A faire pleurer Billancourt

Je sais qu’il n’existe pas de camp de concentration en Union Soviétique et je considère le système pénitentiaire soviétique comme indiscutablement le plus souhaitable dans le monde entier. Je crois que c’est le seul pays où les condamnés, quels qu’ils soient, que ce soit des condamnés de droit commun ou que ce soit des condamnés politiques, touchent un salaire égal à ce qu’ils toucheraient s’ils étaient à l’extérieur, peuvent acheter ce qu’ils achèteraient à l’extérieur, sauf des boissons alcooliques, ce qui est évidemment désagréable pour ceux qui aiment boire, et peuvent se payer, avec leur salaire, une chambre individuelle s’ils en ont le désir et la possibilité, qui ont le possibilité de lire, d’écrire, de voir des films, de faire de la musique.

Marie-Claude Vaillant-Couturier – député communiste – 22 décembre 1950

… ET DEMAIN, UNE PHOTO : LE CAFÉ DELMAS

18 réflexions sur « A faire pleurer Billancourt »

  1. Sur le plan purement technique.

    Permets-moi de préciser que la ‘carte écran radar’ n’est pas un filtre.

    Une telle métaphore nous renverrait au paradigme de la photo où la lumière (et la clarté de Boileau), comme le sens, viennent de l’extérieur.

    Le paradigme du radar part de la carte (qui n’est pas une plaque photo) sur laquelle les échos des ondes radar sont superposées. Le radar émet des ondes et leur écho, en se superposant à la carte, confirme, valide ou infirme la validité des pré-conceptions (conjectures, théories et paradigmes) qui la constitue.

    Semblera ‘clair’ ce qui est conforme à la structure antérieure de la carte.

    Hélas, l’éducation française qui se termine aux classes terminales ne donne manifestement pas accès à l’explication de ce paradigme pourtant salvateur.

  2. Je serais extrêmement surpris que quiconque, même ayant vu un jour la scène de Charlot, ait compris à quoi tu pouvais bien faire allusion avec cette histoire de chiffon rouge et de camion surchargé.
    De plus, je te confirme que l’adoption d’un style à la Danton, l’accumulation de références obscures et l’utilisation répétée d’images et de comparaisons désobligeantes dans des phrases à structure complexe, tout cela ne facilite pas la compréhension de tes commentaires.
    Avant le filtre du fameux écran radar qui expliquerait selon toi l’incommunicabilité universelle, il y a celui de la simple compréhension des phrases. L’éloquence peut faire impression, mais elle n’aide pas forcément à la compréhension. Faut-il que je fasse référence à Boileau ?
    Pour le reste, je considère que tu n’as pas répondu à mes questions, mais je m’en contenterai.
    Je pense qu’il est temps de clore les commentaires sur « Billancourt ». Tu pourras, si tu le veux, t’exprimer sur le même sujet à l’occasion de futurs articles du JdC.

  3. Cher Philippe

    Quelle n’est pas ma surprise en te lisant ce matin?

    Voyant que tu avais fait un commentaire à mon dernier commentaire… je me suis précipité pour cliquer dessus croyant fermement que j’allais lire que tu regrettais ne pas avoir écris, toi même, mon génial commentaire!

    Tout d’abord, je maintiens ma théorie que s’il y a incommunicabilité ce n’est pas parce que les mots, les phrases et les paragraphes sont enchevêtrés ou compliqués à plaisir ou déplaisir mais tout simplement parce que chaque être humain projette sur ce qu’il lit (ou met dans ce qu’il écrit) ce qu’il a derrière la tête, ou dans ce qu’il a d’imprimé sur sa carte écran radar au cours des aléas de ses pérégrinations.

    Les accidents de l’existence font qu’il n’y a pas deux êtres humains qui possèdent des cartes écrans radar (des ‘weltanschauungs,’ diraient les teutons, des ‘hearts & minds’ diraient les gringos, des ‘inconscients’ diraient les psys. lacaniens, etc.) identiques.

    Je ne peux donc user d’un vocable (signifiant) qui ferait référence à ce que tu as sur ta propre carte écran radar (signifié) et qui répondrait à ton exigence de clarté et de simplicité. Contrairement à Victor Hugo, j’affirme: « est censé celui qui sait que je ne suis pas toi! »

    Répondre à ta première question me donne l’occasion d’illustrer le précédent propos.

