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Sacré nom de nom !

Je m’appelle Gérard Grougnard. Avec deux D. Un D à la fin de Gérard.  Et un autre à la fin de Grougnard.

Mon père s’appelait Marcel, Marcel Grougnard.
Il était garçon boucher.
Il était très propre, impeccable même. Il se douchait deux fois par jour. Le matin avant de partir au travail. Et le soir, avant de diner.
Mais il sentait le sang. Ses cheveux, son cou, ses mains sentaient le sang. C’était écœurant.
Je l’aimais bien, mon papa. Mais il sentait le sang. C’était écœurant.
J’ai grandi dans cette odeur. Je l’emmenais avec moi à l’école.
Et puis, quand j’ai eu douze ans, Papa a acheté une boucherie.
La boucherie Grougnard.
Il était fier, papa.
Pendant les vacances, il me prenait comme apprenti.
Et je sentais le sang moi aussi. Comme Papa.
C’était écœurant.

Alors, j’ai pas voulu faire boucher, comme Papa.
Et j’ai cherché ce que je pouvais faire.

Aventurier…
Ça m’aurait plu, aventurier.
Mais est-ce qu’on peut Continuer la lecture de Sacré nom de nom !

Patronyme, mais presque !

Dans son « Évasion souterraine », Michel Leiris (1901-1990) à écrit:
« L’arbre de haine est un profil plus tenace que tous les chemins de halage qui mènent vers les Romes idiotes dont je voudrais sarcler le monde. »

Ah bon ?!

Par une autre de ses productions, il a aussi inspiré ce que nous devons traiter ce soir en Atelier d’écriture littéraire. L’exercice consiste à triturer pendant quarante-cinq minutes les lettres de son nom pour en extraire des idées, des paradoxes, des images, des sons, des signes. Je dois dire qu’il m’excite  autant qu’une grille de mots croisés tchécoslovaque.
Il faudrait que je sois Rimbaud pour donner un peu de couleur aux voyelles de mon prénom ou Lacan pour calembourdiser ( j’allais dire balourdiser ) sur les syllabes de mon nom.
Essayons quand même, puisqu’il le faut. ( Mon nom n’est pas particulièrement court, mais pour une fois, j’apprécie de ne pas m’appeler Jean-Frédéric de Blaizac de Touffreville).

C’est parti! Le prénom d’abord.
C’est tout naturel, mille sabords!

Quand je dis P, à quoi pensé-je? Devinez donc!
Quand je dis H, je me dis qu’à mon âge, je n’ai toujours pas essayé.
Quand je dis I, et s’il est vert, l’i vert me fait penser à Noël
Quand je dis L, je pense à elle
Quand je dis I, c’est le deuxième, et s’ils sont deux, i deux, ça devient moche
Quand je dis P, je pense que j’ai déjà entendu ça quelque part
Quand je dis P, encore !
Quand je dis E, euh, j’hésite.

Au tour du nom, du patronyme,
C’est là que ça devient sublime !

Si je dis C, c’est six saucissons secs auxquels je pense.
Si je dis O, oh, mon dieu, comme c’est osé!
Si je dis U, allez cocotte, on continue!
Si je dis T, ce thé t’a-t-il ôté ta toux à toi Titan tétant de Thétis un téton tant tâté?
Si je dis H, maintenant vous croyez que je viens d’y tâter.
Si je dis E, j’hésite encore à l’essayer.
Si je dis I, c’est le troisième, et I trois, c’est tout un genre, le genre I trois.
Si je dis L et

encore L, avec ces ailes, je m’envole.
Si je dis A, ah, enfin, on arrive à la fin!
Si je dis S, est-ce que j’ai bien tout dit?

Et l’exercice est terminé.
Verticalement, c’est signé.