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Monologue intérieur I

Il est midi passé ! Il fait absolument que je l’appelle maintenant, il a une heure libre pour déjeuner, je vais pouvoir lui parler… Je dois lui donner une réponse. C’est décidé, je vais aller vivre avec lui, je vais lui dire oui. Il attend depuis hier soir. J’aurais dû lui dire oui tout de suite, ça aurait été plus gentil. Pourquoi ne l’ai-je pas fait ?

Je vais me garer là, sur livraison, et l’appeler.

Qu’est-ce que j’ai fait de mon portable ? Dans mon sac ? Il n’y est pas. Il a dû glisser par terre. Non. Je l’ai oublié ! Sur mon bureau, j’en suis sure. Quelle idiote !

Une heure déjà. Plus beaucoup de temps. Tiens, une cabine. Pas libre. Dépêche-toi. Il ne me reste plus que le bistrot d’en face. Pourquoi faut-il toujours Continuer la lecture de Monologue intérieur I

Une sieste épatante

– Moi, je l’aime bien Antoine !
J’ai entendu mon nom dans le brouillard de ma sieste. Jusque-là, j’avais été bercé par le ronron de la conversation d’Alice et de Jeanne et le chant des cigales. Il faisait chaud, la chambre était sombre et tranquille. Je m’y étais réfugié après le déjeuner. La fenêtre aux volets clos donnait sur la terrasse où mes deux amies bavardaient. Elles me croyaient probablement parti avec les autres, à la plage ou ailleurs.
J’aurais dû fermer la fenêtre, me mettre un oreiller sur la tête, ou tout simplement signaler ma présence. Je jure que si cette scène se passait maintenant, je le ferais ! Mais je ne savais pas alors que seule la partie apparente de l’iceberg est supportable…
J’ai tendu l’oreille :
– Moi aussi, je l’aime bien.
J’ai reconnu la voix de Jeanne. Jusque -là tout allait dans le bon sens. Mais elle a continué :
– N’empêche qu’il n’a pas inventé l’eau tiède ! Il dit qu’il travaille pour la télévision, qu’il produit des trucs, mais il ne donne jamais de réels détails…Tu as vu une seule émission où son nom était cité ? Tout ça, c’est du vent, Alice, crois-moi !
– Ça m’est égal cette histoire de télévision, ce que je vois c’est qu’il drôle, beau
garçon, attendrissant par son côté gamin. Gamin assez prolongé il est vrai !
– Ouais, mais s’il n’avait pas l’héritage de son père derrière lui, fini les belles voitures et le reste, le gamin serait dans la panade !
– Ça ne fait rien, reprit Alice, moi je l’aime bien.
Elles se sont tues. Et moi, foudroyé dans mon lit, j’essayais de ne retenir que la dernière phrase – je l’aime bien – J’avais saisi cette bouée au milieu de mon naufrage et je m’y accrochais…
Mais tout à coup, j’ai eu froid. Fini le bruit des cigales, la douceur de l’après-midi d’été, le ressac de la mer au loin ; je me retrouvais petit garçon, figé devant mon père déçu encore une fois par mon bulletin scolaire.
– Antoine, tu files un mauvais coton. Qu’est-ce que je vais faire de toi ? Tu es bête
ou quoi ? Secoue-toi voyons !
Et encore et toujours… Combien de fois avais-je entendu des phrases comme celles-là. Et maintenant, à trente ans passés, deux filles que je croyais mes amies, ressortaient ce vieux cauchemar !
Comment pouvaient-elles juger de mon travail à la télévision ? Bien sûr on ne me citait pas souvent, mais j’avais donné des idées de projets, je connaissais beaucoup de gens importants, ils allaient m’aider…
Mon père n’était plus là, je n’allais pas me laisser abattre par l’opinion de cette espèce de conne rousse ! J’arpentais la chambre, dans ma fureur je me cognais aux murs, comme une mouche prise au piège.
Au bout d’un moment, je me suis calmé. J’avais deux solutions : ou je traitais ça par le mépris et continuais mes joyeuses vacances, ou je faisais un scandale, partais et reprenais ma vie en main leur prouvant que je n’étais pas la nullité en question. Je changeais tout. Il me faudrait rentrer à Paris, chercher enfin un vrai travail, peut-être quelque chose de moins flambant que la télévision, quelque chose au raz des pâquerettes…Je commencerais par le premier niveau de l’échelle, je me donnerais un mal de chien pour gagner enfin ma vie, je serais fier de moi !
J’avais chaud de nouveau, je me suis laissé tomber sur le lit. Dehors elles parlaient maintenant de futilités, du dîner prévu dans un restaurant à la mode, sur la plage, de la fête qui suivrait…
J’ai pris rapidement ma décision, je me suis levé, j’ai ouvert d’un geste brusque les volets et j’ai dit :
– Alors, ça va les filles ? J’ai fait une sieste épatante ! Où sont les autres ?