    Lors d’un de tes brefs commentaires à l’un des longs miens tu as mentionné, après avoir, dans ton précédent, évoqué ‘le front des taureaux…’ (ce qui voulait dire, je crois, que tu n’aurais pas aimé avoir écrit mon commentaire…) qu’en gros, tu regrettais d m’avoir provoqué en agitant un chiffon rouge.

    J’en ai déduis que tu associais ce geste au désir d’exciter un taureau, comme le font les enfants des villes lors de week-ends qu’ils passent à la campagne. Évidemment on peut penser aussi à la cape sous laquelle le toréador cache l’épée de la mise à mort! (Histoire d’avoir le dernier mot!).

    J’ai cru bon et amusant, voire distrayant, de m’éloigner de la tauromachie en faisant référence à un film muet de Charlee Chaplin. Je croyais à tort (- la plupart des choses que l’on s’imagine exister sur la carte écran radar de l’autre n’y est pas -) que cette scène avait marqué notre enfance. On y voit Charlot, déambulant selon sa célèbre démarche, qui traverse une rue. Un camion passe devant lui. Il contient des poutres qui dépassent les normes de cargaison. Pour en avertir les autres usagers de la voie publique ces poutres sont prudemment et obligatoirement ornées d’un chiffon rouge à leur extrêmité. En passant devant Charlot, ce chiffon rouge se détache et tombe inopinément. Charlot, voulant bien faire, le ramasse et court après le camion en agitant ce chiffon en espérant que, dans son rétroviseur, le chauffeur le voit. Le camion poursuit sa route à une vitesse qui permet à Charlot de le suivre en courant et en agitant le chiffon. Au premier carrefour le camion tourne à gauche , Charlot le poursuit toujours en agitant le chiffon rouge. Sur la droite surgit une manifestation des Reds (c’est comme cela qu’on les appelait alors en Amérique) qui va, elle aussi, dans le sens emprunté par le camion. Charlot se retrouve donc agitant son drapeau rouge à la tête de cette manif. Dans ma tête j’ai trouvé ce détournement amusant, surtout que Charlee Chaplin, sans doute à cause de cette scène, s’est retrouvé sur la liste noire des Macartistes… d’où ma mise en contexte contemporain qui te plaçait, agitant ton chiffon rouge à la tête d’une manif. mélanchonienne.

    J’ai pris mon pied en l’écrivant… j’écris toujours pour mon plaisir… ça me suffit sachant que, de toutes façons, je ne serai pas compris!

    Les questions 2 et 3 se tiennent et reposent évidemment sur un paquet de mal- entendus.

    Les expressions ‘mal entendu’ comme ‘qui pro quo’ font référence, me semble-t-il, à l’entendement (c’est à dire – pour moi – ce que l’on imagine (le ‘quo’ de ‘qui pro quo’) dans notre cerveau structuré par notre carte mentale, à propos de mots, des phrases, des paragraphes, des soupirs ou des gestes (le ‘qui’ de ‘qui pro quo’) pour moi, muter notre différence cérébrale vers l’ordre et la nature des mots et des phrases est une forme de fétichisme qui tient autant du vaudou que de l’eucharistie.

    Il m’a semblé, – c’est ma lecture, c’est à dire ma façon de construire mes ‘narratives’ à moi, jamais je ne prétend que le sens soit dans les mots et les gestes des autres – il m’ a semblé, j’ai cru comprendre que, comme Houellebecq qui parle de (- à partir de – et – à propos de -) son quartier parisien qu’il y avait une magie du lieu, enflée d’ailleurs de séjours à Rome dans ton cas… et qu’effectivement, ce qui venait d’ailleurs que de ce lieu prestigieux se trouvait automatiquement dévalué. Il y a, certes, aussi une admiration pour New York et la Californie. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai pris cet État qui est sans doute le moins pire des États-Unis d’Amérique pour agiter, – moi aussi, je peux jouer au picador -, mon chiffon rouge et te faire grimper dans les rideaux. (expression québécoise).

