Ah ! Les belles boutiques – 16

Le Rostand
6 Place Edmond Rostand Paris 6ème

 

Le Rostand n’a pas toujours été comme vous le voyez là. Je crois me souvenir qu’il y a une dizaine d’années peut-être, malgré sa vue sur le Luxembourg par-dessus la rue de Médicis et au travers des grilles du jardin, c’était un encore un café très ordinaire, avec ses tables en formica et son décor banal des années cinquante. Je ne sais sous quelle merveilleuse inspiration, la direction de cet établissement, nouvelle ou ancienne, a décidé de refaire entièrement la décoration des lieux et d’en changer l’atmosphère. En se rappelant du dramaturge qui lui avait donné son nom (sacré Edmond, 1868-1918), le décorateur est remonté un peu dans le temps en choisissant pour thème, c’est du moins comme ça que je le vois, une époque heureuse (pas pour tout le monde diront les grincheux soucieux d’exactitude historique sociale), le milieu du XIX siècle, le second empire et le début de la III ème République. Je sais, tu sais, nous savons, ils savent que cette période a connu des guerres, des émeutes, des injustices, mais aujourd’hui, tous les gens qui ont fait ou qui ont subi ce demi-siècle sont morts. Alors qu’est-ce que ça change de ne se souvenir pour un instant — pour un instant seulement, car j’en ai une aussi, de conscience sociale — que des bons côtés de cette période, Pasteur, Offenbach, Haussmann, Paris, Proust, Rostand… Quand je vois Le Rostand d’aujourd’hui, avec ses chaises en rotin, ses palmiers en pots, ses mosaïques au sol, ses boiseries et ses garçons en tenue traditionnelle, je vois Nice, je vois une ville d’eau, je vois presque des crinolines, des fiacres.
Autrefois, Les Deux Magots s’intitulaient « Le rendez-vous de l’élite intellectuelle« . (Ce genre de déclaration me rappelle toujours la formule de Fernand Raynaud : « Mon beau-frère n’est pas un imbécile. La preuve, c’est qu’il le dit lui-même ! »)
Aujourd’hui, Le Rostand déclare qu’il est un « café littéraire« . A en juger par le nombre de personnes, dont moi, qui tapotent sur un clavier en buvant leur café, c’est peut-être vrai. La proximité des bureaux de plusieurs éditeurs rend tout à fait vraisemblable cette éventualité. C’est d’ailleurs là que j’y ai rencontré le mien, dans les circonstances que j’ai décrite dans un texte justement intitulé « Le Rostand« , que vous pourrez relire en cliquant ICI  
Bref, Le Rostand, c’est la plus belle terrasse de Paris.

La série « Ah ! les belles boutiques »
L’objectif : rendre hommage aux commerçants qui réussissent à conserver l’aspect traditionnel de leur façade de magasin, et les encourager à persévérer.
Le contenu : une photo de la devanture d’un magasin, avec si possible l’adresse et, très éventuellement, un commentaire sur la boutique, ou son histoire, ou son contenu, ou sur l’idée que s’en fait le JdC.

ET DEMAIN, HHH, LA FIN

3 réflexions sur « Ah ! Les belles boutiques – 16 »

  1. Quand je viens à Paris il faut que tu m’amène boire un café au café Le Rostand !

  2. J’ai même connu un Border Collie nommé Cyrano!!!

    Pour ce qui est de la pièce, je la recommande chaudement!
    C’est un feu d’artifice de bons mots, d’instants de rare intensité qui font passer le spectateur du rire aux larmes, puis au rire encore; un petit bijou ciselé à la mise en scène réglée comme du papier à musique.
    Pas étonnant que la pièce ait eu 5 Molière, à l’instar de Cyrano de Bergerac, la célèbrissime pièce qui fut l’inspiratrice de celle-ci, et qui valut la Légion d’Honneur à son créateur, ledit Edmond, 3 jours seulement après la Première!
    A voir et revoir…
    J’en ai passé le livre à une amie, qui, du coup… a fait le chemin jusqu’à Paris pour aller la voir, sans attendre la tournée en province.

    Depuis la pièce éponyme aux débuts triomphants, Cyrano a un « capital sympathie » qui ne décroît pas. Il est devenu un incontournable du paysage littéraire français. A tel point que, comme Sherlock Holmes, le personnage est devenu plus célèbre que l’auteur dont, effectivement, les piliers de bar auront peut-être oublié le nom. Quoique…

  3. Il y a à Paris comme ailleurs des dizaines de bistros ou restaurants qui ont pour nom ‘Le Cyrano’ et la plupart des leurs habitués ne savent probablement pas qui était le père de Cyrano de Bergerac. Et combien savent de qui Le Rostand tient son nom? Je me demande même s’il n’y en a pas qui, passant rue Médicis, confondent le père (Edmond, le créateur génial de Cyrano) et le fils (Jean, biologiste, académicien, etc).
    PS: je recommande vivement la pièce d’Alexis Michalik qui se joue au Théâtre du Palais Royal depuis quelques mois: ‘Edmond’. Ce qu’on peut faire de mieux de nos jours. Cyrano lui-même l’approuverait, et c’est pas peu dire.

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