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La Règle du jeu – Critique aisée n°235 (intégral)

temps de lecture : 20 minutes

Et pour ceux qui ont vingt minutes à perdre ou qui préfère lire tout d’un coup, voici la version intégrale, in extenso, de la totalité du texte en son entièreté et sans coupure.

Critique aisée n°234

La Règle du jeu
Jean Renoir – 1939
Marcel Dalio, Nora Grégor, Jean Renoir, Roland Toutain, Paulette Dubost, Julien Carette, Gaston Modot…

La première fois
La première fois que j’ai vu La Règle du jeu, c’était au Champollion. Pas à l’Actua-Champo, non, dans la grande salle, au Champo.
La grande salle du Champollion ! Cent places ? Cent cinquante ? Légèrement en pente, elle était si petite que, pour pouvoir projeter sur un écran de taille acceptable, le propriétaire avait fait installer un système très particulier : par le truchement d’un périscope, le film était projeté sur le mur du fond de la salle où un miroir renvoyait les images sur l’écran. L’Actua-Champo, dont la salle était encore plus petite, ne bénéficiait pas, je crois, de ce système ; c’est dire la taille de l’écran.
Mais la première fois que j’ai vu La Règle du jeu, c’était bien au Champollion, dans la grande salle.
Je devais avoir 17, 18, 19 ans tout au plus. C’était l’été, les vacances… le mois d’août plus précisément. Il faisait chaud, sûrement. J’étais seul. À ce moment-là, je n’avais pas de petite amie, ou alors elle n’était pas là, je ne sais plus. Il devait être Continuer la lecture de La Règle du jeu – Critique aisée n°235 (intégral)

La Règle du Jeu – Critique aisée n°235 – (3/3)

(…) ils ont tous leurs défauts, leurs faiblesses, leurs snobismes, mais aucun n’est traité avec mépris ni méchanceté, ni même avec condescendance, car comme Octave dit à Jurieux : « Tu vois, mon vieux, dans la vie, le problème, c’est que tout le monde a ses raisons ». Autrement dit, il ne faut pas juger les gens car ils ont tous leurs raisons… Tolérance, humanisme, c’est toujours le point de vue de Renoir.

C’est à cause des acteurs !
Ah oui ! Les acteurs !
D’abord Marcel Dalio, à contre-emploi, habitué aux rôles de juif ou de personnage trouble, se voit ici confier celui d’un aristocrate, léger, faible mais foncièrement généreux. il trouve ici peut-être son meilleur rôle au cinéma. La scène muette où, ravi aux anges comme seul un enfant peut l’être,  il présente à ses amis l’orgue de barbarie qu’il vient d’acquérir est un monument d’émotion.
Ensuite, Jean Renoir lui-même. Il est absolument Continuer la lecture de La Règle du Jeu – Critique aisée n°235 – (3/3)

La Règle du Jeu – Critique aisée n°235 – (2/3)

temps de lecture : 8 minutes

(…) mais jamais encore je n’avais été et jamais plus je ne serai pris à ce point dans un film, enveloppé, transporté par lui, du début jusqu’à la fin. Tous mes visionnages ultérieurs de La Règle du jeu ont confirmé, et même parfois, grâce à une meilleure connaissance du cinéma, renforcé cette première impression.

Pourquoi ?
Par la suite, j’ai souvent été tenté de faire partager ma passion pour La Règle du jeu à d’autres, parents, amis, tous plus ou moins cinéphiles, mais jamais je n’ai rencontré de véritable âme sœur sur ce sujet. J’obtenais surtout deux types de réactions à mon enthousiasme : d’abord celle que j’appellerai la réaction Proustienne, et ensuite l’autre, la réaction Alternative.
Le nom de la première vient de ce qu’elle ressemble à la position de beaucoup devant qui Continuer la lecture de La Règle du Jeu – Critique aisée n°235 – (2/3)