    À l’âge de la circulation quasi planétaire des produits culturels et communicationnels (livres, nouvelles téléfiffusées, films, etc.) je ne pense pas qu’il existe aujourd’hui de lieux privilégiés comme le fut Paris du temps d’Hemingway ou la Californie du temps du collège invisible de Palo Alto (dans mon domaine intimiste).

    Je ne vois pas de différence sur les plans éthique, esthétique, intellectuel ou autre entre vivre ici ou là. J’ai cru, évidemment je n’en suis pas certain, que toi tu voyais une différence. D’ailleurs ta question me semble l’impliquer, cette différence! Si, dans certaines classes ou catégories sociales françaises certains et certaines rêvent de venir vivre au Québec, dans d’autres, je crois déceler la persistance d’un certain mépris… que beaucoup de Québécois ressentent encore aujourd’hui.

    J’ai un ami que j’ai plusieurs fois invité à faire le détour par Montréal pur venir passer quelques jours à la maison lorsque de Paris il se rend à New York ou San Francisco. Je n’ose plus lui demander (alors que Septembre y est le plus beau mois) par peur de me heurter à un autre refus. Est-ce mépris du Québec ou refus d’avoir à converser hors de son blog ou hors de chez lui?

    Pour moi, les cinquante ans que j’ai passé au Québec, – en dehors des nombreuses qualités de cet endroit et de ses ‘natives’- m’ont permis de développer quotidiennement un certain sens de la relativité des valeurs et du comportement. J’aime à penser que je suis là, comme Descartes et John Locke furent en Hollande, loin des pressions et oppressions parisiennes ou londoniennes. On m’y prend pour une curiosité exotique plus ou moins européenne (a no where man, ce qui me convient puisque ‘no where’ est la résidence fiscale de l’utopie). Mes livres et revues viennent surtout de France, d’Angleterre et des États-Unis… Montréal me semble un lieu de croisement stratégique des médias. BBC, FR 3, Radio Canada RDI et CBC. et un très grand nombre de chaînes américaines dont CNN et Fox News sans oublier du Qatar avec Aljezeera en anglais. Comme j’ai le goût de l’international, je pense y être mieux qu’à Paris. C’est tout mais je n’en éprouve ni fierté, ni honte, ni supériorité. Par contre, je vois rouge lorsque l’on me dit que c’est mieux ailleurs!
    L’important, pour moi, est de me retrouver dans des situations où il m,est impossible de ne pas prendre conscience de la relativité des perspectives humaines… Et de tenter, avec un succès très modéré, de m’y adapter.

    La question 4 complète les 2 et 3. C’est à Paris, dans un resto ‘trend’ que l’on peut s’asseoire à côté de politiciens éphémères… ce qui donne parfois l’illusion d’être IN le cœur de la 5e puissance du monde au lieu d’être perdu à Pont au Thou ou à Carignan!

    je sais que tu vas me répondre, comme tu l’as fait récemment, que face à ce que j’essaye en vain de te dire tu as magistralement décidé de ne rien faire! C’est là sagesse de mandarin chinois dont j’aurais dû, moi aussi, me faire apôtre!

    Effectivement, nos centres de perspectives sont très éloignés… comme tu l’as fort bien dit, 20.000 lieux sous les mers, nous ne faisons que redonder dans les bulles d’oxygène ou d’oxyde de carbone qui s’échappent de nos bouteilles de plongée!

    La base de nos divergences et incompréhensions mutuelle se trouve dans nos façons d’identifier la résidence fiscale du sens. Pour toi, je l’imagine, dans les mots et les façons de construire les phrases, le style quoi! Pour moi il est dans mon imagination façonnée par les pérégrinations de mon existence.

