Le cliché de Jean Renoir

(…) Mais le dieu le mieux retranché dans sa forteresse, l’ennemi numéro un, c’est le cliché. Par cliché, j’entends une image, une opinion, une pensée qui s’est sournoisement substituée à la réalité. Il y a des clichés qui durent depuis des centaines d’années. En voici quelques-uns : le bon vieillard, l’amour vainqueur de tous les obstacles, le fidèle serviteur, la bravoure militaire, le sens de l’humour des Anglais, les méridionaux vêtus de couleurs vives, la fin justifie les moyens.

Or, la vie nous apprend qu’il y a de méchants vieillards, que l’amour est souvent vaincu, que les serviteurs ne sont toujours fidèles, qu’il y a des militaires parfaitement lâches, qu’il y a des Anglais dénués de tout sens de l’humour, que la plupart des méridionaux s’habillent en noir, qu’il n’y a pas de fin qui justifie l’assassinat. J’ajoute que les jeunes premières de cinéma blondes et parfumées ne représentent que de loin les jeunes premières de la vie. Pour obéir au cliché on leur colle des perruques blondes bouclées. J’aimerais penser que cette utilisation du cliché ne trompe personne. Mais non, nourri de mensonges, le public tient à ses habitudes et se complait dans la fausseté d’un monde qu’on lui a fabriqué.

Jean Renoir – Ma vie et mes films

 

3 réflexions sur « Le cliché de Jean Renoir »

  1. Brovo Jim!

    Tu as bien récupéré ta métaphore des insectes utiles et pas idiots puisque… inhumains!

    Maintenant, en ce qui concerne les clichés de Renoir sur lesquels Philippe nous propose de butiner…

    Pour ma part, après qu’Hermès, le dieu des voleurs, des commerçants et de la communication se soit révélé à moi sur la plus haute crête (Hermès est crétois) du Cap Canaille (où j’attendais en sifflotant, un petit bouquet d’églantines à la main, la vendeuse de chocolatines (nom que les sudistes français donnent, chez eux, aux pains au chocolat) dont les clients n’avaient d’yeux que pour elle.

    Comme elle n’est jamais venue, là haut sur la colline, lalalaïÏ: sans doute retenue en sa boutique par un client indigne d’elle, – comme le ptit gros qui avait accaparé Grace Kelly au dîner de chasse que nous a narré, dans un style inimitable, Philippe – mais elle ne pouvait pas voir qu’il était indigne d’elle. Elle était myope et sans lunettes! Comme elle n’est jamais venue, Lalalaîî, Hermès m’est apparu en m’offrant un sac, sans doute pour me consoler de cette absence féminine.

    Où en étais-je?

    C’est con quand même de se perdre dans les ornières creusées par les chansons de sa propre culture! Mais il ne faut pas en vouloir à Joe Dassin, il a été élevé avec les Dalton au pays des Clinton! 0K Corrall!!!

    Ah! j’y suis… Donc, déçu et desolé par ce lapin que m’a posé la boulangère (sans doute après avoir trop tardée chez le boucher qui avait kidnappé Grace Kelly), Hermès, dieu de la Com, m’est apparu dans une percée de brouillard enjolivée d’une claire grisaille qui tombait d’une temporaire percée solaire. Cela arrive rarement sous cette latitude méditerranéenne mais parfois quand même à l’altitude exceptionnelle de la crête de la plus haute falaise d’Europe! À moins, bien sûr, que tout cela ne soit que des fadaises du relationniste ou communiquant de l’amiral de la flotte des promènes couillons de Cassis.