La Règle du Jeu – Critique aisée n°235 – (1/3)

temps de lecture : 8 minutes

Critique aisée n°235

La Règle du jeu
Jean Renoir – 1939
Marcel Dalio, Nora Grégor, Jean Renoir, Roland Toutain, Paulette Dubost, Julien Carette, Gaston Modot…

La première fois
La première fois que j’ai vu La Règle du jeu, c’était au Champollion. Pas à l’Actua-Champo, non, dans la grande salle, au Champo.
La grande salle du Champollion ! Cent places ? Cent cinquante ? Légèrement en pente, elle était si petite que, pour pouvoir projeter sur un écran de taille acceptable, le propriétaire avait fait installer un système très particulier : par le truchement d’un périscope, le film était projeté sur le mur du fond de la salle où un miroir renvoyait les images sur l’écran. L’Actua-Champo, dont la salle était encore plus petite, ne bénéficiait pas, je crois, de ce système ; c’est dire la taille de l’écran.
Mais la première fois que j’ai vu La Règle du jeu, c’était bien au Champollion, dans la grande salle.
Je devais avoir 17, 18, 19 ans tout au plus. C’était l’été, les vacances… le mois d’août plus précisément. Il faisait chaud, sûrement. J’étais seul. À ce moment-là, je n’avais pas de petite amie, ou alors elle n’était pas là, je ne sais plus. Il devait être 4 heures de l’après-midi et je passais Continuer la lecture de La Règle du Jeu – Critique aisée n°235 – (1/3)

La Grande illusion – Critique aisée n°233

Critique aisée 233

La grande illusion
Jean Renoir – 1937
Gabin, Fresnay, Dalio, Von Stroheim, Carette

Il y a deux différences essentielles entre les deux films les plus célèbres de Jean Renoir, La Grand illusion (1937) et La Règle du jeu (1939) : la première est que La Grande illusion est un film d’un grand classicisme, tandis que La Règle du jeu est un film moderne, fantasque et foisonnant. La deuxième différence, c’est que le premier connut un grand succès commercial et critique, dont l’Oscar du film étranger en 1939, alors que le second fut un colossal échec critique et commercial. Ce n’est qu’avec l’apparition de la Nouvelle Vague qu’il fut reconnut progressivement par tous comme l’un des plus grand films de l’histoire du cinéma. 

Un de leurs points communs est que Continuer la lecture de La Grande illusion – Critique aisée n°233

Rendez-vous à cinq heures : souvenir de cinema (40)

La page de 16h47 est ouverte…

Qui a peur de Virginia Woolf
Mike Nichols 1966

Elizabeth Taylor, Richard Burton
d’après rapièce d’Edward Albee – 1962

Sans doute la pièce la plus dure que j’ai jamais vue, la scène de ménage la plus dense qu’on aie jamais montrée, le spectacle le plus éprouvant qu’on puisse voir. Le film, j’ai dû le voir 4 ou 5 fois, la pièce, deux fois seulement : la première par une troupe amateur de l’US Navy à Athènes (la scène était un ring de boxe), la seconde dans un théâtre à Paris (la salle était remplie de jeunes gens qui riaient continuellement et bêtement aux grossièretés dont le dialogue est rempli. 

L’interprétation de Burton et Taylor, couple maudit à la ville comme à la scène, est d’une incroyable intensité et si vous ne sortez pas de là épuisé et les tripes nouées, c’est que vous avez la sensibilité d’une enclume. 

En France, la pièce avait été créée en 1964 par Raymond Gérôme et Madeleine Robinson sur une mise en scène de Franco Zefirelli. On a dit que les représentations avaient dû être interrompues parce que Raymond Gérôme et Madeleine Robinson, emportés par leurs personnages, se flanquaient sur scène de véritables peignées. Voici une scène dans laquelle Elizabeth Taylor est au summum de son talent dans l’incarnation de la vulgarité et où Richard Burton lui donne la réplique dans la distinction désabusée jusqu’à ce que…. 

