Archives par mot-clé : Théâtre

4- En un mot comme en cent (4) : Berlin, Berlin

Berlin, Berlin
Gérald Sibleyras et Patrick Haudecœur
Théâtre Fontaine – 80 minutes – 44€ – 2 Molières

Sur la lancée de parodies souvent réussies, après Thé à la menthe ou t’es citron ?, très réussi, après Froufrou les bains, très honorable, voici Berlin, Berlin, la nouvelle pièce de Gérald Sibleyras et Patrick Haudecœur, 2 Molière en 2022, meilleure comédie, meilleur acteur.

Le thème est original, c’est encore une parodie, ce n’est pas vulgaire, pas grossier, pas méchant, pas choquant ; c’est nul, tout simplement nul, nul au sens mathématique, égal à zéro, vide, sans intérêt, inexistant.

Ce n’est pas drôle, c’est sans esprit, sans dialogue, sans rythme. Le dénouement est totalement bâclé. Les comédiens se contentent de répéter en les étirant les deux mêmes effets pendant les 80 minutes de la pièce : glorification décalée de Staline et du régime soviétique en RDA,  ahurissement permanent de l’un des personnages.
Si cette pièce avait été écrite en deux jours par des G.O. du Club Med de Djerba au début des Continuer la lecture de 4- En un mot comme en cent (4) : Berlin, Berlin

Le roi Lear – Critique aisée n°253

temps de lecture : 4 minutes

Critique aisée n°253

Le roi Lear
(d’après) William Shakespeare
Nouvelle traduction de Olivier Cadiot
Mise en scène de Thomas Ostermeier
Rôle-titre : Denis Podalydès
Comédie Française – Salle Richelieu
Pathé Cinéma – Les Fauvettes — 25€

Ô vous mes lecteurs dont les visites au JdC sont aussi fréquentes que les averses sur la noble ville de Londres, vous qui scrutez mes amicaux avis avant de vous risquer dans l’aventure théâtrale comme le Concarnois scrute la couleur du soleil couchant avant de larguer les amarres pour les bancs poissonneux des mers septentrionales, vous qui ne faites pas plus confiance aux avis de Télérama que le paysan aux conseils de la Chambre Syndicale, vous le savez maintenant, vous le savez que je hais le théâtre et que j’adore Shakespeare ! Oui, je l’adore, le Barde, au point de lui avoir inventé la meilleure partie de sa vie dans une série mémorable et oubliée (Les Nouvelles Aventures de William Shakespeare) et je hais le théâtre au point d’aller voir Le Roi Lear au cinéma ; parce qu’au cinéma, c’est confortable, enfin… plus qu’au théâtre, qu’au cinéma, c’est moins cher, beaucoup moins cher, et qu’on y voit et qu’on y entend mieux, vachement mieux.

L’autre soir, la première salle du cinéma Les Fauvettes de l’avenue Continuer la lecture de Le roi Lear – Critique aisée n°253

Je hais le théâtre !

temps de lecture : 4 minutes

Je hais le théâtre !
ou
Elvire Jouvet 40

Combien de fois ai-je dit que je n’aimais pas le théâtre ?
Des centaines….
Il m’est arrivé même de le crier en traversant le foyer pour en sortir.

Combien de fois l’ai-je écrit ?
Presque autant de fois…

Combien de fois l’avez-vous lu dans le Journal des Coutheillas ?
Je l’ignore, mais si vous en êtes un lecteur, même occasionnel, ma détestation proclamée du théâtre n’a pas pu vous échapper.

Combien de fois n’ai-je pas protesté contre la facilité, l’indigence d’une pièce à succès ou la creuse prétention d’une pièce d’avant-garde, contre les marmonnements et les chuchotis de certains comédiens inarticulés — Atricule, mon vieux ! Atricule ! disait Jouvet. Les gens sont venus pour t’entendre ! Alors, atricule ! —  contre les mises en scène qui cachent une partie du jeu pour une partie des spectateurs, contre l’incompréhensible et incommensurable inconfort des sièges, incompatibles avec l’incompressible morphologie du terrien moyen de ce début de siècle ? Combien Continuer la lecture de Je hais le théâtre !

