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À rebours, des Esseintes va chez le dentiste

Jean des Esseintes est le héros décadent du roman de Joris-Karl Huysmans « À rebours » paru en 1884.

Après une vie agitée pendant laquelle il a fait l’expérience de tout ce que pouvait lui offrir la société de son temps, il acquiert un pavillon de la banlieue parisienne.

Au préalable, il le fait décorer des tentures, tissus, papiers peints et tapis les plus raffinés, les plus introuvables, les plus onéreux et il y réunit les ouvrages les plus précieux à ses yeux, les objets les plus rares. Il peut à présent s’y retirer du monde et se consacrer à l’oisiveté et à l’étude.

Mais une nuit, des Esseintes eut mal aux dents. Ne pouvant se rendre Continuer la lecture de À rebours, des Esseintes va chez le dentiste

Les habitués (2)

Il y a une semaine, J-K Huysmans décrivait ici quelques habitués des cafés parisiens. Portraits réalistes et peu flatteurs de ses contemporains. Mais voici maintenant la description de l’Habitué intéressant.
Autoportrait ? 

(…) L’habitué intelligent, savant, exceptionnel, j’en conviens, celui dont je parle et le seul qui soit intéressant, par sa culture même, a besoin de se visiter, de s’asseoir en soi-même, de rester seul pendant quelques minutes, loin d’amis, s’il est célibataire ; loin de sa femme, s’il est marié. Cette distraction de sa vie, il la savoure dans une atmosphère quiète, sur une berge propice, dans ce café mort. D’autre part, ces gens sont visiblement des gens très bien élevés, mais ils n’aiment pas le monde. Leur tenue et un certain laisser aller le décèlent. La solution de l’énigme est peut-être là. Ces habitués trouvent une sorte de salon, mais un salon où l’on est pas forcé de s’habiller, de parler, de subir le bavardage exténuant des dames. Ils réalisent sans doute cet idéal de pouvoir songer et voyager en repos, au loin, dans le tiède milieu d’une convenable compagnie muette.

Joris-Karl Huysmans (1848-1907) 
Les Habitués de café (1889)

Les habitués (1)

Morceau choisi

J’ignorais que, cent vingt-six ans avant moi, J-K Huysmans avait dressé les portraits de quelques habitués de cafés, comme j’ai tenté de le faire dans ma série des « Couleur café ». 
Certains des personnages que vous allez rencontrer ici sont un peu datés, d’autres ont disparu, mais il faut avouer qu’il y a certaines permanences. 

(…) Parmi l’immense population de Paris, asservie, damnée par cette coutume (la fréquentation des cafés), plusieurs catégories existent.

Les uns fréquentent régulièrement tel café, afin d’entretenir une clientèle qui s’y désaltère, d’amorcer des commandes ou d’apprêter avec d’autres habitués quelques-uns de ces précieux larcins que la langue commerciale qualifie de « bonnes affaires ».

Les autres y vont pour satisfaire leur passion du jeu, poussent sur le pré tondu d’un billard de bruyantes billes, remuent d’aigres dominos, de fracassants jackets, ou graissent, en se disputant, de silencieuses cartes.

D’autres fuient dans ces réunions Continuer la lecture de Les habitués (1)