Rien à dire

Le véritable écrivain n’a rien à dire. Il a seulement une manière de le dire.
A. Robbe-Grillet
Je me tue à vous le dire avec Raymond Chandler : l’histoire, on s’en fout ! Il n’y a que le style qui compte ! 
Oui mais, il y en a d’autres qui ne sont pas d’accord : 
La première – et pratiquement la seule – condition d’un bon style, c’est d’avoir quelque chose à dire.
A. Schopenhauer

Une réflexion sur « Rien à dire »

  1. Effectivement, c’est bien là ce qui sépare les romanciers des philosophes!
    On sait où, dans ce dilemme, Philippe et moi essayons de nous positionner.

    Mais que l’on s’exprime pour le simple plaisir d’étaler élégamment de l’encre sur du papier ou pour se faire psychanalyser par d’éventuels lecteurs (qui, eux, sans réclamer d’honoraires, n’enverraient pas de textos ou ne dormiraient pas tandis qu’on déblatère, à grands frais, sur le divan du Psy), je reste convaincu qu’il est très risqué de s’exprimer en public. Je le sais parce que j’en ai fait mon métier!

    Cette nuit, voulant combler un trou dans mon sommeil (je sais, ça s’appelle une insomnie!), j’ai revu le DVD de « My Name Is Nobody » (un des premeies Sergio Leone) dans lequel Terrence Hill illustre, avec la grande élégance dont Philippe raffole, les dangers des vains discours et les bienfaits du silence.

    Tout en faisant rouler et tournoyer les boules de billard à coups de queue et de revolver, Nobody (c’est son patronyme) raconte à un vieillard hilare et à son partenaire, Jacques Beauregard (incarné par papa Fonda), la petite histoire suivante:

    « One cold and frosty morning in early Spring a young birdie lay on the ground shivering and nearly frozen.

    A cow saw him there and decided to help the poor birdie out, and promptly covered him with a huge ‘cow pie’.

    The defecation, while smelly was also very warm and soon the birdie was singing with all his might. The warmer he got the louder he began to sing.

    About this time a coyote, attracted by the singing, jumped out from behind a boulder and snatched the birdie from the pile and quickly devoured him. »

    Et, à la fin du film, s’apprêtant à quitter l’Amérique de 1899, papa Fonda (in Beauregard) nous livre la morale de l’histoire:

    « The moral of the story is that not everyone who Shits on you is your enemy,
    not everyone that pulls you out of the shit is your friend,
    and if you are happy in a pile of shit keep your mouth shut. »

    et Fonda d’ajouter, pour lui, l’essentiel: « If you want to remain out of sheet, Shut up! »

    C’est un thème aussi récurrent que les duels à la montre musicale dans les Westerns de Leone. Dans The Good, The Bad & The Ugly, the Bad, incarné par Ely Wallack ne dit-il pas à un truand qu’il vient de descendre au travers de la mousse de son bain: « Hey Gringo, W’n you have to shoot, shoot, don’t talk! »

    La morale de ces histoires de Westerns Spaghetti est amplement confortée par la première phrase que vous adressent les policiers américains lorsqu’ils vous arrêtent. (Évidement, mon expérience sur ce sujet n’est que vicariale – par accumulation de films holywoodiens -) : « You have the right to remain silent, B’cause whatever you say can and’ll be used against you in court! »

    Je me demande alors pourquoi tant de gens s’exposent sur ‘tweeter’ ou ‘facebook’ ou poussent le vice à avoir leur propre blog alors qu’ils savent que tout ce qu’ils y expriment sera utilisé contre eux à un moment ou à un autre de ce qui reste de leur existence…

    Évidemment, s’étaler sur la toile, coûte beaucoup moins cher, au départ, que de s’allonger sur un divan de Psy et c’est aussi beaucoup plus confortable qu’un confessionnal dans lequel on ne voit pas très bien ce que fait le curé qui dit vous écouter attentivement alors qu’il vous donnera la même punition (là c’est mon vécu d’enfance: réciter 2 je vous salue Marie et 4 notre Père) qu’au précédent pêcheur (je sais, je lui ai demandé!)

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