L’Iliade pour les nuls – Critique aisée n°124

Critique aisée 124

L’Iliade pour les nuls

La guerre de Troie (Ilion) a eu lieu vers l’an 1280 avant J.C. L’Iliade a été composée vers l’an 800 avant J.C. et n’a été écrite que deux cents ans plus tard. Ce poème, attribué à Homère, raconte un épisode d’une dizaine de jours de la dernière année de cette guerre qui en compta dix. Cet épisode est connu sous le nom de « La colère d’Achille ».

C’est tout ce que vous avez à savoir pour tenir une conversation de cinq minutes sur l’Iliade sans passer pour un total Béotien. Avantageusement, vous pourrez toujours citer quelques noms connus et parfois démodés : Agamemnon, Hélène, Paris, Hector, Andromaque, Nestor, Achille, Ajax… Surtout, ne vous aventurez pas à en dire davantage, car c’est plutôt compliqué, mais si vous tenez à épater tout le monde, dites d’un air badin que le fameux cheval n’apparait pas un seul instant dans l’Iliade. Vous en déstabiliserez plus d’un.

Un dernier conseil : imprégnez-vous du style homérique (ça veut dire le style d’Homère, l’auteur. Vous vous souvenez ? Homère ? L’auteur ?) en lisant ce petit extrait particulièrement représentatif que j’ai choisi pour vous.

Encore un mot : si vous parvenez à placer dans la conversation que l’Odyssée, c’est la suite de l’Iliade, vous serez l’objet de l’admiration de tous à la prochaine réunion de copropriété. Mais ne vous risquez pas à dire que vous préférez l’Énéïde à l’Odyssée, ou l’inverse, vous deviendriez pédant. De toute façon, tout le monde s’en fout.

« Et Zeus s’assit sur le faîte, plein de gloire, regardant la ville des Troyens et les nefs des Achéens.(1)
Et les Achéens chevelus s’armaient, ayant mangé en hâte sous les tentes ; et les Troyens aussi s’armaient dans la ville ; et ils étaient moins nombreux, mais brûlants du désir de combattre, par nécessité, pour leurs enfants et pour leurs femmes. Et les portes s’ouvraient, et les peuples, fantassins et cavaliers, se ruaient au dehors, et il s’élevait un bruit immense.
Et quand ils se furent rencontrés, les piques et les forces des guerriers aux cuirasses d’airain se mêlèrent confusément, et les boucliers bombés se heurtèrent, et il s’éleva un bruit immense. On entendait les cris de joie et les lamentations de ceux qui tuaient ou mouraient, et la terre ruisselait de sang ; et tant qu’Éôs(2) brilla et que le jour sacré monta, les traits frappèrent les hommes, et les hommes tombaient. Mais quand Hélios(3) fut parvenu au faîte de l’Ouranos(4), le père Zeus étendit ses balances d’or, et il y plaça deux kères(5) de la mort qui rend immobile à jamais, la kèr des Troyens dompteurs de chevaux et la kèr des Achéens aux cuirasses d’airain. Il éleva les balances, les tenant par le milieu, et le jour fatal des Achéens s’inclina ; et la destinée des Achéens toucha la terre nourricière ; et celle des Troyens monta vers le large Ouranos. Et il roula le tonnerre immense sur l’Ida(6), et il lança l’ardent éclair au milieu du peuple guerrier des Achéens ; et, l’ayant vu, ils restèrent stupéfaits et pâles de terreur. »

Notes
1 – Les grecs
2 – L’aurore
3 – Le soleil
– Le ciel
– Divinité infernale
– Mont proche de Troie

Post Scriptum :
Vous qui n’êtes pas, ou qui ne voulez plus être l’un des Nuls auquel cette présentation de l’Iliade est destinée, lisez le texte intégral. C’est passionnant.

ET DEMAIN, SEMPER FIDELIS

2 réflexions sur « L’Iliade pour les nuls – Critique aisée n°124 »

  1. L’Iliade : un drôle de style, on dirait, mais la baston a l’air chouette !

  2.  » De toute façon, tout le monde s’en fout. »

    Sauf moi. En effet, il ne vous aura pas échappé que mon patronyme est grec et signifie : Celui qui vient de l’Est. Et à l’Est de la Grèce se trouve l’Anatolie. D’où mon patronyme. Et en Anatolie se trouve l’ancienne Troie.

    Il n’en fallait pas plus à mon imagination enfiévrée pour que je revendiquasse un ancêtre Troyen fuyant Troie – tel Enée portant son père Anchise sur son dos – abordant après un long et périlleux voyage aux côtes d’Hespérie, l’Andalousie actuelle, où il fonda un comptoir de commerce et d’où sont encore originaires mes grands-parents.

    De quoi se forger une légende à nulle autre pareille, et dont je faisais naguère le récit à mes enfants, pensant par là les intéresser à Homère. Va te faire foutre… ils se moquent comme d’une cerise d’être les descendants d’un guerrier Troyen. Ou alors ils ne me croient pas….

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