  4. Cher René-Jean
    A la fin d’un week-end assez calme, j’ai pris connaissance des quelques récents commentaires que j’avais approuvés, comme toujours, sans les lire, comme parfois. Je n’ai pas l’intention d’entrer une fois de plus dans cet interminable débat de l’incommunicabilité théorisée, du totalitarisme dénié ou de la comparabilité entre le rêve communiste et le rêve californien. J’ai quand même une mise au point à faire, et je vais tenter de l’exprimer au moyen de phrases courtes, avec des mots simples, un minimum d’adjectifs et d’adverbes, sans utiliser d’images, de figure de style ou de rhétorique, sources d’incompréhension et de qui pro quo.
    Voilà : tes récents commentaires montrent que tu as pris pour toi mon allusion à la « bêtise au front de taureau ». Je viens de le comprendre. En l’occurrence, j’avais utilisé cette image de Baudelaire contre ceux qui ont tu ce qu’ils savaient du régime stalinien. Mais, dans mon commentaire suivant j’ai parlé de « chiffon rouge ». Tu as rapproché les deux images et tu t’es senti visé. A tort, car ce n’était pas dans mes intentions. Un acte involontaire, une maladresse. Depuis le temps que nous échangeons, j’aurai dû me douter que tu ferais le rapprochement, mais je ne l’ai ni voulu ni vu venir. Je le regrette.

    Ceci dit, je me pose plusieurs questions :
    1-Quel sens se cache-t-il derrière cette image compliquée de quelqu’un qui agite un chiffon rouge tombé d’un camion hors norme en le brandissant en cadence des slogans insoumis à la tête d’une manif mélanchonienne ?
    2-Quel sens se cache-t-il derrière cette autre image des perroquets assez cons pour répéter toujours la même chose dans les mêmes quartiers de Paris ou de Rome ?
    3-Est-il plus aventureux, plus risqué, plus formateur, plus généreux, plus humain de rester une cinquantaine d’années au Québec qu’à Paris ?
    4-Est-ce une preuve d’inconsistance, de vantardise ou de fatuité que de se trouver par hasard dans un café du Quartier Latin en même temps que deux personnes connues, et de le mentionner à propos de bottes, juste parce qu’on trouve ça rigolo, et qu’on voudrait apporter un peu de légèreté dans un commentaire lourdingue qui n’était écrit qu’en réaction offusquée à une mise en équivalence des conséquences du rêve communiste et du rêve californien ?
    Il faudrait répondre en mots simples et phrases courtes, car les images, les non-dits, les comparaisons, les sous-entendus pourraient donner lieu à d’autres qui pro quo.

  5. Je ne dis pas que la RÉALITÉ est subjective!

    Elle est, effectivement, très objective! (d’où son pouvoir persuasif ou performatif qui n’échappe à personne!)

    Elle est là, indéniable dans sa nature.

    Toutefois, son appréhension est indissociable de l’être humain qui l’appréhende (redondance voulue). Et toute appréhension, observation, description est inévitablement réductrice, partielle, partiale et inexacte car elle dépend avant tout de nos appareils biologiques et physiques ou chimiques personnels ainsi que des langages (dont la fonction est plus phatique que descriptive) culturellement fabriqués par les sociétés dans lesquelles vivent et sont formé et/ou formatés les observateurs de l’univers ou de la ‘réalité.’

    La réalité existe mais la façon dont on en parle (et, par suite, dont on agit sur elle) dépend des systèmes symboliques de reconstruction que l’on nous a imposés (à l’école qui n’a jamais eu quoi que ce soit d’UNIVERSEL mais est toujours terriblement ‘parochial’ ou paroissiale; ce qui explique, entre autres grands problèmes, l’impossibilité de penser l’Europe ou la Terre-Patrie) à l’égard de ‘la réalité.’

    Durant la guerre 39-45, le ‘négationnisme’ (négation de la Shoah et de son ampleur) était de mise chez de nombreux pétainistes français (et même en de nombreux milieux alliés, selon les affirmations des victimes et surtout de leurs parents et amis). Ce n’est qu’après que les militaires de plusieurs corps d’armées américaines, canadiennes, anglaises et Soviétiques en aient visuellement découvert l’existence et l’horreur que le consensus quasi absolu (les révisionnistes sont poursuivis par la loi) s’est fait sur cette ‘réalité’ (la réalité étant assurée par la convergence unanime des témoignages.)

    En décembre 1950, les témoignages sur les camps de concentration soviétiques ne concordaient pas encore aussi unanimement que ceux concernant la Shoah en 1945.

    Quand on émet un jugement sur certains faits, il faut se remettre dans le contexte des croyances dominantes (dans le milieu de l’émetteur du jugement) concernant le phénomène observé.

