Incident de frontière – Chapitre 5

Sinon, lisez le résumé des chapitres précédents :
Mai 1970. A l’hôtel Le Baron (Alep, République Arabe Syrienne), Christian ne peut pas dormir. Il retrouve Jenelle sur la terrasse. Elle lui fait fumer le premier joint de sa vie. Soudainement, il se souvient de Patricia, l’Américaine. Il fonce jusqu’à sa chambre pour la voir. Jenelle lui dit qu’il serait préférable qu’il s’abstînt. Mais il y va quand même. Fallait pas !

Chapitre 5 

Il a monté l’escalier quatre à quatre. Son cœur battait fort dans sa poitrine. Il s’est arrêté à l’entrée du couloir des chambres et il a allumé la lumière. Il avait envie de vomir. Il a pris une grande inspiration, puis il a marché lentement jusqu’à la chambre où Patricia devait dormir. Il a hésité encore un instant, puis il a frappé deux coups légers à la porte :

-Patricia ?

Dans la chambre, le silence était total. Deux nouveaux coups, à peine plus marqués.

-Patricia ? Vous êtes là ? dit-il en anglais. Je peux entrer ?

Un léger bruit de froissement est venu de l’intérieur.

-Patricia ? Vous êtes réveillée ? C’est moi, Christian. Je peux entrer ?

Et sans attendre la réponse, il a tourné la poignée et poussé la porte. Alors, dans le rectangle de lumière projeté par le couloir, il a vu Bill qui lui faisait face, assis nu sur le bord du lit. Il avait interrompu son geste de remettre son caleçon et il le regardait d’un air désolé. Il a vu le pantalon et la chemise de l’américain jetés au sol. Il a vu la petite robe, le délicat soutien-gorge et le petit slip posés soigneusement sur le pied du lit. Et il vu Patricia, nue, assise dans le lit. Elle avait remonté le drap jusqu’à la taille et elle le regardait d’un air furieux.

Il s’est senti mal ; il s’est retourné et s’est appuyé contre le chambranle pour vomir dans le couloir ; un seul spasme bruyant ; il a refermé la porte derrière lui ; il a fait deux pas vers l’escalier, s’est adossé contre le mur et s’est laissé glisser au sol. Il a fermé les yeux et tout s’est mis à tourner. Il les a rouverts, mais le plancher est venu à sa rencontre ; les murs et le plafond voulaient l’écraser. La lumière du couloir s’est éteinte et ce fut pire. Poussant sur ses deux mains à plat sur sol, il pressait de toutes ses forces son dos contre le mur pour arrêter cette sarabande. Le manège a un peu ralenti et la lumière s’est rallumée. Il a ouvert les yeux.

Anne était penchée sur lui. Jenelle était debout à côté d’elle.

-Je vous avais dit de pas aller ! disait Jenelle

Anne le secouait doucement aux épaules.

-Ça va, Christian ? Vous pouvez vous lever ?

-Ça va aller, merci Anne… je voudrais rester assis juste encore un moment… suis fatigué…je suis désolé…ça doit être ce joint… pas l’habitude…vraiment, j’ai honte…

-Ce n’est pas grave, disait Anne, ça peut arriver à tout le monde. On ne sait jamais comment on va réagir la première fois que ça vous arrive.

Elle l’aidait à se relever.

-Allez-vous coucher maintenant. Demain, vous serez en pleine forme. Je vais vous chercher de l’eau.

Christian rejoignit sa chambre et s’allongea tout habillé sur le lit défait. Quand Anne apporta la bouteille d’eau quelques instants plus tard, elle ne fit aucune remarque sur le lit de Bill, toujours intact.

-Merci, Anne, vous êtes gentille…

-Je sais, je suis gentille.

Elle sortit en éteignant la lumière. Dans le couloir, Christian l’entendit qui disait à Jenelle :

-Pauvre garçon, il n’a pas l’habitude…

Christian se doutait qu’elle ne parlait pas du joint.

A SUIVRE …dimanche prochain  

 

Une réflexion sur « Incident de frontière – Chapitre 5 »

  1. Qui a ramassé les dégâts dans le couloir?

    L’histoire ne le dira pas!

    On se contentera du style!

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