Un peu de San Francisco    

San Francisco,

D’abord le pont, le Golden Gate Bridge, symbole de la ville, pas doré pour deux sous, rouge, tout rouge, soigneusement repeint tous les dix ans. Léger, imposant, magistral, inévitable, il ouvre sur l’océan et ferme la baie. Dessous passent en tous sens de grands porte-containers et de petits bateaux blancs. Dessus, passent pour six dollars des voitures, des milliers de voiture, des milliers de camions, toute la journée, toute la nuit. p1270116Sous leurs roues les joints métalliques sonnent. Le jour, passent aussi le long des câbles qui le soutiennent des centaines de piétons et de cyclistes. Pour ceux-là, c’est gratuit. Ils sont tous du même côté, celui de la baie. La vue sur le Pacifique ne les intéresse pas. Ils ne sont pas venus pour ça. Ils veulent voir Alcatraz, ils veulent voir la silhouette de la ville qui se détache au loin. Ils prennent des photos, ils prennent des poses et des selfies. Les mouettes planent et observent.

San Francisco,

Les quartiers de San Francisco, et d’abord Embarcadero et le Ferry building. C’est là que les gens qui vivent à Tiburon ou à Sausalito arrivent le matin pour travailler. C’est de là qu’ils repartent le soir. p1260998C’est de là aussi que les touristes embarquent pour Alcatraz. Pour prendre leur bateau, tous traversent le marché qui y a élu domicile. On peut y acheter cher des légumes biologiques, du café équitable et du pain sans gluten. On peut tout aussi bien y déjeuner d’huitres et de moules frites.

San Francisco,

Le Fisherman’s wharf, ses otaries hystériques, ses bateaux de pêche et ses restaurants si typiques. Ça, c’était la description du Guide du Routard il y a bien longtemps. Aujourd’hui, le Fisherman’s wharf est une énorme foire aux souvenirs, aux vêtements, aux sandwiches, aux fritures.

San Francisco,

Les Cable Cars, les quartiers victoriens, la maison bleue accrochée à la colline. Psylvia, Lisette et Luke ne vivent plus là. Ils ont remis la clé au quatrième assistant du manager de la communication de la firme à la pomme. SAN FRANCISCO STREETComme l’aurait fait un prince saoudien ordinaire d’un hôtel particulier de l’ile Saint Louis, l’assistant l’a entièrement reconstruite, mais de l’intérieur. A l’extérieur, c’est toujours la maison bleue qu’avait vu Le Forestier.

Sans Francisco,

Le petit quartier de Hayes Valley et ses bobos, où les restaurants français se pressent entre un magasin de vêtements signés, une boutique de vélos écologiques, et la meilleure pâtisserie de cup cakes de la côte ouest, où des millionnaires de trente ans déambulent en tongs usés, bermuda avachi et T-shirt numéroté made in China en promenant des enfants de toutes les couleurs dans des poussettes de jogging aussi chères que votre voiture.

San Francisco,

Le centre, Union Square où Tiffany et Saks Fifth Avenue font face à Louis Vuitton, qui regarde Gucci en chien de faïence par-dessus la patinoire, avec les palmiers décorés qui concurrencent le sapin de noël, les galeries d’art où l’on vend du Picasso, du Matisse et du Koons, le quartier de Yerba Buena, littéralement la Bonne Herbe, avec d’un côté le tout nouveau musée d’art moderne où l’on voit Picasso et Matisse, mais pas Jeff Koons, et de l’autre un jardin que se partagent les pratiquants du yoga, les vielles chinoises qui font de la danse traditionnelle et les clochards. Les clochards, les homeless, les sans-maison comme on dit pudiquement ici, dormant partout, abrutis par les drogues et l’alcool, sentant l’herbe et le vin, parlant très fort, boitant très bas, engueulant le bourgeois, mais les clochards, nourris, logés, soignés, protégés, considérés un peu comme des animaux sauvages, pas vraiment dangereux mais un peu quand même.

San Francisco,

Chinatown, la porte du Dragon, les bazars où le prix des souvenirs change avec la tête du client et celui des parapluies avec le temps qu’il fait.

San Francisco,

Les pentes du quartier de Castro, berceau de la lutte LGBT, le magasin d’appareils photos d’Harvey Milk, devenu lieu de pèlerinage comme la tombe d’Oscar Wilde du Père Lachaise,

San Francisco,

La rue Lombard, Steeve McQueen, son col roulé, la Ford Mustang verte, et le son de la flute qui joue du Jazz

San Francisco,

Le brouillard. Russian Hill, Coït Tower et les Twin Peaks disparaissent. San Francisco s’embrume, San Francisco s’allume, San Francisco. Bonsoir, Maxime.nob-hill

 

Une réflexion sur « Un peu de San Francisco     »

  1. Hier le JDC offrait une auto à vendre, genre pick-up-truck, très à la mode. Une belle occasion à saisir. Aujourd’hui, c’est une belle balade, sur l’air nostalgique de celle de Maxime Le Forestier, qui nous transporte à San Francisco et qui nous tente d’y retourner toujours. « I left my heart in San Francisco » chantait le crooner Tony Bennett, et cette chanson m’est restée en tête depuis 1964. Une petite remarque au passage: le Golden Gate Bridge tient son nom de celui de l’entrée dans la baie depuis l’Océan Pacifique, un passage délicat pour les bateaux à voile (courants, brumes, îlots), un nom qui existait bien avant la construction du pont, « La porte d’Or » ou « dorée ». Jack London en savait quelque chose.

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