    Le problème est que les jugements moraux semblent inéluctablement sélectifs et orientés par ‘les intérêts du porteur-émetteur.’ Et les conservateurs d’aujourd’hui, partisans du maintien du statu quo mondial, même si il semble, aux yeux et au cerveau de certains, se diriger vers la réalisation d’une dystopie mortifère, se plaisent à détruire les utopies (dont beaucoup trouvent leur origine dans l’anarcho-socialisme: Proudhon, le jeune Marx, etc.) en montrant qu’elles ont mené à un univers concentrationnaire peu différent de celui auquel a conduit la dystopie nazie et le nationalisme sur lequel Staline s’est rabattu face aux pressions des néo-libéraux occidentaux pratiquant le ‘containment’ (cordon sanitaire à nœud coulant).

    Le mot d’ordre conservateur est de jeter le bébé avec l’eau du bain, en obscurcissant au maximum l’aspect nauséabond de son eau rance!

    J’ai déjà soutenu que, sans la menace d’expansion du régime soviétique, l’Occident n’aurait jamais connu ses ’30 glorieuses’ (45-73) marquées, entre autres bonnes choses, par l’intensification de l’humanisme dans l’entreprise (développement inédit des Relations Humaines).

    Depuis que le mur de Berlin s’est écroulé et que l’URSS a implosé (entre autre grâce à la prise de conscience de ses goulags), les relations humaines dans les entreprises capitalistes se sont réduites à la menace permanente du chômage et à la mise en place de plans de ‘re-structuration sociale’ (en clair: de licenciements systématiques). Le travail ouvrier est devenu un coût à réduire au maximum alors qu’il était une ‘nécessité utile’ du temps où les syndicats prétendaient avoir des liens avec Moscou!

    Aujourd’hui, les gardes chiourmes du système post libéral se plaisent à rappeler que toute alternative, même une 3e voie à laquelle rêvait pourtant De Gaulle qui a sauvé la France de la main mise de Moscou en 1945-46, ne pourra aboutir qu’à un retour aux camps de concentration staliniens.

    Les enjeux économiques et sociaux du présent sont les meilleurs indices de l’orientation des décryptages (sélectifs et partiels ou partisans) de la prétendue ‘réalité passée’!

  6. Bon, alors, si j’ai bien compris René-Jean, il ne peut y avoir déni des réalités puisque la réalité est subjective, elle ne relèverait que de l’imaginaire, du fantasme, de l’éducation, des origines familiales, du milieu social, et de je n’sais quoi encore, toutes ces choses qui sont l’apanage des perroquets.
    Mais je persiste et signe en retirant le mot réalité (que je n’emploierais plus à l’avenir qu’avec une prudente circonspection, c’est juré), et dit que mon interprétation de l’affirmation faite par Mme Marie-Claude Vaillant-Couturier en 1950 est un déni du RÉEL et qu’il faut avoir un certain toupet pour affirmer que le système pénitentiaire soviétique de l’époque etait indiscutablement (sic, on ne discute pas avec un membre du PC sacrebleu!) le plus souhaitable dans le monde entier. Eh oui! Les braves cocos de Billancourt étaient surtout pris par elle pour des gogos.

  7. Puisque Philippe joue les Charlots en agitant le chiffon rouge tombé d’un camion dont la charge dépassait la norme et se retrouve, le brandissant en cadence des slogans d’insoumis, à la tête d’une manif. mélanchoninenne, je réponds à Jim, tout d’abord, en nuançant la notion de ‘liberté d’expression’ dans l’Occident actuel. Je lui rappelle que certains propos, mal entendus ici ou là, peuvent conduire très aisément le locuteur mécréant à la case chômage dans le jeu de l’oie socio-économique … Mourir pendu, de faim ou de honte… c’est toujours mourir un peu!

    L’autre chose qui me métamorphose en taureau au front tout autour de la tête, ce sont ces banderilles qu’enfonce le picador et qui consiste à s’approprier le monopole d’accès à la « Réalité. » Il les plante ensuite dans le coup de ceux qui tiennent d’autres discours, discours qui aux yeux de picador des corridas urbaines seraient tous évidemment, l’expression d’un dénis de réalité! (celui qui ne voit pas ce que nous croyons voir est aveugle!); comme si le problème ici évoqué au départ n’était que le Marxisme ou le Communisme ou le Socialisme ou le Stalinisme. Le nationalisme russe (toujours présent, semble-t-il, sous Poutine) et la mise de bâtons dans les roues du socialisme par les puissances capitalistes (cordons sanitaires qui disaient!) font partie de cette réalité que nul ne saurait décrire de façon exhaustive et adéquate!

    Il n’y a jamais isomorphisme entre le signifiant et le signifié, même lorsqu’il s’agit d’onomatopées, le coq gaulois n’a pas le même réveil matin que son homologue hispanique, teuton ou breton!

    À ce que je sache (je ne sais rien), l’être humain, Philippe, Jim, moha et les autres, sommes totalement dépourvus de facultés permettant d’accéder au réel.

    Maîtriser un langage c’est en maîtriser le code… si tout le monde apprend le même code, on s’imagine se comprendre entre nous, anciens élèves de la même école… Mais de quoi parle-t-on au juste? Le rapport signifiant signifié est arbitraire et ne reste que la notion phatique (rassemblement sécurisant des locuteurs et auditeurs) du langage. On répète tous le même mot (si nous avons fréquenté le même système scolaire) quand on voit le signifié, mais QUI appréhende au juste ce signifié, dans sa nature profonde, de façon ontologique ou intrinsèque?

    Fort du constat de cette ‘réalité’ que nul ne saurait dénier, nous avons inventés – si ce ne sont nous, ce sont donc nos pères, grands pères ou arrière arrières grands pères – des théologies ou, dirions-nous de nos jours, des discours scientifiques ou pragmatiques qui, par le biais de ventriloques, curés ou professeurs ou consultants, prétendent nous donner accès à ‘La réalité’ que leur ‘spécialisation a dénudée!

    Ces ventriloques se disent porteurs d’omniscience (issue de ces systèmes transcendentaux) alors que nous savons tous, au fond de nous mêmes, le soir avant de nous endormir (si cela ne nous en empêche pas), que nous en sommes dépourvus (je ne sais rien, conclut Socrate avant de manger la ciguë par sa racine)!

    En ‘Réalité,’ il n’y a que des ‘Narratives’ (diraient les Anglo-Saxons) ou des ‘discours’ (les Sophistes) des ‘idéologies’ (Paul Ricœur qui a revu et corrigé Marx) qui, par jeu de rhétorique pure, invoquent le ‘réel’ pour tenter de convaincre l’insoumis!

    Il n’y a rien d’empirique là dedans, si ce ne sont les empires auxquels on accepte de se soumettre en répétant bêtement leurs dogmes fondateurs tout au long de notre existence de soumis…

    Les perroquets, plus cons encore que les taureaux, (moi, au moins, je reste dans les noms d’oiseaux) répètent ensemble le même discours et tant que ces discours ne discordent pas, ils s’imaginent que leur réalité perso. à condition qu’elle soit formulée dans les termes du clan est ‘la Réalité universelle!’

    Pour ne pas rencontrer de déceptions, ils restent dans les mêmes quartiers de Paris ou, il y a 2000 ans, dans ceux de Rome!

    Il me semble que si nous acceptions nos limites, notre incommunicabilité avec le vrai, et ne cherchant point à en imposer notre version ou interprétation aux autres. En s’abstenant de traiter de taureaux effrontés ceux qui n’ont pas la même version du ‘réel’ ou se refusent à en avoir une… (une réalité… à laquelle les gens qui n’ont pas confiance en eux tout nu s’accrochent comme des stripteaseuses à leur barre verticale dans ces lieux que je ne saurais fréquenter!) La liberté du mouvement et du regard est, elle aussi, très limitée!

    Signé: Le ‘fou’ qui déteste les ‘gardes’ du même éponyme!