Lettre d’Elizabeth à Sophie

Bonjour Sophie,

Comment vas-tu ? Depuis que tu as trouvé ce travail si lointain, je pense à toi souvent et je réalise à quel point la vie était légère quand nous étions étudiantes et que nous la découvrions ensemble. Comme nous l’aimions cette vie pleine de choix, d’ambitions, de surprises, nous avancions insouciantes et joyeuses. Tant qu’on n’a pas souffert, quel merveilleux  cadeau que d’exister. Nous étions fières de cette liberté que nous avions arrachée à nos parents, rien ne viendrait l’entraver, nous nous l’étions juré.

Mais François est arrivé et tout a changé. Dès le début, tu t’es méfiée, j’aurais dû t’écouter. Pour lui, j’ai tout abandonné, je l’ai suivi, j’ai consenti à tout. Tu me regardais l’air attristé. Tu avais peur pour moi, effondrée de voir la fille libre et décidée que j’étais, se soumettre aussi facilement. Et il y a deux mois, au bout de cinq années, il m’a quittée. Brusquement, sans explications. Il a gommé toutes traces de lui dans la maison : plus de vêtements traînant partout, ses livres ont disparu, ses disques aussi. Il n’y a plus qu’une seule brosse à dents dans la salle de bain, qu’un seul peignoir, il est parti, parti… Je suis moi aussi seule, horriblement seule pour la première fois de ma vie.

Je ne ressemble plus à la jeune fille tranquille de la photo que je t’avais donnée autrefois. Tu sais, celle avec le petit chemisier à col rond que je portais souvent pour aller à la fac. Je n’ai plus cet air net et sage d’alors. Maintenant j’ai l’aspect négligé et vaincu des femmes désespérées, des idées de suicide hantent mes nuits et mes journées sont longues et vides à périr. Je sais aujourd’hui que l’on peut mourir d’un chagrin d’amour. Autrefois ça me paraissait risible, hors de ma portée, mais c’était faux. J’en suis là.

Quand je l’ai vu devant la porte avec ses valises, j’aurais pu le gifler, le battre, il n’était plus temps de raisonner, mes beaux discours ne servaient à rien. Seul quelque chose de brutal aurait pu m’aider. Mais je suis restée là, impuissante, ne réalisant pas vraiment que c’était sérieux, définitif, affreux…

Et dire qu’à un moment nous avons failli nous marier ! Nous voulions un enfant. L’enfant de deux gamins irresponsables, la belle affaire ! Car nous n’avons jamais pris le temps de devenir des adultes, nous étions incapables de faire des concessions, de penser à l’autre, d’être un vrai couple. Que serait devenu un malheureux gamin là-dedans ? Egoïstement, je ressens maintenant ce manque d’enfant. Si j’en avais un, j’aurais une bonne raison de m’habiller le matin, de faire bonne figure, de vivre… Au début, si j’avais insisté nous aurions vraiment pu nous marier. Nous calculions toutes les bonnes raisons de le faire et  rêvions de désoler notre entourage qui voyait la catastrophe se profiler. Je te le dis, nous étions de sales gosses… Mais des mois se sont écoulés et nous étions passés à autre chose.

