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Si Guitry m’était conté (Critique aisée 46)

Si Guitry m’était conté   
Théâtre du Petit Montparnasse.

Désolé, mais je ne vais pas faire une bonne critique de ce spectacle. Je suis désolé parce que j’aime vraiment beaucoup Guitry (Sacha surtout, le père, je ne l’ai pas connu), et j’aime bien Jacques Seyres. Mais là, non, ça ne va pas.

Il y a deux ans, j’étais allé voir au Vieux Colombier  » Du côté de chez Proust  » par le même Jacques Seyres : des extraits de la Recherche du temps perdu dits pendant près de deux heures, sans une note, sans un trou, sans une hésitation par un comédien âgé, certes, mais charmant, léger et plein d’humour. En dehors de la performance du comédien seul en scène, c’était une excellente soirée, propre à mettre en évidence que la phrase proustienne n’est pas si compliquée que ça quand on l’écoute.

Aujourd’hui, Jacques Seyres a 86 ans, mais il a à peine perdu de sa légèreté. Pendant une heure et demie, il nous raconte, à la première personne, quelques moments de la vie de Sacha Guitry, sa naissance, sa première montée sur scène devant l’empereur Alexandre III, ses douze classes de sixième successives, son admiration pour son père, son amour de la femme et ses critiques des femmes, sa vision de la mort et d’autres choses encore.

Si l’on entend parfois la mélodie de Guitry, les phrases qui ressemblent à des alexandrins et les alexandrins qui ressemblent à une conversation, si on retrouve parfois l’esprit de Sacha (je ne supporte pas d’être malade, ça me rend malade; j’ai pris mon rhume en grippe…) tout cela reste bien léger.

Bien sûr, Guitry était léger, par opposition à lourd, pas léger comme creux, mais léger comme élégant, gai, léger quoi ! Mais il était brillant, et là, dans le choix des textes, on a la légèreté mais je n’ai pas trouvé le brillant. Plutôt qu’aller rechercher des petits morceaux dans les souvenirs de Guitry et les mettre bout à bout, peut-être aurait-il mieux valu choisir quelques tirades extraites de ses pièces (il en a écrit plus de cent, mais si, vous pouvez vérifier) et les lier les unes aux autres par ses traits d’esprit ( il en a eu des milliers, et j’en oublie).

Désolé.