  8. Il a du front ce taureau!
    Holé!
    Le pic a de l’or

  9. J’ai envie d’ajouter pour René-Jean que le problème qui etait soulevé au départ etait tout simplement celui du déni des réalités pour servir un militantisme quelconque. Voilà bien le problème: celui du déni! Comme disait Mitterand, pour une fois avec mon approbation: « les missiles sont à l’est et les pacifistes sont à l’ouest ». Bien sûr que le monde occidental (un raccourci pour dire les pays démocratiques actuels) ont bien des reproches à se faire, tous ceux que tu cites pele-mêle, historiques ou actuels, le colonialisme, l’esclavagisme, le nazisme, l’incarcération des gringos, la pollution, le capitalisme sauvage, la corruption, etc, etc, mais on peut en parler, s’exprimer librement, militer contre, manifester dans la rue, etc, etc, sans risquer un séjour au goulag. Il n’y a pas déni. Mais nos pacifistes et autres militants abhorrant la société occidentale, eux dénient allègrement toutes les réalités des systèmes qu’ils défendent en profitant de leur liberté d’expression.

  10. J’ai encore agité le chiffon rouge. Tant pis pour moi.

  11. Effectivement, comme Socrate, je vais mourir en avouant que ‘je ne sais rien… Je ne connais rien!’ d’où mon scepticisme tout azimuts y compris au centre de perspectives que j’occupe de façon éphémère et hasardeuse en certains points mouvants du globe…

    Il est vrai que ne m’étant jamais trouvé et ne souhaitant pas me trouver dans un resto, assis à une table voisine d’éminents politiciens de l’hexagone, j’en sais beaucoup moins que toi… Mais que vaut, devant l’infini, la relativité de l’emplacement des restos et des tables en leur sein? Le mathématicien que tu es doit avoir la réponse!

    Quant à l’horreur des régimes politiques que beaucoup de pays se donnent à un moment ou à un autre, j’ai l’impression qu’on la découvre de l’extérieur et/ou a posteriori. Le nazisme teuton n’a pas semblé si horrible aux yeux des pétinistes français de 1940 à 44! Ils tenaient, envers leur adversaires, des propos qui ne sont pas éloignés de ceux que tu tiens du haut de ta chaise du Rostand concernant ceux (et j’en suis) qui doutent de la valeur universelle et éternelle de tes affirmations!

    Le présent système carcéral des États-Unis, n’est insupportable qu’aux yeux des membres des minorités ethniques qui s’y trouvent sur-représentées… Ce sont les habituels suspects d’être ‘outlaw’ qui monopolisent cette unique perspective critique sur le système dominant!

    En France, de 1870 à 1962, le Colonialisme était considéré par les métropolitains comme une œuvre de bienfaisance… Tu ne comprend d’ailleurs toujours pas pourquoi Macron a cru bon de s’en excuser… Un petit coup d’œil à ‘Indochine,’ le film (avec Catherine Deneuve et Jean Yann) ou encore un autre film sur la guerre d’Algérie où A. Delon et A. Quinn jouent les paras devraient nous éclairer… Mais la paille est toujours dans l’œil des autres. Chacun d’entre-nous a le monopole des poutres!

    N’y voit rien mais a deux oreilles qui traînent… où il ne faut pas au risque de faux pas!

  12. A mon avis de citadin ayant déjà pas mal vécu ailleurs ou à l’abri sur sa hauteur de la plus belle ville du monde (avec Rome), amateur de jugements pondérés, chercheur d’équilibre et d’impartialité, détesteur de polémiques, de raccourcis, d’amalgames et surtout, surtout, d’ironie Canal plussienne, presque aussi conscient de ses propres œillères que de celles des autres, un jugement, même sommaire, sur le IIIème Reich, le stalinisme, le pol-potisme, et tout le toutim, et sur tous ceux qui les ont sciemment approuvés, que ce soit par intérêt bien compris, par aveuglement idéologique ou par bêtise à front de taureau, un tel jugement, donc, ne dépend pas de la position que l’on tient sur le fléau de la balance, ou sur le balancier lui-même, comme on voudra, sauf à être victime d’une cécité idéologique (voir plus haut).
    A propos de bottes, à l’heure où j’écris ces lignes, bien à l’abri de la pluie battante dans la salle bruyante du Rostand, j’occupe la table voisine de celle où Jean-Louis Debré et Nathalie Kosciusko-Morizet discutent aimablement.
    Décevant : j’aime bien NKM, mais j’ai toujours considéré JLD comme un imbécile. J’ai mes raisons, que la raison ne connait pas. Et toi non plus.