Après son départ, je me suis retrouvée avec des envies de meurtre. Tout ce temps perdu à nous faire mal alors que je découvre qu’il m’était indispensable…

Il s’est installé à l’étranger, c’est ce que m’ont affirmé certains de ses amis, et en dépit de tout, je serais prête à me ruiner pour aller le rejoindre. Je suis inguérissable, je ferais n’importe quelle folie s’il me le demandait. Mais il ne le fera pas.

Et je reste chez moi à attendre une lettre, un signe, n’importe quoi… Je n’ouvre même plus les volets, j’ai pris l’habitude de noyer ma peine en buvant un verre, deux verres… Je guette le moment où je flotterai loin de lui, délivrée… Un jour, j’ai peur de boire jusqu’à m’évanouir, jusqu’à mourir.

Oublier, je voudrais oublier. Redevenir petite fille. Je mettrais une robe bleue avec des smocks, de celles que Maman aimait tant et je ne ferais pas d’histoires. Je porterais des chaussettes blanches et des souliers à boucles. J’aurais les genoux écorchés et de l’encre sur les doigts. Je rêverais du Père Noël et du Prince Charmant. J’oublierais le désir de vivre libre qui m’a fait quitter la maison de mes parents. Revenir en arrière, en aurais-tu envie toi aussi ? Nous pourrions, la main dans la main, repartir pour de nouvelles aventures. Recommencer, avec quelques années de plus, mais sans doute aussi, un peu plus de sagesse. J’ai besoin de ta main dans la mienne pour me donner le courage nécessaire.

Voilà, Sophie, ma triste histoire. J’attends ta réponse qui de toute façon me fera du bien. Je te souhaite heureuse et ne m’ayant pas oubliée.

Ton amie, Elizabeth.

 

Anna, une vie brève

Anna, une vie brève

1

Un vacarme continuel, une odeur de soupe et partout de la laideur. Voilà ce qu’Anna se rappelle lorsqu’elle pense à son enfance. Elle revoit aussi ses frères galopant dans l’escalier, sa mère pleurant et son père vociférant en vain. Et pas un coin où on puisse être seul, où on échappe à la promiscuité.

Pire que tout, il y avait l’abattoir planté là-bas, juste au bout du jardin. Son père y travaillait. Elle n’a jamais pu effacer de sa mémoire la peur des animaux, leurs cris et le sang, le sang qu’elle avait vu deux ou trois fois, par un malheureux hasard.

Elle a quinze ans. Elle est toujours petite et frêle mais les garçons lui jettent maintenant des regards obliques.  Elle essaie de leur échapper, rase les murs, marche vite.  Ces changements lui font un peu peur mais elle se trouve jolie.

Elle voudrait tant qu’autour d’elle cela change aussi : plus d’affreux abattoir, de gens vulgaires, trop gros, trop maigres. Si seulement elle avait quelque chose de beau à se mettre sous les yeux…

2

La chambre immense est froide.  Anna ne s’attendait pas à ça. Dans la famille de Marc, «  on la réserve aux jeunes mariés » a dit sa belle-mère.  Elle ne sait ce qui est pire : l’affronter ou voir ses parents si étranges parmi ces gens raffinés…

Mais la voilà dans cette chambre somptueuse avec son lit garni de velours et ses Continuer la lecture de Anna, une vie brève

Floue

La seule chose que j’apprécie vraiment c’est le flou. Le flou des choses, le flou des gens. C’est un état confortable que je connais bien, je suis moi-même quelqu’un de flou.

Tout d’abord il y a mon physique. On ne peut donner de moi une description très précise : ni grande ni petite, ni grosse ni maigre, ni brune ni vraiment blonde… Je m’habille de vêtements larges, presque informes, indéfinissables, rien de compromettant.

