Zeugma : nom masc. Coordination de deux ou plusieurs éléments qui ne sont pas sur le même plan syntaxique ou sémantique.
C’est clair, non ? Non ? Alors des exemples :
Zeugma simple :
Napoléon devint empereur. Alors il prit du ventre et beaucoup de pays. (Prévert)
Zeugma double :
Après avoir sauté sa belle-sœur et le repas du midi, le Petit Prince reprit enfin ses esprits et une banane (Desproges)
Vous pouvez bien sûr proposer les vôtres dans un commentaire.
Zut, la dédicace est à corriger. C’est:
à GASTON GALLIMARD
Je méditerai.
Tu m’éditeras.
Un grand merci, bonjour et un dernier petit mot. Quel bonheur d’être invité à zeugmer le matin de bonne heure. Faire des figures de rhétorique est un jeu aussi amusant qu’en faire des grimaces, accessible à tous, des plus humbles aux plus grands. L’anacoluthe par exemple, Racine en raffolait et en truffait ses tragédies. La poétesse Louise de Vilmorin aimait les mots et la liberté d’en user, sous toutes les formes. Son recueil « L’Alphabet des Aveux », réédité en 2004, livre des exemples savoureux. En voici un ou deux exemples. À commencer par la dédicace: « à Gallimard, Je méditerai. Tu m’éditeras. » Et dans le même genre (mais il y en a d’autres plus sophistiqués, palindromes, etc):
Je t’enlacerai.
Tu t’en lasseras.
– Je l’ai.
– Tue-la.
Un amant cela ment.
Une amante se lamente.
Que la lumière soit,
Et la lumière déçoit.
En lançant cet appel à zeugmer, je n’imaginais pas obtenir tant de réponses, qui, il faut bien le dire, ont un petit air de famille.
Merci à Jim, Paddy, Patsue et Rebecca, et bravo, c’était très drôle.
HaHaHa! HoHoHo! Prévert, Desproges et maintenant Hugo, me voilà donc en bonne compagnie car, plus prosaïquement bien sûr, je suis atteint depuis ce matin d’une zeugmania aiguë, doublée d’une oxymorite grave, sous la surveillance du très Saint Axe qui ne me pardonnerait pas un écart à la droiture de ma forme littéraire. C’est tout dire! J’en appelle aussi au très sage Alexandre III du Pont de la Via Latte, ce noble aristocrate Ô combien vergnat, qui connaît son zeugma depuis la plus haute antiquité et des problèmes de santé qui le rapprochent d’Allah. Alors, tout de même, j’ai composé ce petit poème à chanter sur un air peu connu du regretté Charles Trenet:
« Je zeugme! Soir et matin,
Je zeugme sur mon chemin,
Je zeugme tout au long de ma route
Pour le plaisir et encore j’en rajoute,
J’oxymore! C’est une passion de jeunesse,
J’oxymore, plein d’allégresse,
Les rabat-joies n’en décolèrent pas
Mais j’m’en fous, les autres en réclament ici bas,
Je zeugme et j’oxymore à la fois,
Sans complexe ni peur ma foi,
C’est ça vraiment ma liberté
Et vive ces incongruités! »
Archibald Lebreton sortit de chez lui et de sa poche droite sa blague à tabac. Il avait perdu son bras gauche à la guerre et la confiance de son propriétaire à l’occasion du dernier loyer impayé. Il alluma sa pipe et la jolie fille qui passait par là. Le soir même, à Brest, au son du tonnerre et du biniou, il épousa cette charmante Inconnue et la cause des indépendantistes. Ils louèrent Saint Yves d’avoir permis leur union et une chambre à l’Hotel Bellevue, face à la mer démontée et à leur amour en construction. C’est ainsi que commença leur vie tumultueuse et mon goût pour la musique de chambre que j’écoutais au salon en écrivant cette histoire.
Ce matin, après avoir pris mon petit-déjeuner et une engueulade de ma femme de ménage, j’ai pris mon chapeau et la poudre d’escampette.
Chaque matin je rends grâce à la culture du thé et du JDC.
Vêtue de probité et de lin blanc (Victor Hugo)
C’est une forme littéraire ludique, que j’aime beaucoup, et il est amusant de dénicher les zeugmes dans les écrits des grands auteurs. Lesquels furent sciemment mis, lesquels relèvent simplement (car il y en a, certes) d’une mauvaise construction syntaxique?