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Ambiguïté et confusion 

Ukraine – 737ème jour

On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment, avait dit avec beaucoup de finesse François-Machiavel Mitterrand, reprenant à son compte une sentence du Cardinal de Retz. Et tous les admirateurs du trop subtil florentin en sont encore à admirer cet aveu transformé habilement en sagesse de gouvernement. 

Il y a deux ans, nombreux sont ceux en Europe qui avaient reproché à Joe Biden son manque d’ambiguïté quand, en commentaire de l’invasion russe en l’Ukraine, il avait déclaré que jamais il n’enverrait de soldats US en Ukraine. Au moins, comme ça, Poutine était fixé. 

Comme un seul homme et d’un seul coup d’un seul, les trois quart des Français et les trois quarts des pays européens reprochent aujourd’hui à E.M. sa déclaration sur l’engagement de troupes européennes au sol et déclarent qu’en ce qui les concerne, il n’en est pas question. Le discours est repris aussitôt en cela par les USA et l’OTAN. Poutine se trouve donc ainsi encore confirmé Continuer la lecture de Ambiguïté et confusion 

Pourquoi la Mitro ?

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Un jour, l’envie m’a pris d’écrire une histoire provençale. Je revenais sans doute du Midi car j’avais en tête une petite ville entre Aix et Saint Maximin, à la limite des Bouches du Rhône et du Var, Trets. Une Place de la Mairie à l’ombre de platanes centenaires, un café-tabac-PMU, des parties de boules… vous connaissez ça aussi bien que moi. J’ai donc écrit une première phrase, à la première personne, avec l’accent. Il y était question de la douceur du temps sous les platanes de la Place Honoré Panisse à l’heure de l’apéritif, quand les parties de boules vont commencer… A ce moment-là, je n’avais aucune idée de ce qu’il allait advenir de ce parfait cliché. Juste pour voir, j’ai fait débouler sur la place le petit Félix, messager affolé d’une catastrophe imminente : « Il a de la Mitro ! criai-il.» Bien sûr, moi, je savais que le mot que Félix déformait, c’était nitro, pour nitroglycérine. Mais ce que je ne savais pas encore, c’était qui pouvait bien avoir de la dynamite, ni ce qu’il voulait en faire et pourquoi. Pourtant la suite est venue simplement ; elle s’est construite sous mes yeux, naturellement, presque automatiquement. Continuer la lecture de Pourquoi la Mitro ?

Un couple inachevé (2)

temps de lecture : 2 minutes

Ils sont là, l’air de dire : « Regardez comme nous sommes cools, à l’aise, tellement bien l’un avec l’autre que nous n’avons même pas besoin de nous parler, images de l’entente parfaite d’un couple parfaitement assorti ! »
Mais attendez de connaitre leur histoire.

2 – Lui

Lui, ce serait Olivier. Est-ce vraiment son nom ? Peu importe. Olivier, ça ira très bien. Il est P.D.G. et actionnaire majoritaire d’une petite société, Etienne Combes & Fils, spécialisée dans la fabrication d’objets funéraires (exvotos, plaques commémoratives, fleurs éternelles, urnes, poignées de cercueil, crucifix, tout pour vos chers défunts). Ancien associé minoritaire d’une agence de publicité de moyenne importance rachetée deux ans auparavant par un groupe australien, la valeur de ses parts lui a été payée rubis sur l’ongle à la seule condition qu’il s’en aille tout de suite sans faire d’histoires. Cela lui a permis de passer Continuer la lecture de Un couple inachevé (2)

Le mécanisme d’Anticythère – Chapitre 5-2

 (…) Le cœur battant à tout rompre, persuadé de sa fin prochaine, ou tout au moins de son emprisonnement ou de son exil, Diodiros réunit ses serviteurs et leur donna des ordres pour gérer le négoce et tenir la maison en son absence qui, leur dit-il, pourrait être longue. Puis il se retira dans son antichambre pour tenter de se calmer un peu et de prier devant le petit autel qu’il y avait fait dresser en l’honneur d’Athéna, sa protectrice favorite. Lorsqu’une heure plus tard, la peur au ventre, il franchit sa porte, les quatre légionnaires virent apparaître un petit homme rond et rose, baigné de frais, habillé de propre, et tout de jovialité extérieure. 

