Incident de frontière – Chapitre 9

Tous les chapitres précédents sont là . Il suffit de cliquer dessus :

 Chapitre 1     Chapitre 2     Chapitre 3      Chapitre 4    Chapitre 5   Chapitre 6     Chapitre 7     Chapitre 8

Résumé des chapitres précédents :
Nous sommes à la fin du long weekend de nos neuf voyageurs. Voici quelle est la situation : Dimanche 24 mai 1970, fin de journée. Les deux breaks Peugeot 207 sont bloquées au poste frontière d’Addabousiyah, sous la surveillance de soldats syriens.
Pierre, Françoise, John et Bill sont dans la première voiture tandis que Christian, Tavia, et Jenelle sont dans la deuxième. Sur l’ordre d’un officier, Patricia et Anne ont été arrêtées et emmenées dans le poste frontière pour avoir photographié le bâtiment et une Jeep de l’armée en fond de plan d’un troupeau de moutons.

Chapitre 9

Malgré la descente du soleil sur l’horizon, la chaleur dans les voitures était devenue insupportable. Dans la Peugeot de tête, le Concerto d’Aranjuez qui s’élevait maintenant du transistor n’arrivait pas à dissiper l’angoisse des passagers. Françoise tenait très fort la main de son mari, tandis que Bill s’agitait sans arrêt sur son siège en s’épongeant la poitrine et le front et que John n’arrivait pas à se décider à sortir pour rejoindre Tavia. Christian avait regagné sa voiture en boitillant. Il y avait retrouvé Jenelle, toujours crispée sur son siège et Tavia, qui paraissait s’être endormie.

-Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda Jenelle en anglais.

-Rien, on attend, répondit Christian sans la regarder.

Les soldats qui gardaient les voitures avaient rejoint leurs camarades autour de la table dans l’ombre de la toile immobile.

Le temps paraissait suspendu. Le drapeau pendait le long de son mat. Le soleil semblait s’être arrêté au-dessus des maigres arbres qui limitaient l’horizon.

Une minuscule tornade de poussière s’éleva devant les voitures. Un chien traversa la route. En passant devant la Jeep, il leva la patte sur une de ses roues. Un soldat se leva lentement, lui lança mollement une pierre et le manqua, déclenchant les rires de ses camarades.

Soudain, deux silhouettes apparurent à l’angle du poste. Malgré le soleil qui les éblouissait, les passagers des deux voitures les reconnurent immédiatement : Anne et Patricia. Elles marchaient lentement côte à côte. Elles étaient seules. L’éclairage en contre-jour empêchait de voir leurs visages. Elles se baissèrent pour passer sous la barrière, contournèrent la Jeep et se dirigèrent vers les voitures.

Toutes les portières s’ouvrirent pour laisser passer leurs compagnons qui se précipitèrent vers elle, mais leur élan fut vite interrompu par les cris des soldats qui observaient la scène depuis leur abri et qui leur intimèrent de rentrer dans les voitures.

Quand les deux jeunes femmes atteignirent la première voiture, elles furent aussitôt assaillies de questions :

-Ça va ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qu’ils vous voulaient ? Tu n’as pas eu trop peur ? Ça va ? Tu es sure ?

Les questions se télescopaient, se superposaient, inquiètes. Anne et Patricia répondaient :

-Oui, oui, ça va. Non, non, tout va bien. Oui, un peu, mais ça va maintenant… On va pouvoir passer maintenant, ils nous l’ont dit. Il faut partir, vite, la nuit tombe. Il se passe des choses. Il faut partir, maintenant, tout de suite, avant qu’ils ne changent d’avis. Allez, fichons le camp d’ici…

Déjà, deux soldats avaient poussé la Jeep de côté et un troisième était en train de lever la barrière.

Jean-Pierre fit démarrer son moteur. Comme il n’y avait plus de place dans la première voiture, les deux rescapées montèrent dans la deuxième, où elles furent accueillies par les cris et les larmes de joie de Jenelle et Tavia, tandis que Christian, sans poser de question, mettait à son tour le contact.

Presque collées l’une à l’autre, les deux petites Peugeot franchirent lentement la frontière, tandis que l’officier les regardait passer. Elles roulèrent encore au ralenti pendant quelques dizaines de mètres, puis accélérèrent vivement. Dans son rétroviseur, Christian jeta un dernier coup d’œil en arrière : le premier camion du convoi militaire arrivait au poste frontière qui disparut du miroir dans le premier virage.

Un kilomètre plus loin, la barrière du poste libanais était levée. Aucun soldat n’était visible. Ils franchirent la frontière sans s’arrêter.

A SUIVRE, dimanche prochain.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *