Cours de mythologie 1ère année-Leçon 10

Tout se tient

Où l’on verra que tout se tient : les Mosches, l’Amérique, les patronymes, l’or, le gros lot, la pensée unique, les noeuds, l’impérialisme, la musique, les chapeaux, la République, les roseaux, la dépression nerveuse. Tout se tient, je vous dis ! 

Midas était roi des Mosches, quelque part en Macédoine. Un jour, une bande de Mosches rencontra Silène, un ami débauché de Dionysos. Ils le firent prisonnier et l’amenèrent à leur roi. La spécialité de Silène, c’était de raconter des histoires, ce qu’il fit pour Midas. Il lui raconta celle d’un continent au-delà de l’Océan, séparé de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie, où les habitants sont grands et forts, où ils vivent longtemps et heureux et bénéficient de lois justes.

-Sans blague ? dit le roi des Mosches.

-Non, je rigole ! répondit Silène.

Midas se mit à rigoler lui aussi et pour remercier Silène, il le rendit à Dionysos, qui en retour proposa à Midas de réaliser deux de ses vœux.

– Que veux-tu que je fasse pour toi en premier ?

– Eh bien, mon dieu, je ne sais pas vraiment… Ah, si, tiens ! J’en ai assez d’être le roi des Mosches. Le voilà mon premier vœu : ne plus être le premier des Mosches.

– Facile ! Ton peuple s’appellera désormais les Bryges. Te voilà roi des Bryges. Et ton deuxième vœu ?

– Je veux que tout ce que je toucherai se transforme en or.

– Accordé !

Bon, je ne vais pas aller plus loin dans cette histoire que vous connaissez par cœur. Je suis même presque certain que vous l’avez racontée à vos enfants, en insistant bien sur cette morale facile, bien-pensante, démodée et démoralisatrice comme quoi l’argent, ou l’or, ne ferait pas le bonheur.

Ce que vous ne savez peut-être pas, ou en tout cas, ce que vous n’avez pas raconté à vos enfants, c’est que Midas a survécu aux conséquences de son deuxième vœu. Il est tout simplement allé se laver de son don dans le fleuve Pactole, qui devint de ce jour le symbole de la richesse facile.

Après cette pénible aventure, Midas décida de changer de vie. Il partit vers l’Est à l’aventure à la tête de sa bande d’ex-Mosches, ses Bryges. Il arriva au royaume de Gordias, qui l’adopta aussitôt. Il y en a qui ont de la chance, quand même.

A propos de chance, rappelons que Gordias était devenu roi de Phrygie parce qu’il avait inventé un nœud indémerdable, celui-là même que, quelques siècles plus tard, Alexandre tranchera d’un coup d’épée, devenant par ce geste maître de toute l’Asie.

Gordias meurt, Midas devient roi et ses Bryges deviennent des Phryges, ce qui ne les change pas beaucoup.

Mais c’est pas fini.

Un jour, le satyre Marsyas, dont le prénom était Enrico, défia Apollon dans un concours de musique. Entre le satyre de base et le dieu à part entière, le jury donna sagement la victoire au second. Mais Midas, qui ne se sentait plus depuis qu’il était roi des Phryges, porta réclamation contre la décision, clamant partout que la musique d’Apollon était à celle de Marsyas (Enrico) ce que « Viens Poupoule » était à « Jo le taxi« . Comme personne ne connaissait ces deux compositions, la réclamation ne fut même pas examinée et on passa à autre chose. Mais Apollon ne l’entendait pas de cette oreille, et pour se venger de Midas tout en montrant que le roi des Phryges n’avait aucun goût musical, il lui fit pousser des oreilles d’âne.

Honteux, Midas travailla toute la nuit pour se confectionner un couvre-chef propre à dissimuler ses nouveaux attributs. Après avoir réalisé plusieurs modèles, le roi des Phryges opta pour un chapeau qu’il ne quittera plus. Il venait d’inventer, bien sûr, le bonnet phrygien. Au passage, on pourra s’étonner qu’un bonnet destiné à l’origine à dissimuler des oreilles d’âne soit devenu le bitos officiel de notre République.

Donc, aucun ex-Mosche, aucun ex-Bryge ni aucun Phryge ne connaissait l’existence des grandes oreilles de leur roi. Aucun sauf un : le coiffeur de Midas. Il avait bien sûr juré de garder le secret, mais au fil des mois, il avait de plus en plus de mal à garder son serment. Un jour, n’y tenant plus, il partit seul dans la campagne, creusa un trou dans la terre, se pencha au dessus et murmura : « Midas a des oreilles d’âne ». Soulagé, il reboucha le trou et retourna au palais pour continuer son office.

Les années passèrent et tout allait pour le mieux au royaume des Phryges. Mais un roseau poussa à l’emplacement du trou, et à chaque fois que le vent se levait, les passants pouvaient entendre le roseau murmurer « Midas a des oreilles d’âne ». Le bruit s’en répandit dans le royaume jusqu’à revenir aux oreilles (tu parles !) de Midas, qui fit condamner son coiffeur à mort, sombra dans l’alcool et mourut dans la misère et dans l’année.

Bien fait !

Contrôle des connaissances

1-Citer un succès d’Enrico Marsyas
2-Les coiffeurs parlent-ils tous avec des trous ?
3-Les coiffeurs peuvent-ils ne pas parler ?
4-L’expression « toucher le Pactole » a-t-elle quelque chose à voir avec cette histoire et si oui, quoi ? Hein ?

2 réflexions sur « Cours de mythologie 1ère année-Leçon 10 »

  1. 1: Enfants de tous pays… Unissez-vous contre le Kapital global de Trump!

    2: En tous cas, ils doivent faire le tours de 2 trous d’oreilles, couper les poils qui dépassent de 2 narines, bien tailler la barbe et la moustache autour d’une bouche chez les mâles et les vieilles filles! Comment ne pas parler à 5 trous qu’ils ont au bout de leurs instruments contendants !

    3: Demandez à Patrice Lucchini!

    4: Peut être mais c’est Gabin, Grisli français, qui a dit: « Touchez pas au Grisbi! »

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