Chapitre 5-2 – Caius Iulius César 
Automne 74

Arrivés à la Villa de César, les légionnaires confièrent le petit homme à un serviteur qui le mena jusqu’au tablinum où il le laissa sans dire un mot. La pièce, ouverte sur l’atrium, n’était meublée que d’une simple table et de deux banquettes en bois. La simplicité du mobilier tranchait avec la richesse des fresques qui recouvraient les trois murs et qui représentaient des scènes de chasse. Le silence n’était troublé que par le bruit de la petite fontaine qui rafraîchissait l’atrium. Diodiros n’osait pas s’assoir, ni même marcher. Il était là, immobile et angoissé depuis presque une heure, lorsqu’apparut un jeune homme pale à la haute stature. Il était vêtu Continuer la lecture de Le mécanisme d’Anticythère – Chapitre 5-2

Ah ! Les belles boutiques – 26

La Brasserie de l’isle Saint-Louis
55 quai de Bourbon Paris 4°

J’ai dû y aller pour la première fois en 1960 et j’y retourne régulièrement depuis. La terrasse avec vue, que je ne fréquente jamais, le joli bar avec sa superbe machine à café, la salle sombre et désuète avec ses tables alignées façon cantine, ses nappes en papier, ses massacres de cerfs et de sangliers d’un autre âge, ses fresques alsaciennes, rien n’a changé. Quand j’y entre, j’ai l’impression de revenir en 1960, ou même sept ans plus tôt, en 1953, quand la brasserie a été reprise par la famille qui la dirige toujours. Je ne suis pas certain qu’en soixante-cinq ans, les peintures aient été refaites une seule fois. Je suis même persuadé du contraire.
Ce n’est pas la meilleure brasserie de Paris, ni même la meilleure choucroute, mais elle y est tout à fait acceptable, de même que le service qui loin, très loin, d’être obséquieux, est lui aussi acceptable et même parfois agréable.

La série « Ah ! les belles boutiques »
L’objectif : rendre hommage aux commerçants qui réussissent à conserver l’aspect traditionnel de leur façade de magasin, et les encourager à persévérer.
Le contenu : une photo de la devanture d’un magasin, avec si possible l’adresse et, très éventuellement, un commentaire sur la boutique, ou son histoire, ou son contenu, ou sur l’idée que s’en fait le JdC.

ET DEMAIN, UN CERTAIN POINT DE VUE

Première lettre de Beuzeville

Beuzeville est une commune située dans le département de l’Eure. Elle compte à peine plus de 4.000 habitants. Elle ne possède aucun monument historique et aucun évènement notable ne s’y est jamais déroulé. On ne connait pas de sculpteur, de savant, d’homme politique ou de star de cinéma qui y soit né. Moi-même, je crois bien n’y être jamais passé. La seule particularité de ce trou normand, c’est le panneau routier éponyme qui annonce la gare de péage de l’autoroute de Normandie et qui fait que ce nom sonne peut-être familièrement à vos oreilles.

Moi, je n’ai rien contre la commune de Beuzeville, ni pour d’ailleurs. A vrai dire, je me fous totalement de Beuzeville. Alors pourquoi, me direz-vous, inclure le nom de cette banale bourgade dans le titre de ce qui s’annonce comme une nouvelle et brillante série dont ce Journal a le secret ?

Eh bien, voilà : en fait, tout est dans la phonétique… Beuzeville : répétez donc ces trois syllabes trois ou quatre fois et vous comprendrez. Beuzeville, Beuzeville, Beuzeville… Est-ce que cette sonorité n’évoque pas pour vous la France profonde, agricole et raisonnable, la France douce, pleine de bon sens et résignée, celle qui ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive et qui voudrait bien revenir un petit peu en arrière, s’il-vous-plait ?

Pour vous je ne sais pas, mais pour moi, c’est ça.

J’ai donc choisi Beuzeville comme point de départ d’une correspondance à sens unique entre une Beuzevillaise et son fils parti à la ville.

En voici la première lettre de Beuzeville :

Beuzeville, aujourd’hui

Mon cher fils,

Je t’écris ces quelques lignes pour que tu saches que je t’écris. Alors, si tu reçois cette lettre, c’est qu’elle est bien arrivée. Si tu ne la reçois pas, préviens-moi pour que je te la renvoie.

Je t’écris lentement parce que je sais que tu ne lis pas très vite.

En ce moment, ici, le temps n’est pas trop mauvais : la semaine dernière il a plu seulement deux fois. La première fois la pluie a duré trois jours, et la deuxième fois quatre.

Il faut que je te dise que ta sœur Julie, celle qui s’est marié avec son mari, elle a enfin mis au monde, mais on ne sait pas encore le sexe. Je ne saurais pas te dire si tu es oncle ou tante. Si c’est une fille, ta sœur va l’appeler comme moi. Ce sera quand même étrange d’appeler sa fille « maman ».

Je dois maintenant te quitter car j’arrive au bout de mon crayon. De toute façon, je n’avais plus rien d’intéressant à te dire. La prochaine fois, s’il se passe des choses intéressantes au village, je t’écrirai au Bic.

Ta maman qui t’embrasse très fort et toi de même.