Ma pensée elle aussi est floue. Je n’ai pas d’avis tranchés, je ne prends aucune décision, j’attends que les autres le fassent pour moi. Nul ne peut se flatter de connaître mes opinions politiques, d’ailleurs je n’en ai pas, je ne vote évidemment pas.

Je n’ai jamais pu dire oui à un homme, je n’en ai gardé aucun. Bien entendu, je n’ai pu envisager d’avoir un enfant. Je suis seule.

Je flotte, je suis une non-personne. Je ne suis capable de rien, ni en bien, ni en mal. Je me dissous dans le paysage, transparente.

Je regarde les autres de très loin comme si je n’étais pas concernée. Quand je me regarde dans une glace, je m’étonne d’y voir l’ombre d’une femme.

C’est comme ça, il me manque quelque chose pour faire de moi une personne nette. Je n’ai même pas la grâce romantique d’une photo floue.

Ce serait me rendre justice, lorsque je mourrai, qu’on écrive sur ma tombe : ci-git une femme qui n’a jamais vraiment su qui elle était.

 

ET DEMAIN, THE SQUARE, CRITIQUE AISEE N°106

 

 

Un moment d’égarement

Marie-Claire                                                            

Le couvert était mis : deux assiettes, les serviettes blanches bien pliées, en triangle, comme Elise les aimait. Les couverts d’argent luisaient doucement, les verres étincelaient. Elle ajouta quelques fleurs au centre de la table, s’assit, lissa sa jupe, arrangea ses cheveux, posa ses mains sur ses genoux et attendit.

A l’autre bout de la ville, le commissaire tendit la feuille au jeune homme pâle qui lui faisait face et lui demanda de relire et de signer. Le jeune homme pâle obtempéra.

La nuit était tombée, déjà neuf heures. Elise pensait à son rôti qui serait trop cuit. Elle se leva pour éteindre le four et en profita pour ranger la cuisine : l’ordre, en général, calmait ses inquiétudes.
Mais pourquoi était-il en retard ? Et s’il n’allait pas venir ? Elle l’avait invité bien qu’elle le connaisse très peu, elle ressentait un tel besoin d’une présence masculine. Il y en avait eu si peu dans sa vie…
Elle continuait à nettoyer, ranger, faire reluire ce qui était déjà propre. Tout était vraiment prêt. Une bonne odeur de cuisine se répandait, le vin était débouché.
Marc n’arrivait toujours pas. Elle revint Continuer la lecture de Un moment d’égarement

A propos de frontières

Marie-Claire                                                                       

Je suis un voyageur immobile : les mûrs de mon petit chez-moi sont tapissés d’affiches, je possède une multitude de guides touristiques, des tonnes d’horaires de trains et d’avions, des monceaux de catalogues d’agences de voyages. Et pourtant, je ne bouge pas. Et je n’ai pas de passeport. Ma vie de vieux garçon s’est enroulée sur elle-même, même lieu, même travail et si peu de gens autour.
Mais voilà, un beau jour, quelqu’un est venu violer ma forteresse !
La première fois, elle a frappé trois petits coups discrets, si discrets qu’ils ne m’ont pas vraiment inquiété. J’ai donc ouvert.
Elle était là, blonde, frêle, l’air un peu gêné, je ne devais pas paraître aimable, je n’ai pas l’habitude des visites- surprise.
Elle a dit :

—Excusez-moi, il n’y a plus d’électricité chez moi et je me demandais si tout l’immeuble était en panne. Mais je vois bien que non, vous avez une lampe allumée !

—Ca doit être votre disjoncteur, il a probablement sauté.

