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¿ TAVUSSA ? (31) – Le Catalan et le plat pays.

M.Puygdemont, président déchu de la Catalogne, nous a dit hier soir qu’il n’est pas venu en Belgique pour demander l’asile politique. Tant mieux pour lui car, malgré les déclarations d’un ministre flamingant, il est certain que cet asile ne lui aurait pas été accordé. Alors pourquoi est-il venu ? Pour constituer un gouvernement en exil entre les tours de Bruges et Gand, pour donner des conseils au parti séparatiste flamand, pour éviter de payer les impôts espagnols, pour échapper à la colère de ceux qu’il a mené en bateau ou plus simplement pour éviter le ridicule — non, si c’est pour cela, il est déjà trop tard — ?

Mais, comme on pouvait le prévoir, le Mr Bean de Barcelone est resté dans le flou. C’est dans sa nature, et c’est comme cela qu’il procède depuis quelques semaines, aussi embarrassé par sa victoire populiste à la Pyrrhus que les partisans du Brexit devant le résultat de leur référendum ou que son sosie britannique devant une équation du premier degré. Il est venu, dit-il, non pas en Belgique, mais à Bruxelles, capitale de l’Europe, pour placer le problème catalan au cœur de l’Union et lui demander son aide. Outre le fait que l’Europe n’a pas de capitale, on comprend mal l’intérêt de cette manœuvre, compte tenu de la position unanime que les membres de l’UE ont exprimée. L’explication de M.Puygdemont ne peut être qu’une rationalisation, une façade, pour cacher la vraie motivation, d’ailleurs compréhensible, qui est d’échapper à la prison.

L’ambiguïté de l’ex-président est à son comble quand il annonce que, tout en étant réfugié en Belgique, il participera aux élections régionales de décembre prochain, ce qui revient quand même pour lui à admettre que la déclaration d’indépendance qu’il avait faite — pour la suspendre dans la minute suivante — n’avait pas de valeur légale et à reconnaitre l’autorité de l’Etat sur la Province.

M.Puygdemont est quand même poursuivi pour rébellion, ce qui n’est pas rien et il sera intéressant de suivre dans les jours prochains comment les gouvernements belge et espagnol vont réagir.

La logique voudrait que la justice espagnole demande à la Belgique de lui livrer le bonhomme.  Mais il est peu probable qu’elle fasse cette demande, se trouvant sans doute fort aise de ne pas avoir à traiter le cas du gaffeur séditieux.

Si, malgré tout, la demande en était faite, la Belgique devrait sans doute l’extrader — y a-t-il un spécialiste du droit international dans la salle ? — car refuser de le faire reviendrait à considérer l’Espagne comme incapable de lui assurer un procès équitable.

Il faut reconnaitre au moins une chose positive dans le comportement erratique de l’ex-président, c’est qu’il semble davantage chercher une porte de sortie personnelle que l’affrontement. Pourtant, il est à parier que sa situation va rester figée un certain temps, personne n’ayant intérêt à ce qu’elle évolue.

Il reste bien sûr la solution d’une ambassade amie et non européenne ouvrant ses portes pour accueillir Puygdemont et son orchestre. On pense bien sûr à la Russie de Poutine, et même aux Etats-Unis de Trump, les deux ayant montré tout l’intérêt qu’ils avaient à emmerder le monde en général et l’Europe en particulier.