Le nouveau Saint Sacrement

Au XVIIIe siècle, on décapitait les gens qui ne se décoiffaient pas quand passait le Saint Sacrement. Aujourd’hui, le Saint Sacrement, c’est la télévision .

Michel Onfray

Une réflexion sur « Le nouveau Saint Sacrement »

  1. LA RÉVÉLATION POUR TOUS… GRÂCE À LA LUMIÈRE DU PETIT ÉCRAN! ???

    J’adore religieusement l’athéisme et l’anarchisme prudhonien de Michel Onfray.

    J’admire sa démystification de la psychanalyse freudienne avec la dénonciation du stratagème par lequel Sigmund a réussi à faire passer l’histoire pathétique de son enfance (il tète encore sa mère) pour la science de l’inconscient!

    Je partage sa critique des sartriens et son éloge d’Albert Camus!

    Par contre, à plusieurs reprises dans ses nombreux et longs ouvrages (qu’il complique à plaisir en feuilletant son Littré en quête de synonymes inusités), Michel Onfray avoue à peu près tout ignorer du travail que font les communicologues français.

    Il se rabat alors sur Guy Debord et son ‘État Spectacle’ pour comprendre CE sans quoi l’être humain ne saurait être le plus grégaire des animaux.

    Il est surprenant que l’étude de la communication – phénomène par lequel on cherche à se faire comprendre de l’autre et – si l’on est bien viellant (rarissime) – à tenter de comprendre l’autre comme il souhaiterait qu’on le comprenne – soit considéré comme un champ d’expertise universitaire relégué au fin fond des sciences humaines ou des étude comparées de la littérature!

    N’est-il pourtant pas vital d’être compris de l’autre et de s’en faire comprendre? Le commun des mortels préfère se passionner pour l’astronomie!

    Ceci dit…

    Qu’Onfray ignore, comme il le reconnait, les travaux des adeptes de la Société Française des Sciences de l’Information et de la Communication (SFSIC) me semble n’être qu’un péché véniel! La France est encore trop monochrome, unilingue, monoculturelle et surtout beaucoup trop pédago-centralisée pour comprendre quoi que ce soit au phénomène de la communication. Elle fait dans la Reproduction culturelle (Bourdieu/Passeron, eh oui, encore ces deux là!) et pas du tout dans la Communication.

    Ses intellectuels, appréhendant les médias de masse, n’y voient qu’une prolongation de l’école nationale (privée ou pas).

    Le fait qu’ils soient ‘Intellectuels’ reconnus comme tels prouve qu’ils y ont réussi en reproduisant les propos de l’enseignant (affranchis aux trésors du patrimoine culturel conservé et retransmis par les parents des Héritiers privilégiés cf. Bourdieu-Passeron encore!). Ils (ou plutôt, les autres, le commun des mortels) se comportent devant la télé comme devant leurs profs. Ils écoutent, répètent et sont reçus à l’école comme dans la société. (S’ils ne le font pas, Sarkozi a suggéré de les priver de la nationalité. Seraient bons Français, les bacheliers; sinon déchéance de nationalité!)

    Michel Onfray, d’origine très modeste, mais grâce au curé de son village qui avait reconnu le ‘génie en culotte courte,’ a fait de brillantes études dans une institution privée et religieuse. Hélas ou heureusement, comme ce fut le cas pour Staline au séminaire, ce séjour apparemment douloureux lui a donné la haine du catholicisme étendue à toutes les religions. Aussi, pour critiquer la télé (passage obligé de l’intellectuel digne de ce nom) il y voit la prolongation de son ‘instruction’ religieuse. Ayant connu les sévices de l’Inquisition en bas âge (qui l’ont fortement décoiffé à défaut de le décapiter) il projette sur la télé les malheurs de Michel chez les curés!