L’Avare – Critique aisée n°231

Critique aisée n°231

L’Avare
Molière – 1668
Mise en scène : Lilo Baur
Harpagon : Laurent Stocker

Disons tout de suite que l’Avare n’est pas la pièce de Molière que je préfère. Vous me connaissez, moi, je serais plutôt du genre misanthrope, bourgeois gentilhomme, malade imaginaire ; ou alors femme savante, précieuse ridicule même, quelques fois, mais pas trop, tartuffe. Mais l’avare, non, pas vraiment.

Et puis, vous me connaissez aussi sur ce point : je trouve que le théâtre, c’est tard le soir, loin de chez moi, inconfortable, cher et souvent décevant. Alors… Par contre,  j’ai déjà eu l’occasion de vous dire tout le bien que je pense de ces classiques , filmés dans la salle de la Comédie Française un soir de spectacle et que l’on peut voir (une seule fois) en direct dans certaines salles de cinéma ou (en différé) certains jours Continuer la lecture de L’Avare – Critique aisée n°231

Beaucoup de bruit pour rien – Critique aisée n°230

Critique aisée n°230

Much ado about nothing
William Shakespeare – 1599
Kenneth Branagh -1993
K.Branagh, Emma Thompson, Denzel Washington, Keanu Reeves, Michael Keaton…

Puisque ce journal s’est consacré récemment à la véritable histoire de William Shakespeare, dont on ne sait toujours pas s’il a vraiment existé, il est temps de parler  des pièces dont on sait au moins qu’elles ont été signées de son nom.

Aujourd’hui, ce sera « Much ado about nothing ».

En anglais, le premier sens de ado c’est foin. Bien sûr, Beaucoup de foin pour rien, on aurait compris, mais ça faisait trop penser à un discours de François Hollande, alors on a choisi Beaucoup de bruit pour rien (ce qui fait penser à un concert de Johnny Halliday, mais bon…)

Beaucoup de bruit pour rien. Rarement jouée en dehors du Royaume Uni, cette comédie a fait l’objet d’un film en Continuer la lecture de Beaucoup de bruit pour rien – Critique aisée n°230

J’habite ici – Critique aisée n°219

Critique aisée n°219 

J’habite ici

Jean-Michel Ribes – Théatre du Rond Point – 2021

L’autre soir, nous sommes allés au théâtre avec des amis.

Ç’aurait pu être une bonne soirée : nous avions échappé à la pluie, nous étions en avance, nos amis étaient à l’heure, la table était bien réservée au restaurant du théâtre, la salle était agréable, la serveuse était belle, aimable et efficace, le repas bon et la conversation brillante.

Ç’aurait pu être une bonne soirée, vraiment. Mais il y a eu la pièce…

« J’habite ici », la dernière pièce de Jean-Michel Ribes, ce schtroumpf suffisant et parfois drôle.

Cette pièce, je ne peux même pas en faire une « Critique aisée », car il n’y a absolument rien à en dire.

Si, deux choses : la salle est assez confortable et la pièce est plutôt courte, et pour tout cela Merci mon Dieu.

Et puis, si, quand même, allons-y : Continuer la lecture de J’habite ici – Critique aisée n°219

Le Porteur d’Histoire – Critique aisée n°199

Critique aisée n°199

Le Porteur d’Histoire
Alexis Michalik
Théâtre des Béliers, Paris 18°

Pour commencer, le théâtre était à perpette, rue Sainte-Isaure, sur le flanc nord de la butte Montmartre, mais plus près du périphérique que du Sacré-Coeur, c’est tout dire.
Ensuite, depuis un mois c’était la grève. Une dizaine de pour cents des employés de la RATP bloquait Paris dans de gigantesques embouteillages. Alors, il fallait prendre ses précautions parce que le spectacle commençait à 19 heures, la pointe de l’heure de pointe. Être précautionneux, cela voulait dire prévoir deux Continuer la lecture de Le Porteur d’Histoire – Critique aisée n°199

Phèdre – Critique aisée n°193

Critique aisée n°193

Phèdre
Jean Racine
Mise en scène : Brigitte Jaques-Wajeman
Rôle titre : Raphaële Bouchard
Par le Théâtre de la Ville au Théâtre des Abbesses.

