Post it n°18 – Marée montante

Une ligne parfaitement droite sépare la grande pelouse rectangulaire en deux parties, à cette heure parfaitement égales : à l’ouest, l’ombre fraiche des grands marronniers, à l’est, la chaleur du soleil d’un printemps qui tourne à l’été. Sur l’herbe dense, les jeunes gens, étudiants ou lycéens, se sont répartis également entre l’ombre et la lumière, par couples ou par groupes. Ils sont allongés, sur le dos, sur le ventre, sur le côté, ou bien assis, lisant, parlant, s’embrassant ou bien dormant. Tout est calme, tout est tranquille. On se croirait sur une plage d’où les adultes auraient été chassés. Soudain, deux gardiens sont entrés sur la pelouse par le nord. Ils viennent de retourner la pancarte qui l’autorisait. Les deux hommes remontent lentement vers le sud, les bras légèrement écartés, débonnaires. Tout en marchant, ils psalmodient doucement : « s’il vous plait, veuillez passer sur l’autre pelouse, celle-ci est fermée ». Lentement, paresseusement, mais sans protester, les jeunes gens se lèvent, ramassent leurs affaires, puis remontent la pelouse devant les gardiens, comme feraient des estivants chassés vers le haut de la plage par la marée montante.

 

… ET DEMAIN, UNE PHOTO DE L’ÉTÉ

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