    Il n’est pas le premier à décrypter dans le petit écran, une reproduction du tabernacle. Jean Cazeneuve, sociologue et communiquant des années 60, avait reconnu dans la disposition domestique du récepteur de télé une reproduction de la niche consacrée au Saint Protecteur des vieilles demeures catholiques.

    De façon générale, les commentateurs français voient dans cet instrument une résurgence de la propagande (propagation de la foi par les Jésuites) au sein de la bergerie ou dans les chaumières! Dotés d’un pouvoir de fascination combiné à l’hypnose (la lumière venant de derrière l’écran comme l’a souligné McLuhan) beaucoup y voient un instrument de manipulation imparable.

    Les plus grands adeptes de la conception victimisante de la télévision sont évidemment ‘celles et ceux qui passent à la télé.’ Écoutez-les! Ils font et défont les rois! Évidemment, comme c’est leur gagne pain (comment vendre du temps d’antenne aux annonceurs s’ils avouent leur impuissance? comment justifient-ils leurs subventions gouvernementales s’ils ne persuadent point?) ainsi que leur raison d’être (ils s’y trouvent beaux et brillants), ils seront les derniers à avouer qu’ils ne sont que des amuseurs publics, des saltimbanques qui jonglent avec les ‘nouvelles’ et leurs invités come avec des bouteilles de Perrier vides sur leur ‘plateau!’

    Comme Michel Onfray fait entre ses lignes (Cosmos) de la pub. subliminale pour ses cigares et son Don Pérignon, je glisse ici une annonce insoupçonnée pour ce machin pétillant que certains non initiés ajoutent aux glaçons de leur scotch.

    Les tenants des approches victimisantes des médias oublient que, contrairement à la télé, les profs. et les préfets-curés des écoles confessionnelles sanctionnent les travaux et les comportements des étudiants. (Entre-nous, je me demande de quelles sanctions Onfray a bien pu écoper?)

    Mieux que le FBI, la gestapo, le MI 6, la DST, le KGB, etc. la confession sert aux préfets-curés de ‘feedback’ et de ‘feedforward.’ Autrement dit ce système bi-millénaire d’observation pénétrante de l’inconscient, leur sert d’études de marché ou du comportement des consommateurs à partir des quels ils peuvent présenter ‘le Saint Sacrement’ de façon alléchante, chatoyante, quasi subliminale, dans leurs prêches ex cathedra. (leur télé sans écran protecteur de leurs postillons).

    Du temps de l’ascension d’Hitler, les Allemands étaient contraints d’ouvrir les fenêtres de leurs demeures pour permettre aux SA qui patrouillaient les rues de s’assurer que les habitants écoutaient bien les discours du Führer. En cas d’indifférence révélée par le silence, ils étaient rossés (pas toujours décapités) par ces militants/vigiles. Aujourd’hui, au moins dans ce qui reste des démocraties occidentales (où l’état d’urgence interdit de faire des recherches sur Daesh), personne – en principe – ne surveille ce que vous regardez ou pas à la télé. Pas de Gestapo patrouillant les rues avec des camions munis d’antennes détectant la réception de la BBC. (avec le Brexit ça pourrait revenir!). Nul fonctionnaire ne vient vous faire réciter le catéchisme des partis qui présentent leur candidat sur le petit écran. Personne n’est allé voir comment était habillé ou dévétu François Mittérand lorsqu’entre sa femme et sa maîtresse, il matait Catherine Langeais au 20h. de son temps!

    NON! Michel, la télé n’est doté d’aucun pouvoir de coerséduction (décoiffant ou guillotinant), c’est, comme pour la plupart des crimes, dans la famille et au sein des réseaux de coerséduction en chaire et en os (comme l’école ou la paroisse) que ça se passe! Tu devrais t’en souvenir, tes fesses sont encore zébrées. C’est en les regardant que Houellebecq a pensé à l’histoire d’O et à sa soumission!

    La télé… est trop éloignée pour faire décapiter qui que ce soit!

    Il faut revoir ta copie, Michel!

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