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La Villa Méditerranée. Critique aisée (1)

Quand la technique de pointe des grands ouvrages d’art se met aveuglement au service de la nullité de la pensée architecturale, ça donne la Villa Méditerranée de Marseille.
La « Villa » est principalement composée d’une salle d’exposition planant à 19 mètres de hauteur en console au-dessus d’un bassin qu’elle recouvre entièrement et de divers espaces de réception et amphithéâtres situés sous le bassin.

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On reste sans voix devant les prouesses techniques incarnées dans  cette construction prétentieuse voulue et payée par la Région et devant les phrases creuses, convenues et passe-partout (…politique de coopération décentralisée volontariste, espace phare de l’activité culturelle du périmètre Euroméditerranéen….) qui sont censées expliquer et justifier ce porte à faux gigantesque et coûteux et ces salles sous-marines.

Qu’a-t-on voulu faire exactement?
pouvoir nettoyer facilement sous le bâtiment?     Peu probable.
mettre à la disposition des Marseillais un plongeoir collectif, d’où 47 personnes pourraient plonger en même temps et figurer ainsi dans le livre des records?       Dangereux.
mettre le bassin à l’abri pour éviter que les gens qui se baignent soient mouillés par la pluie?     Gribouillesque.
rafraichir les amphithéâtres en les plaçant sous 2,50 mètres d’eau? Peu efficace.
épater le badeau ?     Probable.
laisser une empreinte?     Regrettable.
dépenser de l’argent?     Certain.

Plus sérieusement, sur le plan politique local, ce machin, qu’on appelle déjà la Villa Vauzelle, du nom du Président de la Région, est le résultat courant d’une ambition personnelle, celle de Monsieur Vauzelle, de laisser sa trace, et d’un conflit entre l’Etat, alors de droite et initiateur du projet du MUCEM, et la Région, toujours de gauche, qui ne voulait pas être en reste sur le plan culturel.

Soixante-dix millions d’euros avoués, probablement davantage, dépensés pour un palais de plus auxquels les Conseils Régionaux nous ont habitués.

Tout aussi sérieusement, mais cette fois sur le plan architectural : une construction qui ressemble à décor pour un James Bond de la belle époque, un dessin à l’esbroufe dont aucune réalité de fonctionnement n’explique ni ne justifie les originalités dispendieuses, du Mies van den Rohe ou du Frank Lloyd Wright mal copiés. Et ce n’est pas la définition donnée par l’architecte lui-même, Stefano Boeri, qui va nous éclairer:  » un bâtiment qui accueille la mer « .

A ce prix là, on ne se privera pas d’une plaisanterie facile en disant qu’une journée portes-ouvertes est prévue prochainement dans les amphithéâtres sous-marins afin de véritablement  « accueillir la mer ».