CLIQUEZ SUR LE LIEN CI-DESSOUS

https://www.youtube.com/watch?v=XWgIOb_U2Hc

 

 

Rendez-vous à cinq heures : souvenir de cinéma (39)

La page de 16h47 est ouverte…

Les enchaînés
Alfred Hitchcock – 1946
Cary Grant, Ingrid Bergman

Vous le savez depuis longtemps, le film d’Hitchcock que je préfère, c’est Fenêtre sur cour, mais Les Enchainés n’arrivent pas loin derrière, avec d’autres bien sûr, comme La Mort aux trousses, Le Crime était presque parfait, L’Inconnu du Nord Express…

Aujourd’hui, vous allez pouvoir revoir une scène de ce film d’espionnage dans laquelle Ingrid Bergman, qui a épousé sur ordre de Cary Grant, agent américain, un homme d’affaire nazi. Au cours d’une soirée mondaine, elle doit accéder à la cave où se trouve le noeud d’une conspiration nazi. 

 

Rendez-vous à cinq heures : souvenir de cinema (38)

La page de 16h47 est ouverte…

La femme du boulanger
Marcel Pagnol – 1938

Non, ce n’est pas la scène de la chatte Pomponette que je vais vous donner, mais une scène moins connue, mais plus drôle et merveilleusement jouée par toute la bande à Pagnol.

La femme du boulanger est partie avec un beau berger et, depuis, le boulanger ne fait plus de pain. Alors, tout le village recherche vainement les deux amants pour ramener sa femme au boulanger. Mais voilà que Maillefer les a vus. Il sait où ils sont et il va le dire. Mais, Maillefer, « c’est une vraie tête de bourrique ! »

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Rendez-vous à cinq heures : souvenir de cinéma (37)

La page de 16h47 est ouverte…

Entrée des artistes
Marc Allégret – 1938
Louis Jouvet…

Sans atteindre à celle que j’ai pour La Règle du Jeu, mon admiration pour ce film est des plus grandes. D’ailleurs, j’ai déjà donné ici même un extrait merveilleux, la scène de la blanchisserie. C’était il y a quatre ans. Aujourd’hui, c’est une scène de cours de théâtre. On y reconnaitra surement Bernard Blier, tout jeune et joufflu, et moins certainement celui qui n’arrive pas à dire passionnément « Vous, c’est vous ». D’ailleurs, il n’a jamais fait carrière en tant que comédien. Par contre, en tant qu’auteur dramatique !… C’était André Roussin.

 

 

Rendez-vous à cinq heures : souvenir de cinéma (36)

La page de 16h47 est ouverte…

To be or not to be
Ernst Lubitsch – 1942

Jeux dangereux est plus connu des cinéphiles sous son titre original : To be or not to be. Il fait partie des chefs d’oeuvre de la comédie américaine. Le sujet, c’est, dans la Varsovie de 1939 occupée,  les démêlées d’une troupe de théâtre polonaise avec les troupes d’occupation nazies. 

Dans nos jeunes années, mes amis et moi en connaissions par coeur des répliques entières. La seule que je me rappelle aujourd’hui est celle-ci : «So, they call me Concentration Camp Ehrhardt ! Ah ! Ah ! Ah !» Bien sûr, sortie de son contexte, elle n’est absolument pas drôle. Pourtant elle me fait toujours rire. 

Le rôle principal masculin est tenu par Jack Benny, comédien, humoriste, homme de radio et de télévision, extrêmement connu à l’époque. Le premier rôle féminin est tenu par la superbe Carole Lombard, dont ce fut le dernier rôle, disparue quelques mois après la fin du tournage dans un accident d’avion. On pourra y reconnaitre Robert Stack, futur patron des Incorruptibles à la télévision. 

Pour moi, To be or not to be est une des comédies les plus drôles de tous les temps. Dans la scène que vous allez voir si vous cliquez sur le lien proposé, le barbu, c’est Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures : souvenir de cinéma (36)