Archives par mot-clé : Littérature

Cher connard – Critique aisée n°244

temps de lecture : 5 minutes 

Critique aisée n°244

Cher connard
Virginie Despentes – 2002
Grasset – 344 pages – 22€

Avertissement : Cette critique a été écrite sur la seule lecture du premier tiers de ce roman. En cela, elle est sujette elle-même à critique. Mais bon, qui me jettera la pierre ? Qui n’a jamais critiqué que ce qu’il a lu ? 

 Je vous ai déjà fait le coup, vous vous souvenez ? C’était avec « La plus secrète mémoire des hommes« , incontournable événement littéraire, pavé chéri du Masque et de la Plume, gros succès de librairie. Lecteur de Panurge, j’achète bien sûr, et je commence à lire avec la ferme intention d’en faire une de ces Critiques aisées complètes, sincères et objectives dont vous avez l’habitude, histoire de rentabiliser mon investissement de 22 euros.  Seulement voilà, dans La Mémoire des hommes, je n’avance pas, ou plutôt j’avance avec cette sensation que l’on éprouve au bord de la mer quand on marche parallèlement à la plage avec de l’eau jusqu’à la ceinture : il parait que c’est bon pour la santé, mais c’est quand même très pénible. Alors, qu’est-ce que je fais ? Juste un petit mot pour déclarer dans quoi je me suis embarqué et annoncer que je ne suis pas certain d’aller au bout.

Eh bien, c’est à peu de choses près ce qui m’arrive avec ce Cher connard, le dernier événement littéraire incontournable, le chéri Continuer la lecture de Cher connard – Critique aisée n°244

Le Serpent majuscule – Critique aisée n°241

temps de lecture : 5 minutes grand maximum !

Critique aisée n° 241

Le Serpent majuscule
Pierre Lemaitre – 1985
Le Livre de Poche – 305 pages – 7,90€

On ne sait jamais, ça pourrait vous intéresser de savoir comment j’en suis venu à acheter ce bouquin. Alors voici : je trainais l’autre jour à la FNAC de la rue de Rennes à la recherche des présentoirs de ces petites collections (Librio, par exemple, mais il en existe d’autres dont les noms ne me reviennent pas à cet instant) qui pour 2 euros vous offrent de courts mais grands classiques. Ne les trouvant pas — je ne trouve jamais rien à la FNAC — je demandai de l’aide à l’un de ces intellectuels neurasthéniques qui tiennent en principe les guichets d’information mais que l’on ne trouve qu’ailleurs et tout à fait par hasard.

— Bonjour, Monsieur, les petits livres pas chers qui donnent les grands classiques, vous savez, du genre de Librio par exemple, où sont-ils ?

— Vous cherchez quel livre ? Continuer la lecture de Le Serpent majuscule – Critique aisée n°241

Fantasia chez les ploucs – Critique aisée n°240

temps de lecture : 2 minutes

Critique aisée n°240

Fantasia chez les ploucs
ou
Le bikini de diamants
Charles Williams – 1956
Poche – 9€

Je vous l’ai dit l’autre jour, je n’avais pas lu Fantasia chez les ploucs depuis des années et des années. Comme j’en avais parlé avec des larmes dans les yeux à des amis qui ne connaissaient pas ce bouquin des années 50, j’ai foncé chez mon meilleur libraire, où je ne l’ai pas trouvé en stock, pour foncer ensuite chez mon moins bon libraire, où je l’ai trouvé en nombre, en neuf et en occasion, mais je n’en ai pris que deux, et encore, pas sous le titre original. Sans concertation aucune, le nouvel éditeur avait profité de la nouvelle traduction pour changer le titre en « Le bikini de diamants ». Si l’éditeur prétend que ce changement a été adopté pour être fidèle au titre original, The diamond bikini, je doute fortement de cette explication, bien trop Continuer la lecture de Fantasia chez les ploucs – Critique aisée n°240

L’Anomalie – Critique aisée n°239

temps de lecture : 5 minutes

critique aisée n°239

L’Anomalie
Hervé Le Tellier
Gallimard – 327 pages – 20 €
Prix Goncourt 2020

Avertissement : si vous vous foutez des états d’âme qui m’ont conduit à reprendre et à lire ce livre abandonné sur une table de nuit pendant plusieurs mois autant que de votre premier masque chirurgical, si vous ne vous intéressez qu’à mon avis motivé sur l’avant dernier Goncourt, alors vous pouvez sauter le paragraphe suivant, celui dont les premiers mots, Longtemps il est resté…, sont en caractères gras, disons épais, car gras, c’est moche, et passer directement à celui qui commence par « Donc, L’Anomalie d’Hervé Le Tellier »

