Si vous voulez savoir ce que je pense de Marcel Proust, allez lire ma critique « Ne lisez jamais Proust !«
Mais si vous voulez savoir ce que Paul Morand pensait de la longue phrase caractéristique du petit Marcel, lisez ce qui suit:
« Cette phrase chantante, argutieuse, raisonneuse, répondant à des objections qu’on ne songerait pas à formuler, soulevant des difficultés imprévues, subtile dans ses déclics et ses chicanes, étourdissante dans ses parenthèses qui la soutiennent comme des ballons, vertigineuse par sa longueur, surprenante par son assurance cachée sous la déférence, et bien construite malgré son décousu, vous engaine dans un réseau d’incidents si emmêlés qu’on se serait laissé engourdir par sa musique si l’on n’avait été sollicité soudain par quelques pensées d’une profondeur inouïe ou d’un comique fulgurant. »
Si vous voulez un bel exemple de la phrase proustienne, cliquez sur Proust à longueur de phrase
Comme je n’ai rien à dire à propos du BBT que je n’ai jamais regardé, donc sans opinions, mais comme les commentaires à propos de la phrase de Proust nous ont ramenés à la question des incipits, et comme il était question de Trump une fois de plus hier, je reproduit ici un petit poème sans prétentions né dans ma tête cette nuit et terminé à l’instant pour y ajouter une dernière strophe:
INCIPIT pour une Fin
Ainsi pitoyablement se lamentait Trump
Voyant de son mandat venir l’outre-tombe
Il enlaçait l’Amérique elle s’en lassait
La fin de cette mésaventure commençait.
Un si pitoyable sort était inéluctable
Pour ce président à l’élection improbable
Les Américains trompés se sont fourvoyés
Mais sont enfin décidés à le renvoyer.
S’il me fallait conclure cette farce américaine
Je dirais qu’en dépit de mon affection lointaine
Qu’à côté de ses vertus l’Amérique a ses vices
Dont Trump aura été la preuve dénonciatrice.
01/03/2018
Bonjour Avistodenas
Puisque tu es à la fois récent sur ce blog et intéressé par les incipits, je te suggère d’aller voir si les textes suivant te plaisent:
L’hiver, des singes égarés
https://www.leblogdescoutheillas.com/?p=7991
dans le quel je cite quelques incipits fameux,
Adoptez un incipit !
https://www.leblogdescoutheillas.com/?p=4969
texte dans lequel j’évoque l’angoisse de l’écrivain devant l’incipit de la Recherche du Temps Perdu
et enfin « Incipit »
https://www.leblogdescoutheillas.com/?p=4735
dans lequel j’ai pris la première phrase de « Pour qui sonne le glas » à la suite de laquelle j’ai écrit un texte.
Proust et son charme vieillot..
Aujourd’hui, le point virgule a quasiment disparu au profit du point. Point.
Pour ma part, je me suis plutôt essayé à trouver une première « plus belle phrase de roman » (alors que jamais je n’écrivis hormis quelques texticules) : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure ». Quelle classe !
“Quelques pensées d’une profondeur inouie ou d’un comique fulgurant”, ne se pose-t-on pas cette question, hésitant entre deux extrêmes, à la lecture ou à l’écoute d’une logorrhée fastidieuse? Je ne pense pas à Marcel en disant cela, mais tout de même, il peut remercier la langue française d’une telle richesse d’adjectifs qualificatifs.