BILLANCOURT » PAR UNE DÉPUTÉE COMMUNISTE

 

Les Nouvelles Aventures de William Shakespeare (4)

Par un beau matin de 1584, alors qu’il finissait sa troisième carafe de vin d’Anjou à l’Auberge du Cygne et du Marteau, William saisit sa plume et écrivit d’un seul trait ces deux vers :

Oh combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines

puis il s’arrêta, la plume en l’air et les yeux au ciel, dans la position qu’il avait l’habitude de prendre quand il voulait faire croire à ses camarades de beuverie qu’il réfléchissait. Il venait en fait de réaliser qu’aucun poète anglais n’avait jamais écrit ni en alexandrins ni en français. Il chiffonna donc le parchemin et le jeta par-dessus son épaule.

Comment cet inestimable document est parvenu à travers le temps et l’espace jusque sur le bureau de Victor Hugo est une autre histoire, et passionnante, je vous prie de croire ! Mais là, il est tard.

 

… ET DEMAIN, « L’HOMME DES PLAGES » PAR PATRICK MODIANO

Les Nouvelles Aventures de William Shakespeare (2)

Il y a exactement 422 ans, le 24 Juillet 1595, William Shakespeare rencontrait Christopher Marlowe pour la première fois. Cette rencontre historique, soigneusement organisée par le hasard (car il tenait à bien faire les choses), se tint à l’auberge du Cygne et de la Couronne (1) sur la rive gauche de la Tamise dans les environs de Londres. Les deux hommes déjeunèrent d’un bouillon de poulet au gingembre, d’un rôti de dinde accompagné de ses salsifis et de sa sauce gravy et de vin d’Anjou (2). Au bout de trois heures de ripailles, William quitta la table précipitamment car il voulait arriver  à l’heure au Globe Theater où il tenait un rôle de hallebardier bègue dans une comédie lamentable et en latin de Sebastian Wescott.  C’est alors que Marlowe fit cette sortie restée dans toutes les mémoires :

—Eh oui ! Etre ou ne pas être en retard, voilà la question !

Plus tard, William affirma qu’il n’avait pas entendu la remarque de Marlowe, prétendant qu’il était déjà sorti de l’estaminet quand Christopher l’avait prononcée.

La réponse de Marlowe ne se fit pas attendre :

—Mon œil ! dit-il d’un air prémonitoire (3)(4).

Notes

1- En 1592, l’Auberge du Cygne et du Marteau était la propriété d’Arnie « Doubledeck » Guttentag, qui mourut subitement l’année suivante de la chute d’une souche de cheminée. Une exhumation récente de son corps, financée par la S.C.C.W.S.Q. (Société des Coupeurs de Cheveux de William Shakespeare en Quatre), a permis de découvrir qu’Arnie « Doubledeck », contrairement à ce que la S.F.H.A.W.S. (Société des Faiseurs d’Histoires autour de William Shakespeare) prétendait depuis près de quatre siècles, n’avait pas reçu la cheminée sur la tête, mais qu’elle était tombée si près de lui qu’il en avait fait un arrêt cardiaque, ce que laissait présager son embonpoint, déjà souligné par son surnom de Doubledeck. Malgré l’énorme intérêt de cette découverte, qui permit notamment de mettre un terme à la dispute séculaire qui régnait entre la S.F.H.A.W.S. et le Département de Médecine Cardiovasculaire de l’Université d’Oxford (D.M.C.U.O.), elle demeura totalement ignorée du grand public, et c’est tant mieux !  En 1598, l’auberge fut reprise par son neveu, Audrey « Baldie » Fitzgarlic. Il rebaptisa aussitôt l’établissement du nom d’ « Auberge du Cygne et de la Cheminée ». Les spécialistes considèrent aujourd’hui que c’est principalement ce changement de raison sociale qui entraina la faillite rapide de l’Auberge, ça et le fait qu’Audrey « Baldie » Fitzgarlic avait tendance à servir sa bière allongée d’eau et beaucoup trop froide. L’emplacement du Cygne et de la Couronne est aujourd’hui occupé par un magasin spécialisé dans la vente de livres et accessoires érotiques et dont l’enseigne proclame « Come and get it, you dirty you ! » Depuis trois ans, la S.I.C.P.A.S.U.A (Société Immobilière pour la Conservation du Patrimoine de l’Aigle de Stratford Upon Avon) est en négociation avec le propriétaire de « Come and get it, you dirty you ! » pour racheter l’ancienne Auberge du Cygne et du Marteau dont les murs résonnent encore des paroles prononcées par les deux géants de la littérature élisabéthaine.

2- Le menu complet de ce déjeuner et les quantités absorbées figurent dans l’opuscule de Sir Willoughby Crumblethorn (1853-1954) : « What Shakespeare really ate »

3- Tout le monde sait que Christopher Marlowe mourut moins d’un an plus tard d’un coup de couteau dans l’œil. Ah bon ? Vous ne le saviez pas ?

4- De l’éditeur à l’auteur : merci de préciser ce qu’est un air prémonitoire et comment on fait pour le prendre.

La vie n’est qu’un théâtre et chacun y joue son rôle (W.S.)

(…) Or, qu’est-ce que la vie, sinon une sorte de comédie où chacun remplit son rôle sous un déguisement qu’il change souvent, si souvent que roi tout à l’heure sous la pourpre, le même acteur reparaît l’instant d’après esclave sous des haillons, jusqu’à ce qu’enfin l’imprésario le force à quitter la scène ! Telle est, sur ce monde sans consistance, la farce qui se joue chaque jour.

Erasme 
Eloge de la folie (cinquième jour des ides de juin 1508)

Le monde entier est un théâtre, et les hommes et les femmes ne sont que des acteurs ; ils ont leurs entrées et leurs sorties. Un homme, dans le cours de sa vie, joue différents rôles ; et les actes de la pièce sont les sept âges.

William Shakespeare
Comme il vous plaira

La guerre civile

Mars 44 avant JC.     César vient d’être assassiné.    Antoine, ami de César, est seul dans le théâtre de Pompée. Il contemple le corps de César et annonce la guerre civile.
…La malédiction va fondre sur la tête des hommes ; les fureurs intestines, la terrible guerre civile vont envahir toutes les parties de l’Italie. Le sang, la destruction seront des choses si communes, et les objets effroyables deviendront si familiers, que les mères ne feront plus que sourire à la vue de leurs enfants déchirés des mains de la guerre. Toute pitié sera étouffée par l’habitude des actions atroces ; et conduisant avec elle Até, sortie brûlante de l’enfer, l’ombre de César promènera sa vengeance, criant d’une voix puissante dans l’intérieur de nos frontières : Carnage ! Et alors seront lâchés les chiens de la guerre, jusqu’à ce qu’enfin l’odeur de cette action exécrable s’élève au-dessus de la terre avec les exhalaisons des cadavres pourris, gémissant après la sépulture.
Shakespeare (Jules César)