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¿ TAVUSSA ? (42) – VELIB : Une catastrophe industrielle et municipale

Le système Velib, tel qu’il était exploité par JC Decaux, existait depuis 10 ans. Certes, les vélos étaient lourds, il arrivait qu’on ne puisse les restituer à l’endroit voulu pour cause de station complète, il arrivait aussi que des stations soient vides ou que leurs vélos soient vandalisés, mais dans l’ensemble, le système fonctionnait bien.

La concession étant arrivée à son terme, un nouvel appel d’offre a été lancé et c’est Movengo, moins disant, qui l’a emporté. Jusque-là, rien que de très normal.

Et depuis quatre mois, depuis que Movengo est à la manœuvre, Paris assiste à une véritable débâcle, qui ne devrait pas tarder à se transformer en catastrophe industrielle et même municipale.

Catastrophe industrielle parce que, compte tenu de la situation, Movengo, malgré de puissants actionnaires, pourrait bien faire faillite.

Catastrophe municipale parce que dans ce cas, la Ville, déjà surendettée, devra payer les pots cassés, et comment pourra-t-elle le faire ? Je vous laisse deviner.

Comment peut-on caractériser cette débâcle ? Eh bien voici :
-à peine la moitié des 1400 stations promises ont été installées
-les stations ne sont pas ou mal raccordées au réseau EDF
-Movengo est en litige avec Colas qui installe les stations
-le logiciel est compliqué pour le vélocipédiste et sujet à de nombreux bugs
-le personnel est en grève depuis des semaines car moins bien payé que par l’exploitant précédent

Quelles en sont les principales conséquences ? Tout d’abord, pour les utilisateurs :
-c’est très simple : plus de vélos

Ensuite pour Movengo:
-la Ville a déjà imposé à Movengo 3.000.000 € de pénalités
-près de 100.000 abonnés (sur 285.000 en 2017) ont résilié leur abonnement (dont moi)
-quand on enregistrait 100.000 locations par jour à la même époque l’année dernière, il n’y en a plus que 5000 cette annnée
-les difficultés et donc les couts de raccordement électrique ont été fortement sous-estimés

On comprend que tout cela induit une perte économique considérable, avec pourquoi pas à la clé une résiliation du contrat et finalement peut-être même une faillite.

Lorsqu’ils ont vu l’enlèvement des stations JC Decaux des rues de Paris, beaucoup de Parisiens ont été choqués par l’ampleur du gâchis financier que représentait la destruction de stations en bon état et la mise au rebut de vélos bien entretenus, sans compter les embarras de circulation supplémentaires qu’apportaient les travaux d’enlèvement. Mais il se faisaient une raison, les Parisiens, ayant pris l’habitude des fantaisies autoritaires de Madame Hidalgo. Ils se disaient aussi, les naïfs, que cette énorme dépense était sans doute prise en charge par l’ancien concessionnaire ou par le nouveau (ce qui, entre nous, n’enlève rien à l’énormité du gâchis économique).

Lorsqu’ils voient la situation d’aujourd’hui, les Parisiens, ils se posent, enfin, moi je me pose plusieurs questions :

-La première : comment JC-Decaux s’est-il débrouillé pour remettre une proposition qui soit plus chère pour la Ville que celle de Movengo, alors qu’il disposait de l’expérience de dix années d’exploitation, et d’un parc de matériel fixe et roulant en état de marche ?

-La question qui vient immédiatement après, miroir de la première, est : comment Movengo est-elle parvenue à rendre une offre moins chère que celle de JD Decaux, compte tenu de tous les avantages dont ce dernier bénéficiait ?

-La troisième, c’est celle-ci : comment la commission d’appel d’offre, le service technique de la Ville et/ou autres incapables fonctionnaires ou élus municipaux, ne se sont-ils pas posé les deux questions ci-dessus (ou même une seule des deux, cela aurait suffi).

-Vient nécessairement ensuite la question suivante : comment les mêmes ont-ils pu ne pas émettre l’hypothèse que, peut-être, Movengo s’était plantée dans son estimation de la tâche ?

-Et enfin, si cette hypothèse est apparue un instant dans leur esprit arthritique, comment ont-ils pu ne pas décider d’examiner un peu plus en détail les capacités de Movengo à traiter convenablement le problème ?

Après les comment ?, viennent les pourquoi ?

-Pourquoi la commission d’appel d’offre, le service technique de la Ville et/ou les autres incapables fonctionnaires ou élus municipaux ne se sont-ils rendus chez Movengo qu’après que celle-ci ait remporté l’appel d’offres, et non avant ?
-Pourquoi, quand ils sont allés sur place et qu’ils ont constaté avec effroi, mais trop tard, le caractère artisanal des installations techniques de Movengo, n’ont-ils pas donné l’alerte, ou décidé d’encadrer Movengo de très près ?
-C’est vrai ça, pourquoi ?

On a dit qu’Anne Hidalgo avait des comptes à régler avec JC Decaux. On a dit qu’il fallait donc absolument qu’un autre remporte la concession. Je n’ose y croire. (En fait, si, j’y crois complètement)

De toute façon, une enquête sur le déroulement de l’appel d’offre ne ferait de mal à personne, n’est-ce pas ?  (Ça, ça n’est pas sûr)

Anne Hidalgo se trouve aujourd’hui devant un sacré problème :

-taper sur la table et faire tomber Movengo ou tenter d’arranger les choses en payant ?
et du même coup :
-priver Paris de Velib pendant encore deux ans ou faire payer le surcout aux parisiens ?

A ce propos, on ne peut que remarquer l’inhabituelle discrétion de notre Maire qui n’apparait plus en personne et ne dit plus un mot sur le sujet, laissant ce soin à ses adjoints et à ce pauvre PDG de Movengo.

Est-ce que ça prouve qu’elle est responsable ? Qu’elle le soit, ça ne m’étonnerait pas vraiment. D’ailleurs, on ne m’ôtera pas de l’idée que le scandale des disparus de la Rue de Rennes, c’était bien elle, n’en déplaise à l’auteur de cette histoire dont on pourra apprécier le caractère saugrenu et mensonger en cliquant ici pour la relire.