Longtemps il est resté sur ma table de nuit, celui-là. Un an ? Davantage ?
C’est un ami qui me l’avait offert. Il faut dire que je n’achète pratiquement plus de livres, à deux occasions près : a) lorsque je veux en offrir un et b) quand je veux en relire un. Tenez, justement, pas plus tard que l’autre jour, Continuer la lecture de L’Anomalie – Critique aisée n°239

Les années retrouvées de Marcel Proust – Critique aisée 229

Critique aisée n°229

Les années retrouvées de Marcel Proust
Essai de biographie
Jérôme Bastianelli – 2022
Sorbonne Université Presses – 8,90€

 C’est sur la recommandation expresse d’un ancien ambassadeur de France, François Bujon de l’Estang, que j’ai acheté ce livre. Je ne connais pas ce monsieur, mais je suis ses fréquentes interventions dans l’émission podcastée de Philippe Meyer, Le Nouvel Esprit Public. Elles révèlent une personnalité tellement réfléchie, modérée, intelligente et distinguée que j’ai suivi son conseil, me disant que moi si semblable à lui, je ne pourrai qu’aimer cette biographie du petit Marcel ouvertement inventée.

Je me suis donc retrouvé à la tête de ce petit bouquin d’un peu plus de deux cents pages, sans compter les annexes.

Vous vous souvenez certainement et très précisément que Marcel Proust est mort d’une bronchite le samedi 18 novembre 1922 dans son appartement du 44 de la rue de l’Amiral Hamelin à Paris. Vous vous rappelez peut-être aussi ce Conte de Noël écrit en 1843 par Charles Dickens et qui commence comme ça :
« Marley était mort, pour commencer. Là dessus, pas l’ombre d’un doute. Le registre mortuaire était Continuer la lecture de Les années retrouvées de Marcel Proust – Critique aisée 229

Fragile des bronches – Critique aisée 226

Critique aisée 226

Fragile des bronches
Bertrand Blier – 2022
Éditions Seghers – 185 pages–17 €

Décidément, je n’ai pas de chance avec les recommandations de fin d’émission du Masque et la Plume. Après Un Barrage contre l’Atlantique de Beigbeder dont je vous ai dit il y a peu ce que je pensais, voilà que je me suis laissé tenter par le Fragile des bronches de Bertrand Blier.

D’abord, Bertrand Blier pour moi, c’est l’homme qui a contribué (pour de bon) à changer notablement l’écriture avec son premier roman Les Valseuses paru en 1972, puis apporté quelque chose de vraiment neuf au cinéma avec son deuxième long métrage, du même titre, sorti en 1974. Il nous a ensuite régalés, touchés, glacés, choqués, amusés, interpellés avec ses films suivants : Calmos, Préparez vos mouchoirs, Buffet froid, Tenue de soirée, Trop belle pour toi, Les acteurs, Le Bruit des glaçons, pour ne citer que ceux que j’ai vraiment aimés.  Un beau palmarès, quand même, fait de films à chaque fois différents, originaux, jamais vus.

Alors, entendre je ne sais plus qui recommander son Fragile des Bronches à la fin d’un Masque et la Plume, ça me motivait.

Et puis, le titre, rien que le titre, Fragile des bronches était Continuer la lecture de Fragile des bronches – Critique aisée 226

Un barrage contre l’Atlantique – Critique aisée 225

Critique aisée n°225

Un barrage contre l’Atlantique
Frédéric Beigbeder
Grasset – 2022 – 263 pages – 20€

Ce livre, qui s’auto-qualifie de roman, n’en est pas un. Il a pour sous-titre « Un roman français, tome 2 » mais il n’en est pas la suite.
Allons bon ! Ça commence bien !

Un roman français (tome 1 ?) était un bon livre. Ce n’était pas un roman non plus, mais quand un récit est enlevé, fluide, souvent drôle et parfois touchant, on ne va pas faire la fine gueule et lui reprocher sa classification.

Mais Un barrage contre l’Atlantique n’est pas la suite d’Un roman français. Ce n’est pas un roman. C’est à peine un récit. Ce pourrait être un journal, dans le genre de celui de Jules Renard (que Jules me pardonne), ou un recueil d’aphorismes, de sentences, de pensées diverses, une mine d’exergues pour écrivains en mal de citations de la Bible ou de Shakespeare. Ce pourrait être un répertoire de noms de familles, de lieux et de vêtements branchés. Ce pourrait être enfin un témoignage de gratitude, un cadeau de remerciement, tel un carton de Saint-Émilion qu’on envoie au propriétaire de la maison qui vous a accueilli l’été dernier. Ce pourrait être tout ça, mais certainement pas un roman.

