HHH, NYC, USA (6) – Robert Paulsen

6-Robert

Robert Paulsen a trente-deux ans. Il dirige le secteur commercial MIDWEST-USA. Il est né à Duluth, Minnesota, dans une famille d’origine norvégienne. Il est divorcé, sans enfants et, depuis deux ans, il vit avec une jeune femme noire, Djeyma, vingt et un ans. Elle est originaire d’Haïti, sans papiers et très jolie. Bob mesure 198 centimètres. C’est pour ça, et aussi pour le différencier de Bob Martinoni, qu’on l’appelle ironiquement « Little Bob ». Son secteur marche correctement, mais sans faire vraiment d’étincelles. Tout le monde aime bien Little Bob ; tout le monde déclare qu’il est gentil, en le disant avec cette nuance d’affection qui fait bien comprendre qu’il est effectivement gentil, mais pas très malin. Bob Paulsen est bien content d’avoir cette si bonne situation dans cette société si chaleureuse où tout le monde l’apprécie tant. Pourtant, Bob a un problème : quand il a voulu présenter Djeyma à ses parents, son père, assureur à Duluth, lui a donné à choisir entre sa famille et cette « fille de couleur ». Cela s’est passé il y a presque un an et, depuis, il n’a pas revu ses parents. A chaque réunion, il essaie de se placer à côté de Cosby, parce que Cosby est noir et qu’il aimerait en faire un ami, pour lui et pour Djeyma. Il y a un mois, il l’a même invité chez lui pour prendre un verre. Ils sont ensuite allés diner tous les trois dans un restaurant de Chelsea, et la soirée a été très agréable.

Dans la salle de réunion, le silence se prolonge au-delà du supportable et Bob Martinoni jette un coup d’œil à G.H. qui reste impénétrable dans son coin. Il comprend que c’est à lui d’intervenir.

—Mais, Harry, qu’est-ce qui ne va pas, mon vieux ? Tu ne te sens pas bien ? Tu es malade ?

—Parfaitement bien ! Je vais parfaitement bien ! Il y a seulement qu’elle m’emmerde ! Elle t’emmerde pas, toi ?

—Enfin, Harry, tu ne peux pas dire des choses comme ça. C’est une réunion de travail !

—Une réunion de travail, d’accord, mais emmerdante !

—Bon, ça va comme ça maintenant. Je te prie de sortir. Va prendre l’air, un café, une cigarette, n’importe quoi, mais laisse-nous travailler. Je te verrai tout à l’heure.

Harry Weissberg ne bouge pas de son fauteuil. Au contraire, il se carre au plus profond du siège avec affectation.

David Cosby regarde le Vice-Président Sales & Marketing hésiter sur la conduite à tenir face à cette situation inaccoutumée. Pour cacher le sourire ironique qui lui monte aux lèvres, il toussote, prend un air affairé et écrit n’importe quoi sur son bloc.

<<…mais, c’est que ça devient marrant, cette réunion du jeudi…on dirait qu’il a bu, l’homme de l’Ouest…pourtant, il a une élocution parfaite…si ça se trouve, il a hérité une fortune de Bernard Madoff… il va nous annoncer qu’il a acheté une ile aux Bahamas et qu’il s’y retire avec une douzaine de playmates…>>

La suite après-demain 15 octobre

ET DEMAIN, UNE CRITIQUE AISÉE, CELLE DU NOUVEAU SPECTACLE DE FABRICE LUCHINI

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