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Soyez Schnock !…….. Critique aisée 14

Soyez Schnock
Ça coûte cher, quatorze euros et cinquante cents. C’est fait sur du beau papier. C’est plein de textes et de photos rigolotes ou émouvantes.  C’est sans aucune publicité. C’est trimestriel. C’est une sorte de magazine. C’est, selon le bandeau de titre, « la revue des vieux de 27 à 87 ans« . C’est, d’après la quatrième de couverture, celle qu’il vous faut si, vous aussi, « vous ressentez l’envie d’échapper à l’hystérie de l’époque en faisant un pas de côté et en tournant poliment le dos au jeunisme ambiant« . C’est Schnock.
Le numéro de Printemps porte le numéro 10. J’en déduis que ça fait plus de deux ans que Schnock existe et qu’il m’a fallu attendre une recommandation de dernière minute du Masque et de la Plume pour le découvrir lundi dernier.
Le sujet principal du numéro de Printemps de Schnock est Guy Bedos. Non, ne  raccrochez pas tout de suite! Je suis d’accord avec vous: même s’il m’a fait bien rire dans les années soixante-dix, je n’aime pas beaucoup ce rentier de la méchanceté qu’il est devenu avec les années quatre-vingt. ( A noter qu’ on a fait depuis bien pire en matière de méchanceté, avec le fils de Guy, Nicolas, deux fois plus méchant et dix fois plus con). Ne raccrochez pas tout de suite et laissez moi le temps de dire que le vrai sujet de ce numéro est la dilogie (mon correcteur d’orthographe me refuse obstinément ce mot, mais vraiment, diptyque, ça fait trop pédant) d’Yves Robert: « Un éléphant, ça trompe » et « Nous irons tous au paradis ». Le sujet est traité par cinq interviews: Guy Bedos, Claude Brasseur, Anny Duperey, Marthe Villalonga et Victor Lanoux. (Jean Rochefort absent, pourquoi, ce n’est pas dit) Je suis certain qu’au seul énoncé de ces noms, vous êtes déjà en train de revoir les films, les parties de tennis, les rigolades, les engueulades, les farces de ces quatre copains dont on aurait aimé être le cinquième. Je suis sûr que vous êtes en train de tenter de vous rappeler certaines répliques:

« J’aime beaucoup vos seins, surtout le gauche »,

« Tu me sommes à moi! Tu me sommes à ta mère! »,

« Je t’ai demandé personnellement de ne pas lober cette semaine! »….

La première interview, et la plus longue, est celle de Bedos. Non, non! Ne raccrochez pas encore. Malgré une absence totale de modestie, qui serait pourtant parfois bienvenue, l’interview est intéressante et nous en apprend sur la carrière de Bedos, enfin, celle d’avant, sur ses amitiés, sur le tournage des deux films. Une obsession cependant est omniprésente (puisque c’est une obsession), c’est celle que Bedos a de tout classer, absolument tout, entre droite et gauche, y compris ses amis, qu’ils soient de droite ou de gauche. Je n’aime pas, je n’aime plus Bedos. Mais quelqu’un qui a pour ami Jean Loup Dabadie, qui a de l’admiration pour Jean Yanne, et qui a mis le pied de Pierre Desproges à l’étrier ne peut pas être totalement mauvais. Si?
Claude Brasseur est plus modeste et plus subtil quand il dit comment il a été choisi pour jouer et comment il a joué un homosexuel caché.
Anny Duperey dit très brièvement que deux des grands regrets de sa carrière ont été que son rôle dans le premier film soit si court et qu’elle n’en ait pas eu dans le second.
Dans son interview, Marthe Villalonga se ressemble, en plus calme. Elle n’avait, et n’a toujours, que deux ans de plus que Bedos quand elle jouait sa mère omniprésente.
L’interview la plus brève est celle de Victor Lanoux, qui fait un sympathique éloge de Dabadie et d’Yves Robert.

Le reste du magazine comprend:
-une analyse intéressante de Droit de Réponse. Mais si, rappelez-vous, cette émission où seuls Michel Polac et ses amis avaient le droit de répondre.
-un bel et long  article sur le rêve et l’échec français de Facel-Véga
-une suite d’anecdotes sur Léo Ferré
-la vie et la mort de Tintinville
-un portrait de Jean Pierre Melville
-etc, etc, etc…

Si vous n’êtes pas tendance, si vous avez aimé les années soixante et soixante-dix, alors, avant d’être vieux, soyez Schnock!