Villa triste (Critique aisée 98)

Modiano, pour moi, c’était du passé : oubliée sa « Rue des boutiques obscures« , déserté son « Café de la jeunesse perdue« . Je ne pensais plus à le lire et, à vrai dire, aujourd’hui, j’en suis à me demander si je l’ai vraiment lu, le « Café… » D’ailleurs je ne lis pratiquement plus, occupé que je suis à la construction de mon magnum opus à moi.
Son prix Nobel de 2014 avait un instant remis le projecteur de mon attention sur cet auteur de mon âge, mais la banalité décevante de son discours de réception me l’avait fait vite oublier.
Un an auparavant, son éditeur, Gallimard, avait sorti un livre de 1088 pages, toutes signées Modiano. Il s’agit en fait de la re-publication de dix de ses romans.
J’ai de la chance, pour la fête des pères 2017, on me l’a offert. Alors, par politesse, j’ai lu le premier de ce volume, Villa triste.

Villa triste
(Gallimard, 130 pages, 1975, Prix des Libraires 1976. Impossible de vous donner le prix de vente, occulté par une pastille bleue, c’est un cadeau.)

Un garçon flou, incertain, dont on ne sait pas grand-chose sinon qu’il n’est pas ce qu’il prétend être, une grande et belle jeune femme molle, paresseuse, lascive, au passé mystérieux.

Un soi-disant médecin, probablement pervers, peut-être espion, peut-être ange gardien, une ville d’eau, brièvement réveillée pour la saison d’été, avec ses pianos de la plage, ses airs de rumba, ses concours d’élégance, ses oisifs, leurs automobiles, leurs femmes et leurs chiens, d’interminables après-midi, allongés n’importe où dans une chambre de palace, à regarder la lumière baisser, à faire l’amour, sans jamais le décrire ni même le dire, au son feutrés des balles de tennis, une atmosphère à la Souchon…

Un roman à lire l’été, mais pas un « roman de l’été » ; on en sort tout ensommeillé, comme après une longue sieste,

On dirait presque un premier roman, presque un  chef d’œuvre de débutant.

Une réflexion sur « Villa triste (Critique aisée 98) »

  1. Ne pas lire ou lire peu lorsque l’on ‘construit’ son Magnum Opus…
    N’y a-t-il pas là, risque de perdre pied?
    ou de s’éloigner dangereusement de la condition humaine, telle que narrée par nos semblables et donc telle que les êtres humains se l’imaginent?

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