Bon ! Et alors ? Un écrivain n’est pas tenu Continuer la lecture de Un barrage contre l’Atlantique – Critique aisée 225

anéantir – critique aisée n°224

Critique aisée 224

Michel Houellebecq – 2022
Flammarion – 730 pages – 26 €

Je viens de finir le dernier Houellebecq

Moi, j’ai trouvé que, contrairement à ses livres précédents, anéantir était plutôt lourd, et j’ai trouvé aussi qu’il n’était pas facile à lire. La preuve, il m’est tombé des mains plusieurs fois. Par ailleurs, il comporte au moins deux défauts, et enfin, il confirme s’il en était encore besoin que Houellebecq et moi avons un sérieux point de désaccord.

En effet, le dernier Houellebecq est lourd : 850 grammes.(1)
Il n’est pas facile à lire parce qu’on ne peut pas le tenir d’une main,  tant il est pesant et anguleux avec son papier épais et sa couverture rigide et pointue. Cela fait que, quand il vous échappe, il vaut mieux qu’il ne vous tombe pas sur le pied.
De plus, le dernier Houellebecq comporte au moins deux défauts :
1) la page 407 est partiellement déchirée et repliée vers l’intérieur du livre.
2) page 553, une tache de colle obscurcit légèrement l’article du placé en fin de sixième ligne entre les mots heures et matin.
Enfin, le point de désaccord entre Michel et moi : un certain usage, ou plutôt un certain non-usage de la ponctuation.

Ceci dit, le dernier Houellebecq….

Disons tout de suite que le roman est très Continuer la lecture de anéantir – critique aisée n°224

Critique aisée 223 – Le Voyant d’Étampes

Critique aisée 223

Le Voyant d’Etampes
Abel Quentin-2021
Éditions de l’Observatoire – 380 pages – 20 €

Au début, on pense à Houellebecq ; un universitaire sur le retour, un peu alcoolique, solitaire, drôle, ironique, amer, lucide… Houellebecq. Après, on pense à Philippe Roth, victime de la pensée unique, de la racialisation et de la correctitude politique.

Jean Roscoff, le narrateur du Voyant d’Étampes, est un peu tout ça, prof, alcoolique, nostalgique d’une ex-femme pour laquelle il n’était pas fait, père attendri d’une fille aimante mais moutonnière, aigri par un échec littéraire de jeunesse, bientôt victime d’une de ces campagnes dont nos jeunes élites ont fait leur arme de destruction massive : l’antiracisme fureteur, la racialisation indéfrisable, le Wokisme intégral. (A la place d’  « intégral », mon correcteur d’orthographe automatique s’obstine à me proposer « intergalactique ». Il est en avance sur son temps, mon correcteur, mais de combien de mois ?)
Et ce qu’on lui reproche, à ce Roscoff-Houellebecq-Roth qui a écrit un ouvrage savant sur un poète ignoré, américain, communiste et disparu, c’est de n’avoir pas mis suffisamment en avant la négritude du bonhomme. Alors qu’en d’autres temps, Continuer la lecture de Critique aisée 223 – Le Voyant d’Étampes

Le Garçon perdu – Critique aisée n° 203

Critique aisée n° 203

Le Garçon perdu
Thomas Wolfe
Éditions du Chemin de Fer

C’est un livre d’à peine 100 pages, un petit bouquin dans un petit format, joliment cartonné avec un rabat de quatrième de couverture qui peut faire marque-page. Son titre, c’est « Le Garçon perdu » et c’est de Thomas Wolfe.

Quand elle me l’a offert, cette amie m’a dit : « Tu connais Thomas Wolfe ? » Comme on pouvait s’y attendre, j’ai aussitôt confondu avec Tom Wolfe, et j’ai répondu : « Bien sûr ! Ah ! Le Bucher des Vanités ! » « Ben oui, mais non, ce n’est pas ça, c’est Thomas Wolfe, m’a-t-elle répondu. C’est gribouillé partout de dessins d’enfants et il parait que c’est drôle. Du moins, c’est ce que m’en a dit la libraire. »
Je l’ai remerciée comme il se doit et le lendemain, j’ai interrompu Continuer la lecture de Le Garçon perdu – Critique aisée n° 203