    Hermès, bien que Crétois, m’a dit dans un excellent titi parisien (C’est marrant! Dans toutes les révélations qui se sont faites là haut sur les collines… Lalalaïï: Yahvé à Moses, Dieu le père à son fils, Allah à Mahommet, Son Saint Patron à Jeanne d’Arc, la Vierge à Lourde, etc. les extra terrestres s’adressent aux humains qu’ils illuminent (sans doute des idiots que Staline aurait récupéré – d’ailleurs, selon Gorbatchev, il l’a fait mais trop tard!) dans leur patois local bien à eux. L’hébreux (faut l’ faire) à Moses, l’araméen (fait l’faire encore plus) qu’utilise Nel Gibson dans sa Passion du Christ, l’arabe coranique pour Mahommet qui ne savait pourtant ni lire ni écrire, un patois de l’est francillain pour la Patrone de Marine, fille du Père, etc. Ces Dieux, sans aucun doute, étaient déjà de grands Marketers qui savaient s’adresser à leurs consommateurs potentiels dans leur propre langue…

    Comme Hermès est le dieu des commerçants et des voleurs et donc du marketing, il n’est pas du tout surprenant de sa part qu’il se soit adressé à moi en Pigallois.

    Bien qu’esseulé et qu’il ait pu me parler à l’oreille ou s’adresser dirctement à mon inconscient (les Dieux et les Psy. ont cette faculté) il m’a fait un cours magistral, très didactique, – exactement dans le style que Philippe vénère – sur le fonctionnement de la communication dont il a doté les hommes.

    Selon mes notes (prises sur le papier qui entourait mon bouquet d’églantines), il a dit, « La communication est un simulacre d’aptitude à appréhender l’univers dont j’ai (dé)pourvu les êtres humains – hommes, femmes et intermédiaires – pour qu’ils puissent, ensemble, et donc de façon synergique, exécuter à la lettre le Courroux des Dieux. Cette faculté est toutefois limitée afin qu’ils n’aient jamais la possibilité de s’unir tous pour s’assumer comme êtres initiés à leur condition humaine limitée. Il fallait les empêcher de prendre la décision collective d’alléger l’épreuve douloureuse et finalement mortelle du passage sur Terre à laquelle les dieux les ont condamnés pour se distraire. » Idée reprise par les demi-dieux-empereurs romains avec les gladiateurs!

    Rassurez-vous, calmez-vous! J’en arrive au lieu, à la place, au sujet du jour: Le cliché!
    Johnny Haliday confirme les dieux lui ont donné une place, pas loin des ptites dames de Pigalle et de la place Blanche qui, selon Dutronc, père aurait mauvaise mine à 5h du mat.

    Dès le début du cours qu’il m’a donné en ce lieu doté d’une vue à 380 degrés à couper le souffle quand il n’y a pas d’entrées maritimes au raz des mouettes, Hermès m’a bien dit doctement que « l’être humain, contrairement à tous les dieux que ce dernier a inventé (le non accès au RÉEL en est d’ailleurs la raison), l’être humain, » m’a-t-il affirmé, « est dépourvu d’organes et de capacités mentales qui auraient pu lui donner accès à la réalité. Seuls les dieux, qu’il a inventé pour pallier cette grave lacune, y ont accès! Les inventeurs de ces dieux, grâce aux révélations divines dont ils prétendent avoir bénéficié se disent aptes à décrypter les propos divins. Ces inventeurs patentés ont réussi, – grâce à quelques puissants complices intéressés -, à donner à leurs mécontemporains l’impression qu’ils sont les porteurs de la bonne nouvelle selon laquelle, les dieux du haut des cieux (la colline ne suffit pas, google earth en direct à la rigueur) voient tout. Ils sont omniscients et donc aptes à révéler la nature de la Réalité. En vérité je vous le dit, disait-il, selon ce qui est écrit dans les longs ouvrages que vos ventriloques – qui les ont écrits – nous attribuent! »

    Hermès m’a donc bien expliqué, en long et en large, – sans tomber, au cours de ses arpentages intempestifs, du haut de la falaise d’où les mafieux marseillais balançaient leurs victimes dans leur véhicule – (toujours ces fadaises de promeneurs de couillons) que la réalité, dont parle le cinéaste à nom de peintre célèbre, (décidément, y aurait-il autant de petits Renoirs que de petits Prousts)… Hermès me disait donc que « LA RÉALITÉ c’est une fadaise que racontent ceux qui viennent de s’accaparer du pouvoir pour tenter de s’imposer à leurs sujets (surtout pour les imposer) qu’ils s’efforcent de con-vaincre par ce jeu de rhétorique! Si ça ne marche pas, il reste le cimeterre pour les envoyer au cimetière (ils se suivent dans mon Petit Robert) après les avoir spectaculairement décapités de la partie du corps qui refusait de voir LA Réalité en face! »

