La pénitence est douce

Morceau choisi

Rosette, agenouillée au confessionnal,
Murmure : « Mon bon père, à vous, je m’en accuse :
J’ai trompé mon mari – Ma fille c’est très mal,
Dit le prêtre… Et… combien de fois ? » Rose, confuse,

Se trouble, balbutie, hésite… enfin répond :
Neuf fois ! – Hum ! Depuis quand ? » fait le prêtre.
Alors Rose : »Depuis hier soir ! » Et, sous le nuage blond
De ses cheveux d’or fin, Rose devient plus rose.

« Neuf fois depuis hier ! répond le bon curé…
Je ne puis, d’un pêché de pareille importance,
Vous absoudre aujourd’hui, sans avoir référé
A l’évêché qui fixera la pénitence !

Revenez dans huit jours. » L’évêché décréta
Qu’ayant fauté neuf fois, Rose, aurait, pour sa peine,
A dire cinq Ave. Rose s’en acquitta
Et fut absoute… Mais au bout d’une semaine,

Au sacré tribunal, avec un air marri,
La voici qui revient s’accuser d’inconstance,
DIsant : « Sept fois, encor, j’ai trompé mon mari :
Mon père, indiquez-moi quelle est ma pénitence »,

Et lui, sur le tarif de l’absolution
Dernière, s’efforçant de se baser, calcule :
« Pour neuf fois, cinq Ave… D’une proportion,
Je dois donc, pour sept fois, établir la formule :

Cinq est à neuf comme X à sept… d’où je conclus
Qu’il faut… Ah ! C’est vraiment trop compliqué, ma chère…
Faites votre mari cocu deux fois de plus.
Et dites cinq  Ave comme la fois dernière.

Léon Vilbert

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2 réflexions sur « La pénitence est douce »

  1. Cela rappelle cette petite grivoiserie…

    Un jeune homme, l’air gêné, rentre dans un confessionnal:
    – Pardonnez-moi mon père car j’ai péché.
    S’ensuivent les formules habituelles, puis le prêtre demande en quoi le jeune homme a péché.
    – Mon père, je m’accuse d’avoir fauté avec une femme mariée. Plusieurs fois!
    – Evidemment, mon fils, ce n’est pas bien du tout, mais c’est bien d’être venu demander le pardon de Dieu. Il y a malheureusement ici des paroissiennes qui ne prennent pas leurs voeux très au sérieux! Est-ce la femme du notaire?
    – Non, non, mon père!
    – Celle du médecin?
    – Oh, mon père, non!
    -Pas celle du maire, tout de même?
    – Non, non mon père! Mais vous comprenez bien, quelle que soit cette dame, je ne puis rien dire. Son honneur, sa dignité… Vous comprenez?
    – Ce sentiment vous honore, mon fils. Mais du coup, vous serez le seul à faire pénitence. Dites votre chapelet jusqu’au grain majuscule.
    – Merci mon père.
    Le gars sort de l’église. Sur le parvis, il croise un copain à lui, véritable rat de bénitier;
    – Ben, qu’est-ce que tu fais là, toi, un tel mécréant? demande le copain. Tu croyais trouver des filles cachées entre les bancs, ou derrière les statues?
    – Non, non, répond l’autre. Mais je ressors avec quelques bonnes adresses…

  2. Il y a belle lurette que l’adultère a été retiré de la liste des pêchés pour faire partie des plus beaux gestes de générosité conduisant inéluctablement à la béatification!
    Il faudra revoir l’équation, ici, proposée en inversant les signes!

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