Qu’est-ce que t’as fait à la guerre, Papa ? (Chapitre 15- Il pleut sans trêve )

25 juillet, jeudi

Il pleut sans trêve. Dans cette vie enfermée, c’est un mal de plus. Nous ne pouvons même pas aller dans cette grande cour. Elle est transformée en un marécage bourbeux.
Rien d’autre à signaler.

26 juillet, vendredi

Rien de nouveau dans notre misérable vie.
Je tente de faire passer une lettre à ma mère lui demandant d’essayer de me faire libérer. Y parviendra-t-elle ? J’en doute fort, mais nous, nous ferions tout pour sortir d’ici.

27 juillet

Ma mère réussira-t-elle ? La libération semble de plus en plus lointaine et c’est avec une sombre tristesse que nous voyons arriver les semaines à venir…
Je descends de mon grabat le matin. Petit tour en circuit dans la cour et puis re-grabat, et ainsi de suite toute la journée, çà et là coupée par un peu de TSF. La guerre des nerfs continue.
Les cultivateurs partent par petits paquets travailler dans les fermes des environs. Ce n’est pas le signe d’un prompt retour.
Prunet est cafardeux. Partout, les rires se font de plus en plus rares.
Ce soir, tour de chant dans la chambrée. Pas de grands talents !

Dimanche 28 juillet

Le mois de juillet se meurt dans un temps froid et pluvieux. Tout un grand mois de captivité, le plus long mois de ma vie.
Nous tournons en rond dans cette grande cour.
Aucune nouvelle de ma famille !
Rencontré Pharamond dans la cour. Il est tellement maigre qu’ il ne fait même pas d’ombre lorsqu’il y a du soleil. On s’amuse à lui prendre le bras au-dessus du coude, on serre un peu et on ne sent qu’un bras gros comme un crayon entouré d’étoffe. Tout doucement, il devient fou.
Messe dans un mauvais hangar, pour officier, le prêtre nous fait face derrière une table dressée sur des tréteaux. Quelles prières faut-il faire ? J’ai les larmes aux yeux. Faiblesse.
Hier soir grâce à Dominique ( ?) et Bayer nous avons eu une escalope de veau-crème fraiche, du pain civil, de la bière. Mon estomac n’est plus habitué.
Je n’ai plus de bas ! Bientôt plus d’argent. Heureusement, j’ai un banquier : Prunet !
Nous sommes décidés à ne pas moisir ici.
Les heures s’égrènent, longues et tristes.

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