Elle ouvrait ses grands yeux bleus, se dandinait, visiblement ça ne lui disait rien un disjoncteur. Continuer la lecture de A propos de frontières

Le revolver

Marie-Claire

Le vent a bousculé les pages et j’ai perdu le fil de l’histoire, l’histoire de Lisa. J’ai reposé le cahier rouge, fermé les yeux et reconstitué à ma façon ce qu’elle y révélait de sa vie.

Sa triste enfance, elle la voit comme une tempête ponctuée de coups : ceux que son père lui assène, ceux que ses frères se donnent et auxquels elle n’échappe pas non plus. Cette violence la terrorise et elle tente de la fuir en rêvant.

Elle se décrit comme une chétive gamine à lunettes. Mais à l’adolescence, elle se transforme et apprend consciencieusement à faire d’elle une jolie femme. Elle abandonne ses lunettes, préférant voir un monde flou pour que ce monde la remarque. Son ambition s’est éveillée, pour fuir toutes ces violences, elle sera belle donc enfin aimée.

Et Simon apparaît. Il a une belle voiture, porte des chemises à son chiffre, la sort, la cajole : elle est folle de lui, on l’aime enfin. Elle s’installe avec lui et une vie dorée commence. Heureuse, elle a un homme à elle, un vrai, un solide qui la protège. Personne ne lui fera plus de mal.

Une seule chose l’inquiète, Simon Continuer la lecture de Le revolver

La petite fille derrière la vitre

Marie-Claire

Je l’ai vue la petite fille derrière la vitre, le nez écrasé contre le verre, les yeux dans le vague.

Quelque chose s’est réveillé en moi, un souvenir, une évidence venue de très loin. Comme elle, j’avais rêvé autrefois, comme elle peut-être, guettant par la fenêtre donnant sur la ville, j’avais cru que je pourrais me construire la vie que je voulais.

Des dizaines d’années plus tard, cette petite fille est toujours là, bien cachée au fond de moi, ne surgissant plus que lorsque l’émotion m’attrape, lorsqu’un enthousiasme surgit, lorsqu’un besoin de liberté m’assaille.

J’ai souri à la petite fille, le cœur empli de tendresse. Alors, elle m’a tiré une langue rose et pointue et je me suis dit que, décidément, rien n’était plus comme avant…

Le souffle

Marie-Claire                                                            

Etre une très vieille dame, presque cent ans, au fond de son fauteuil. Regarder longuement ses mains déformées, tâchées de brun. Tourner la tête et voir l’unique arbre de la cour perdre ses feuilles. Un automne de plus.

Avoir le corps rompu mais garder haut la tête. Oui, la garder bien claire malgré l’usure du temps. Y veiller, s’accrocher.

Pourquoi tous ces efforts, pourquoi tenir encore ? Pourquoi entretenir ce fil de plus en plus tenu auquel la vie reste attachée ?

Pour attendre la chaleur du thé du matin qu’une jeune fille souriante vous apporte enfin ? Pour son réconfort, pour cette habitude ?

Pour apercevoir le rayon de soleil, pour le chant de l’oiseau entendu ?

Pour entreprendre la toilette soigneuse et difficile en pensant au bien être qui s’en suit ? Pour le reste de coquetterie : le rouge à lèvre, le collier ?

Certainement pas pour aller déjeuner avec les autres, débris humains, et défendre sa place, son verre, sa triste nourriture.

Pourquoi rien n’a-t-il encore éteint la flamme vacillante ? Pourquoi vivre, persévérer ?

Peut-être grâce aux visites, espérer les visites, les bonnes paroles, se laisser consoler. S’émerveiller encore du sourire d’un enfant. Penser qu’on vous aime, qu’on n’est pas une charge…

Oser croire qu’on a encore le temps, une semaine, un mois… Que l’inconnu n’est pas pour tout de suite… qu’on le décidera ! Chasser la peur. Entretenir ce sentiment de puissance : savoir le décider, le vouloir très fort et voir tout s’arrêter. En être presque sûre.

Espérer qu’un simple souffle suffira à éteindre la petite flamme, juste un petit souffle.