  13. Pour l’équilibre… tout dépend de la position que l’on occupe sur le balancier (et du poids que l’on a dans le pays de résidence fiscale de la balance)

    Esprit Lourd et Pesant (ma signature! Je précise pour éviter de heurter les susceptibilités hyper sensibles!)

  14. Je reproduis ci-dessous un commentaire de Paddy, placé par erreur sous une photo d’un bistrot parisien.
    Le JdC

    Dictature du prolétariat = dictateurs = goulags (ça c’est encore le moins pire) = intellectuels compréhensifs à l’ouest, défenseurs impénitents de la liberté de pensée. (Ha Ha! le correcteur zèlé de mon iPad avait corrigé en liberté « dépensée », il n’avait pas complètement tort le bougre cette fois, mais en URSS il eut été sans conteste envoyé immédiatement en hôpital psychiatrique.

  15. Bien sûr que le PC devait encenser l’URSS, ce vainqueur du nazisme, ce créateur de l’homme nouveau, ses kolkhozes paradisiaques, etc, etc, et surtout son héros Staline, « L’Homme que nous aimons le plus » comme titrait en gros L’Humanité à sa mort, avec la contribution servile des intellectuels militants de service, tels les Aragon, Eluard, Picasso, etc, et tout ça pour bourrer le mou des classes prolétariennes de Billancourt et d’ailleurs. Après la mort de Staline et les révélations pour le moins gênantes attachées à lui, s’agissant de perpétrer le grand bourrage de mou, d’autres intellectuels serviles ont pris le relais avec cette fois des nouveaux modèles, Mao en tête, mais on pourrait ajouter Pol Pot, Castro et d’autres encore, que des gentils pâtres conduisant le troupeau prolétarien vers des terres promises et le bonheur universel, au prix de quelques goulags supplémentaires, genocides, famines, évidemment regrettables mais tellement nécessaires. Et qu’en reste-t-il aujourd’hui de ces grands prêtres et de leurs utopies? Rien! Quelques pages dans les manuels d’histoire. Les Gilbert Trigano (Club Med) et Zuckerberg (Facebook) par exemple, je ne dis pas qu’ils ont créés le paradis, mais en tout cas ils ont été plus efficaces que Staline, Mao, Castro. Ils laisserons des traces plus grandes dans la marche du monde.

  16. « Quand on a compris que le paradis n’est pas dans les cieux… on le recherche sur terre en URSS d’après-guerre, en Chine de Mao en 68 ou en Californie aujourd’hui… »

    Chouette comparaison, équilibrée et tout.
    Par ailleurs, comme tous les responsables communistes et beaucoup des intellectuels des années 50 et 60 et même 70, Mme Vaillant-Couturier connaissait la vérité. Rares sont ceux qui ont osé la dire avant que Soljenitsyne et quelques autres ne la révèlent, justement pour ne pas désespérer Billancourt comme l’avait conseillé Simone de B.
    André Gide, par exemple, a fait partie de ces rares-là.Il s’est fait ostraciser immédiatement par ses chers camarades intellectuels.

  17. Mutatis Mutandis…

    Quid de l’immense l’univers carcéral des Gringos en 2017?

    Nous tiendrons des discours semblables, mutatis mutandis, à ceux des Marchais et des Vaillants Couturiers si nous ne sommes pas Chicanos, Blacks, ou originaires du M.O. à Guantanamo!

    Quand on a compris que le paradis n’est pas dans les cieux… on le recherche sur terre en URSS d’après-guerre, en Chine de Mao en 68 ou en Californie aujourd’hui…

    Il n’est pas ailleurs, il est ici et ne dépend que de nous…

    Inutile de scruter les étoiles du cosmos, ni les jaunes sur fond rouge, ni les blanches sur fond bleu… c’est l’introspection qui nous fera découvrir la lumière au bout du tunnel!

    Il nous faut mieux comprendre comment nous Miss-Communiquons!

    Pour accéder au tunnel, abonnez-vous à mon blog d’enfer: coerséduction/communication!

  18. Ben tiens! Comme répondait à une question Georges Marchais: « Le goulag? À supposer qu’il existe ».

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