Archives par mot-clé : Macron

Ambiguïté et confusion 

Ukraine – 737ème jour

On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment, avait dit avec beaucoup de finesse François-Machiavel Mitterrand, reprenant à son compte une sentence du Cardinal de Retz. Et tous les admirateurs du trop subtil florentin en sont encore à admirer cet aveu transformé habilement en sagesse de gouvernement. 

Il y a deux ans, nombreux sont ceux en Europe qui avaient reproché à Joe Biden son manque d’ambiguïté quand, en commentaire de l’invasion russe en l’Ukraine, il avait déclaré que jamais il n’enverrait de soldats US en Ukraine. Au moins, comme ça, Poutine était fixé. 

Comme un seul homme et d’un seul coup d’un seul, les trois quart des Français et les trois quarts des pays européens reprochent aujourd’hui à E.M. sa déclaration sur l’engagement de troupes européennes au sol et déclarent qu’en ce qui les concerne, il n’en est pas question. Le discours est repris aussitôt en cela par les USA et l’OTAN. Poutine se trouve donc ainsi encore confirmé Continuer la lecture de Ambiguïté et confusion 

Dernière heure : l’autre côté de la Force

Dernière heure : l’autre côté de la Force

Les sondages sont ce qu’ils sont, et tout ce qu’ils peuvent montrer aujourd’hui, c’est que l’écart des intentions de vote entre les deux candidats est étroit, dans la marge d’erreur de ce genre d’exercice statistique. S’y fier serait une folie.

Vous qui allez voter pour Marine Le Pen par sincère conviction, ne lisez pas cette tribune. Vous y perdriez votre temps : elle ne saurait vous faire changer d’avis ni même seulement vous faire hésiter.

Bon, maintenant que nous sommes entre nous, prenez quelques minutes (exactement 4 minutes et 30 secondes)  pour lire ce qui suit.

Par conviction politique, ou par antipathie pour le président actuel, ou peut-être Continuer la lecture de Dernière heure : l’autre côté de la Force

¿ TAVUSSA ? n° 49 : L’Amérique et son mur

Sous la houlette d’un président indécent sous tous rapports, les États-Unis vont dans le mur.

Les divisions partisanes y sont exacerbées comme jamais depuis la fin de la ségrégation. L’Amérique saisit maintenant la moindre occasion de se déchirer : la cause des femmes, celle des noirs, des immigrants, le charbon, l’écologie, la presse, l’assurance maladie, la nomination d’un juge à la Cour Suprême, un cyclone à Porto-Rico, la parole d’une star du porno, celle d’un General Attorney, celle d’un Deputy General Attorney, sans oublier ce mur frontalier ni les autres innombrables pommes de discorde. Chaque décision devient partisane, chaque évènement doit être classé pro-Trump ou anti-Trump, Républicain ou Démocrate, campagnard ou citadin, red-neckien ou élitiste. Les rodomontades ridicules, les mensonges éhontés, les grossièretés quotidiennes du Donald sont devenues insupportables. Les critiques incessantes et sans nuances du Washington Post sont devenues agaçantes, et les louanges permanentes et aveugles de Fox News, risibles. « Ce chaos quotidien est fatiguant » vient de dire Michelle Obama.

Chez les supporters de Trump, on parle désormais couramment et ouvertement d’un État profond, de conspirations contre Continuer la lecture de ¿ TAVUSSA ? n° 49 : L’Amérique et son mur

¿ TAVUSSA ? (24) Aggiornamento

Quitte à me répéter, je le répète : Macron n’était pas mon candidat. Je l’ai dit à tous ceux qui passaient à ma portée. Je l’ai écrit dans mon blog à plusieurs reprises. (Vous pouvez vérifier en cliquant sur les titres suivants « Mais dans quelle langue Macron parle-t-il ?« , « Thriller« , « Apostrophe aux sondés« , « Jours critiques« ). Et je le redis aujourd’hui : Macron n’était pas mon candidat. Mais il a été élu, et bien élu. Ceux qui ont examiné les chiffres disent même que c’est le président le mieux élu de la Vème, y compris Charles De Gaulle en 1958 et exception faite de Chirac, le candidat unique de 2002.

Ce n’était pas mon candidat, il a été élu, je devrais donc en éprouver une certaine frustration. Eh bien, figurez-vous, pas du tout !

