Archives par mot-clé : Aix en Provence

Post it n°13 – Troubles du langage

Sur le Cours Mirabeau, au café La Bastide, arrive cette jeune fille ; blonde, cheveux longs tirés en arrière par un chignon, grosses lunettes de soleil ; elle porte au creux du bras droit un sac plastique de chez H&M qui cache à moitié un sac de cuir noir ; sa main droite, pressée contre sa poitrine, serre un iPhone ; de la main gauche qui tient une cigarette allumée, elle salue deux garçons assis au soleil.

Elle traverse la terrasse, souriant de toutes ses dents. Elle rejoint ses deux amis et s’installe à leur table. Elle parle. Ses phrases sont construites mais naturelles. Elle raconte joyeusement ses cours à la fac de droit. Elle rit, elle sourit, elle est jolie, elle est la joie de vivre même.

Et puis elle dit « ça m’a gonflée« . Deux fois. Un peu plus tard, ce sera « Elle me fait chier, celle-là« . Ensuite, deux ou trois fois « putain« . Et enfin : « j’avais la tête dans le cul« .

C’est comme si elle s’était mis le doigt dans le nez.

Les ormes

Une haie de vieux ormes jalonnait le talus élevé de deux à trois mètres, en pied de la grande prairie, le long du chemin de la Vierge Noire. Leur tronc, droit, haut, à l’écorce raboteuse se terminait par une cime touffue, qui dominait de vingt-cinq mètres l’allée bucolique. Elle n’était pas sans danger, cette route, les jours de grand vent, qui faisait choir les branches mortes tourmentées et cassantes.
Les arbres s’abreuvaient dans la rigole en contrebas, née du canal du Verdon ; aussi restaient-ils verts sous le chaud soleil d’été, comme dans l’allée d’un parc lyonnais.
Géraud, enfant, récolta un jour, dans un sous-bois, Continuer la lecture de Les ormes

Le vent

Nous habitions le quartier du « Jas de Bouffan » baptisé sans doute en l’honneur des exaspérations du Mistral, souvent maître impétueux de l’atmosphère.
Descendant de la vallée du Rhône, se mariant avec les vents du Nord nés des hautes pressions septentrionales, il est appelé par le Sud Méditerranéen plus chaud; il tourne sur l’Etang de Berre, remonte sans obstacle la vallée de l’Arc pour souffler ses violentes rafales sur nos pinèdes dont il couche les arbres.
Après un temps pluvieux, en un instant il nettoie le ciel rendu limpide, dessèche la terre en poussière et malmène le linge en drapeaux Continuer la lecture de Le vent