Cette fois-ci, nous n’avons marché qu’une heure et demi dans un Paris privé de Métro pour parvenir jusqu’au Théâtre des Abbesses, qui abrite le Théâtre de la Ville pour le temps de son interminable rénovation.

Quand même pas à la taille du Théâtre de la Ville (1000 places), celui des Abbesses (400 places) est cependant un vrai théâtre, d’architecture greco-moderne, moins confortable qu’il n’y parait au premier abord, mais avec une salle plutôt pentue qui permet de bien voir de partout. (Bien entendre de partout, c’est une autre histoire et on y reviendra.)

Avant ce soir là, je n’avais vu Phèdre qu’une seule fois. Maria Casarès tenait le rôle titre, Alain Cuny était Thésée et Jean Vilar était à la fois Théramène et metteur en scène. C’était au TNP. Nous y avions été traîné par notre école. Je n’avais pas seize ans. Je me souviens du décor minimaliste, juste un petit banc sur un grand Continuer la lecture de Phèdre – Critique aisée n°193

Trois femmes – Critique aisée n°191

Critique aisée n°191

Trois femmes
Catherine Anne
Catherine Hiegel, Clotilde Mollet, Milena Csergo
Théâtre Le Lucernaire (dernière représentation le 5 Janvier 2020)

 Comment ? Dernière représentation le 5 janvier 2020 ! Mais nous sommes déjà le 6 ! Alors à quoi bon nous donner la critique d’une pièce que nous ne pourrons de toute façon pas voir avant son hypothétique reprise en novembre 2023 à l’Alcazar de Rodez ou à l’Espace André Lejeune de Guéret (dans la Creuse) ?
C’est la question que vous vous posez probablement en ce moment même.

Ma réponse pourrait être : « Oui ! À quoi bon ? » ce qui permettrait au moins d’arrêter là la discussion. Mais moi, j’ai un article à faire. Il fait bien que je publie quelque chose en ce lundi matin. Alors pourquoi pas la critique d’une pièce que personne Continuer la lecture de Trois femmes – Critique aisée n°191

Au Lucernaire –  Chronique ordinaire d’un dimanche d’hiver

Le Lucernaire, vous connaissez ?

Il s’est installé il y a une quarantaine d’années Rue Notre-Dame des Champs dans les locaux d’une ancienne usine de chalumeaux. On y trouve aujourd’hui 3 salles de cinéma, 3 salles de théâtre (le Rouge, le Noir et le Paradis (!)), un bar, un restaurant et une librairie. Ce n’est pas très confortable — de quel théâtre peut-on dire qu’il est confortable ? — mais c’est sympathique. Et puis, ce n’est pas loin de chez moi. 

Il commence à faire froid.
On va y être beaucoup trop tôt, il n’est que trois heures et demi. On ne va quand même pas arriver au théâtre avec une demi-heure d’avance. On va marcher encore un peu, d’accord ? On pourrait prendre un peu plus loin à gauche, par la rue Saint-Beuve. Elle est courte cette rue, ça ne nous mettra pas en retard.

Tiens, à l’angle, la boutique du photographe a été remplacée par un magasin de photocopies. Il est tout beau tout propre. Ça change des officines du Quartier Latin : on a toujours l’impression qu’ils impriment des trucs Continuer la lecture de Au Lucernaire –  Chronique ordinaire d’un dimanche d’hiver