Je n’en suis pas encore à la béatitude ni à la satisfaction, mais ce que je ressens ce matin, assis à la terrasse du Royal Turenne, ce serait plutôt Continuer la lecture de ¿ TAVUSSA ? (24) Aggiornamento

¿ TAVUSSA ? (19) Mais dans quelle langue Macron parle-t-il donc ?

TAVUSSA 19

Mais dans quelle langue Macron parle-t-il donc ?

Plus ça va, plus j’ai l’impression que les déclarations d’Emmanuel Macron sont faites d’un assemblage de syntagmes choisis au hasard et placés comme des dominos, les uns derrière les autres.
Pourtant, cette combinaison aléatoire de mots, qu’il pratique désormais couramment, donne, parfois à son insu, un sens précis à ce qu’il dit. Le hasard fait quelque fois mal les choses et, la dernière fois, c’était plutôt maladroit : en voyage de campagne électorale en Algérie, Emmanuel a dit en substance que la colonisation française de l’Algérie avait constitué un crime contre l’humanité.
Que la colonisation ait été globalement bonne ou mauvaise pour l’Algérie est une question que l’on peut discuter entre gens de bonne foi. La qualifier de crime contre l’humanité constitue non seulement une ânerie juridique, une erreur historique et un grave faux-pas diplomatique mais aussi une lâche complaisance envers un journaliste algérien.
Après tant d’années post coloniales, même la gauche de la gauche ne pense plus comme cela, et Macron a dû se rendre compte qu’il avait choqué une grande partie de l’opinion publique, et plus particulièrement les pieds noirs, qui se sont vus ainsi assimiler aux Nazis de la Shoah et aux Turcs du génocide arménien.
Cette partie de la population française votant certainement en plus grand nombre aux élections françaises que les Algériens, Macron a voulu se rattraper auprès de cette clientèle potentielle. Il a donc prononcé à l’intention des Pieds Noirs cette phrase énigmatique et compliquée, à la syntaxe incertaine et au sens obscur :

« Ma responsabilité, c’est qu’ensemble, nous soyons vraiment Français, il faut casser ces blocages, donc je le dis, à chacune et chacun dans vos conditions, dans vos histoires, dans vos traumatismes, parce que je veux être président, je vous ai compris et je vous aime, la République doit aimer chacun ! »

Analysons, voulez-vous ?
« …vraiment Français… »
Tout d’abord, qu’est-ce qu’être vraiment Français ? Etre Français, je sais. Mais vraiment Français ? Je ne vois pas. Plus français que ceux qui ne sont que français ? Je n’ose pas croire qu’il ait voulu dire « Français de souche »
« …Ma responsabilité, c’est… »
Ensuite, en quoi le fait d’être Français, vraiment ou pas, relève-t-il de la responsabilité de Macron ? De Macron candidat ? De Macron président ? Non, vraiment, je ne vois pas.
« …casser ces blocages… »
Mais de quels blocages s’agit-il ? Des blocages qui empêcheraient les pieds noirs de se considérer comme Français ? Le genre de blocage que créerait par exemple une comparaison hasardeuse avec les Nazis par un président putatif  ?
« …donc je le dis, à chacune et chacun dans vos conditions, dans vos histoires…»
Plait-il ?
« …parce que je veux être président, je vous ai compris et je vous aime … »
Veuillez m’excuser, mais je ne vois pas bien la logique, là ? Est-ce que « je vous aime parce que je veux être président ? ou bien « je veux être président parce que je vous aime ? »
« …je vous aime, la République doit aimer chacun. »
Est-ce que c’est vraiment français, ça ? Je veux dire grammaticalement ?

Eh oui, vous voyez, les déclarations publiques de E.Macron me donne de plus en plus l’impression d’un arrangement aléatoire de mots décalés, ronflants, convenus, d’une combinaison probabiliste de propositions passe-partout, reflétant un populisme habillé de neuf, un discours de la méthode sans fond, avec par conséquent la profondeur du vide, une logorrhée incantatoire de secte du Grand Mamamouchi, un consensus lisse, une bouillie aux sens multiples bien digne de cet émule christique du Pingouin suprême.
C’est beau comme du Paolo Coelho. La foule ébahie fait semblant de comprendre les aphorismes. Elle lève les bras au ciel comme le Ravi de la crèche.
Si j’étais à la place de la foule, je me méfierais.