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Chez Lipp (Couleur café n°5)

Couleur Café 5

Quand on suit le flot des voitures qui remontent le boulevard Saint Germain depuis son confluent avec le Quai Anatole France jusqu’à sa source du Pont de Sully, on passe inévitablement devant Chez Lipp. Il n’y a rien à faire, c’est comme ça depuis plus de cent ans.
La petite terrasse fermée est couverte d’un assez vieux vélum dont la couleur brique est passée depuis longtemps. Au-dessus de la terrasse, sur la faible largeur de l’immeuble qui abrite le restaurant, la façade en bois d’acajou est percée de quatre fenêtres. Au milieu, un disque lumineux aux dimensions modestes et à l’éclat discret est planté perpendiculairement au boulevard. L’enseigne représente un bock débordant d’une mousse abondante, surmonté et souligné sobrement par les quatre lettres LIPP.
Si vous restez sur le trottoir, vous ne verrez rien d’autre que les quelques tables inconfortables de la sombre terrasse, et le fantôme de Françoise Sagan, assis sur sa chaise d’osier et fumant nerveusement une cigarette devant un verre de Morgon. De là où vous êtes, vous Continuer la lecture de Chez Lipp (Couleur café n°5)

Diplomatie

Diplomatie
de Volker Schlöndorff, avec A.Dussolier et N.Arestrup

C’est peut-être parce qu’on connaît la fin, mais on n’y croit pas un seul instant.
Tout le monde sait aujourd’hui que le film raconte les efforts du consul de Suède, Nordling, pour dissuader le général von Choltitz, gouverneur de la place de Paris, de faire sauter Paris alors que les troupes du Général Leclerc vont entrer dans la capitale le 24 août 1944. Passons sur la réalité historique des événements racontés (Nordling a effectivement eu une action très importante auprès de Choltitz, réussissant à faire libérer de nombreux prisonniers qui, sans son intervention, auraient probablement été fusillés, mais le fait qu’il ait agi pour sauver Paris de l’explosion n’est ni avéré ni même évoqué dans les mémoires du consul). Peu importe, on est au cinéma, pas en classe d’histoire.

Ce qui importe, c’est que le film est raté. La mise en scène est plate et académique. Pas de mouvement, pas de passion, pas de tension malgré l’énorme importance de l’enjeu. Le film ne progresse pas. On a l’impression que les deux acteurs redisent sans cesse les mêmes répliques. Les ressorts de l’action sont enfantins, en particulier celui du passage secret qui donne à Nordling l’accès à l’appartement de Von Choltitz.

Niels Arestrup est pourtant assez crédible dans son rôle de général allemand fatigué et discipliné. Par contre, André Dussolier, acteur d’ordinaire si subtil, reste figé dans son attitude finaude et souriante, avec quelques envolées lyriques du genre « ainsi, nous ne verrons plus ce dôme des Invalides, ces tours de Notre-Dame, etc…. » qui prêtent plutôt à rire qu’à s’émouvoir.
Globalement, le film est plutôt lourd et assez ennuyeux.

Si vous voulez voir un vrai Raoul Nordling de cinéma, allez plutôt revoir Orson Welles dans le film de René Clément: « Paris brûle-t-il? »