    « La Réalité est une farce que les ventriloques des dieux, des sciences,du sens de l’histoire et de toutes sortes de transcendances ont inventé pour légitimer le pouvoir qu’ils ont obtenu par la violence ou la ruse… » Tels furent les propos qu’Hermès (qui avait, très temporairement, délaissé sa boutique des Champs Élysées) me tint!

    Il prit même le temps d’ajouter – bien que je ne sois pas client de sa boutique (sans doute une erreur de marketing de sa part ) – qu’en fait, un peu comme dans la théorie des genres, n’ayant pas accès au secret des dieux (théologies) ou de la nature (biologie et écologie), l’être humain, pour fonctionner avec ses semblables, s’est mis à raconter des histoires qu’il a cru bon de qualifier de ‘réalité’ pour être plus efficace et éviter de perdre un temps précieux à leur survie en tergiversations intellectuelles et donc inutiles à moins d’être idiotes (bien sûr) et donc récupérables par les tyrans démagogues dans leurs ‘narratives’ de domination!

    Il n’y a donc que des histoires fantasmées par les uns et/ou les autres, des ‘clichés’ (selon Renoir). Celui qui est au pouvoir appelle celle qu’il raconte pour son bien qu’il fait passer pour celui des autres: Réalité ou Vérité! Mais, dans la longue durée, pour parler comme Fernand Braudel, après que les hérésies (du catholicisme au protestantisme) ou les révolutions scientifiques (Thomas Kuhn, Edgar Morin, Bruno Latour) aient invalidé ou falsifié les théories dominantes d’hier (Karl Popper), les vérités ou réalités d’un jour aussi bien que les stéréotypes, idéologies, narratives, histoires de toujours, s’avèrent n’être que des fadaises.

    Les couillons naïfs de la baie de Cassis et d’ailleurs se sont ainsi fait promener pendant des millénaires dans des paysages qui ne sont pas toujours aussi impressionnants que les calanques et aussi majestueux son Cap Canaille, importé du Colorado! (Si, avec tout ça, le syndicat d’initiatives de Cassis ne m’offre pas un séjour de 15 jours sur ses pointus, je me fais moine à l’abbaye de Houellebecq Hélouin!)

    Modeste penseur de la petite société radioactive des survivants de la 3e guerre mondiale, je suggère qu’alors, tandis que les horreurs des guerres seront encore présentes aux esprits, (ce qui ne semble plus être le cas aujourd’hui, faute de survivants de la 2e.) on s’invente une histoire, un ‘narrative’ une panoplie de clichés (sans prétention de réalisme ou de véracité) à inscrire sur notre cartes écran radar qui puisse nous permette de vivre ensemble dans un royaume ou une république universelle où le miel (pour Jim) et de lait (pour Houellebecq) couleraient à flots! NO ONE LEFT BEHING cette fois!

  2. Hé, Paddy, mais t’as raison saperlipopette! Mélanchon et Marine ne font-ils pas leur miel avec ces fins politiques dont tu parles? Ils manipulent les ouvriers et les ouvrières. Mais eux ne sont pas comme ces abeilles si laborieuses et si utiles. Ils n’en ont que le dard et mourront quand ils en auront fait l’usage. Comme les guêpes. D’horribles bugs!
    (PS: Je savais bien que j’arriverais à replacer mes chères abeilles dans le débat).

  3. Si, à la manière de ces journalistes manipulateurs de l’information, on isole la dernière phrase du reste du texte de Jean Renoir et de son contexte cinématographique, on obtient une citation récupérable à toutes fins, politiques par exemple, pour démolir, toujours par exemple, l’euro, l’Europe, Bruxelles, les gouvernants, l’ENA, les médias, la mondialisation, la finance, etc, etc… Les poncifs habituels sur le public moutonnier quoi!

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